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L'Honneur perdu de Katharina Blum

Publié le 12/04/2013

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En 1972, Heinrich Boil , qui proteste contre la façon dont Ulrike Meinhof et ses compagnons de la « bande à Baader « sont traités par le groupe de presse Springer et, plus particulièrement, par le Bild Zeitung, eut lui-même à subir les foudres de ce type de presse. Heinrich Boil (1917-1985) est né à Cologne. Marqué par le catholicisme, !'écrivain refusa d'adhérer au nazisme, même s'il combattit sous ses drapeaux pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans ses oeuvres, une large place est accordée à la critique de la société allemande de l'après-guerre. Il reçut le prix Nobel en 1972.

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« EXTRAITS ~~~~~~~- « Ils ne trouvèrent que Katharina Blum, ( ..

.

) l'air " parfaitement détendue et presque heureuse " .

» Présence de l'auteur Dans ce réc it il ne sera que fort peu ques­ tion de sang, car seules devront être tenues pour indispensab les les baisses de niveau essentie lles ; aussi préférons-nou s en la matière renvoyer le lecteur aux film s de violence que le cinéma et la télévi­ sion lui prodiguent généreusement.

Si quelque chose doit cou ler ici, que ce soit tout sauf du sang .

Peut-être devrions-nous tout juste évoquer certains contrastes de couleur : la victime, Werner TOtges , portait un costume de ch eikh improvisé, taillé dans un vieux drap de lit.

Or nul n'ignore ce qu'une grande quantité de sang rouge peut provo­ quer sur une large surface blanche : un pistolet se transforme alors quasi obliga­ toirement en pulvérisateur, et puisqu 'il s'ag it justement d'un vêtement de toile , le résultat fait davantage penser à l' œuvre d'un peintre moderne ou à un décor de théâtre qu 'à une opération de drainage ..

Bien .

T els sont donc les faits.

Un exemple de déformation professionnelle - « LE JO U RNAL , toujours soucieux de vous informer aussi complèteme nt que pos­ si ble, a réussi à rassembler de nouv ell es dé­ clarations qui éclairent le carac tè re de la femme Blum et certains aspec ts de son passé douteux .

(.

.

.) Quant à l'ex-mari, Wilhelm Br ettloh, un brave ouvrier du textile dont le divorce d'avec Katharina Blum a été prononcé aux torts de celle-ci pour abandon du domicile co nju gal, il a montré plus d'empressement encore à fournir des renseignements au JOURNAL.

" Je comprends enfin, nous a­ t-il déclaré en refoulant difficilement ses l armes, pourquoi ell e est partie, pourquoi e ll e m'a abandonné .

C 'était donc ça ! Maintenant j'y vois clair.

Notre modeste bonheur ne lui suffisait pas.

Elle avait de grandes ambitions, et comment un simple et honnête ouvrier pourrait -il jamais s'offrir une P orsche ? Peut-être ( ajo uta-t-il sage­ ment) pourriez-vous transmettre mon avis aux lecteurs du JOURNAL : voi là où mè­ nent nécessa irement des idées fausses sur le socialisme.

Je vous demande etje demande à vos lecteurs : comment une domestique pourrait-elle se procurer de telles riches ­ ses ? Elle ne peut les avoir honnêtement ac­ quises.

Je sais à présent pourquoi son ex­ trémisme et son anticléricalisme m 'ont toujours fait peur et je bénis Notre Seigneur de ne pas nous avoir donné d'enfant.

Et quand j'apprends de surcroît qu'elle préfé­ rait à mon affection toute simple les ca­ resses d'un voleur et d'un assassin , a lors sur ce chapitre- là aussi j'y vois clair ".

» Traduit de l'allemand par S.

et G.

De Lal ène, Le Seuil, 1975 « Katharina Blum in sis ta pour [que l'interrogatoire] fût mené avec la plus grande minutie, désir exaucé par les deux procureur s.

» NOTES DE L'ÉDITEUR « Katharina Blum est très éloignée de moi , parce que le récit dont elle est l'héroïne po ssè de naturellement un élément pol émique , fait partie de l'actualit é politique qui, elle, ne correspond nullement à ma propre vie, à mon autobiogr aphie.

En revanche, il est vrai que le thème traité m 'a occupé fort longtemp s : la dénonci ation d 'homme s.

par le truchement de mass medi a.

C'est d'ailleur s un sujet très vieux, m ythique au fond: l'honneur d'un être qui n 'a pas les moy en s de se défe ndr e, attaqué, blessé par des commérages, des calomnies.

» Heinric h Boll , Une Mémoire allemande, entretiens avec René Wintzen, Le Seuil, 1978.

ont besoin de ce genre de pre sse à se nsation , car elle fait l'opinion.

( ...

) « Ceux qui sont les plu s dan gereux sont ce ux qui restent dans l'ombre, que l'on connaît à peine , dont les nom s n'ap­ p araisse nt que rarement , qui fuient la publi cit é.

Un journali ste , un écr ivain , un homm e politiqu e actif doivent toujours se pr ése nter en publi c ; on peut les s urv eiller , co ntrôler leurs paroles et leur s actes.

Les buffle s so nt aill eur s ; vous et moi nous n 'avons sans dout e jamais entendu le ur s nom s.

» Heinri ch Boil , ibid.

«Je ne crois pas que ce journaliste soit un buffl e; il est une victime du mar ch é qu'il sert.

Terrible, sans scrup ules, mais pas puissant.

Bien sûr, il exe rce son pouvoir sur de s individus dont il peut faire la man chette de son journal.

Mais à l'arrière -plan , derrière cet homm e, il y a de grands industriels qui 1 IN-Bild /Sander / Nicolas Bouvier 2, 3, 4 peintur es de Georg Base litz, Éd .

Cerc le d 'Art, Paris, 1 988 BÔLL 02. »

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