Devoir de Philosophie

L'humain peut-il être considéré comme un animal?

Publié le 01/01/2005

Extrait du document

La « conscience « de l'animal se différencie selon des messages corporels (contact, odeur, ouïe, couleur vive,...) ; l'homme, lui, réfléchit sur son propre corps, sa conscience est capable de le mettre à distance, le corps n'est plus simplement le vecteur d'un rapport immédiat au monde, il est symboliquement investi : l'homme est le seul être à se vêtir. Néanmoins l'homme ne vit pas son corps que comme un objet symbolique ou un outil, dans la pulsion, le désir, la douleur, la maladie, l'effort, il est littéralement son corps, son être ne s'en distingue plus.             Ce n'est pas un hasard si l'on parle d'animalité, de bestialité de l'homme lorsque ce dernier en revient à un comportement instinctif dominé par l'impératif du besoin. La bête c'est ce qui est privé d'intelligence, or l'homme contient en lui une dimension proprement instinctive, qui s'exprime à travers la pulsion de conservation ou la libido. Dans la peur ou le désir l'homme peut quasiment être considéré comme un animal parce qu'il se réduit tout entier à une existence corporelle.  

III- L'humain ne peut se réduire à son animalité.              

De même que le singe ne paraît humain que ponctuellement (Merleau-Ponty cite dans La structure du comportement un singe à qui l'on avait appris à se tenir droit et marcher à la façon d'un humain mais qui reprenait une posture et une gestuelle animale dès qu'on lui faisait peur) l'homme ne se résume à son animalité que de façon fragmentaire, par exemple dans une attitude (un cri provoqué par la peur est toujours animal). L'humain ne peut-être considéré comme un animal sauf à renoncer à une réponse philosophique et adopter une vision purement biologique de l'homme qui conduirait à dire que l'homme n'est qu'un animal particulier.             Les leçons de Heidegger ne peuvent être refusées en bloc, l'homme est autre que l'animal parce qu'il ne se contente pas de subsister mais existe, tourné vers le monde et l'avenir. Simplement il faut assumer une part d'animalité en homme qui se manifeste à travers des attitudes instinctives, lesquelles sont toutefois toujours réglées et arrangées selon des normes sociales proprement humaines (car conventionnelles et non naturelles), la sexualité de l'homme a beau être de nature hormonale comme celle de l'animal elle ne se réalise pas de la même façon.

A la fin du XIXe siècle les travaux des évolutionnistes ont conduit à mettre en évidence le fait que l’homme descendait du singe, résultat scandaleux pour l’église anglicane puisque revenant à nier la nature sacrée de l’humanité. La traduction française de l’œuvre de Darwin fut encore plus mal accueillie comme elle était accompagnée d’une introduction aux accents eugénistes, annonçant ce qui allait devenir le darwinisme social (l’idée d’un fonctionnement social aboutissant à une sélection naturelle). On le voit la discussion de l’animalité de l’homme n’intéresse pas seulement la science ni l’éthologie comparée (le fait de comparer les comportements de l’homme et de l’animal, en observant celui-ci dans son milieu naturel).

            Sur un plan strictement philosophique nous verrons que l’humanité diffère radicalement de l’animalité. Toutefois nous serons amenés à nous demander quelle est la part d’animalité en l’homme, cela en évitant le plan métaphorique (du type l’homme est un loup pour l’homme), parce qu’il présuppose un anthropomorphisme latent. Mais découvrir une part d’animalité en l’homme ne signifiera pas nécessairement la réduction de l’homme à n’être qu’une espèce animale parmi d’autres.

Liens utiles