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Humanisme et machinisme ?

Publié le 09/02/2004

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humanisme

.. Être vraiment homme : voilà l'idéal visé par l'humanisme que nous avons à confronter avec le machinisme. L'instruction - de quelque ordre qu'elle soit - ne saurait suffire à le réaliser : former l'homme est avant tout l'oeuvre de l'éducation, familiale d'abord, puis sociale et personnelle. L'humanisme littéraire est bien formateur : il contribue à la connaissance de l'homme, affine l'intelligence et la sensibilité ; favorise les rapports humains... Mais la formation qu'il donne n'est pas complète ; d'une culture exclusivement littéraire peut même résulter un type d'homme dépourvu de certains caractères essentiels de l'idéal humain : la sensibilité se développe au détriment des fonctions rationnelles et du vouloir, le souci de bien dire l'emporte sur la vérité et le sérieux de ce qui est dit... Il y a souvent pas mal d'enfantillage chez l'homme de lettres. De là l'utilité, du point de vue de l'humanisme dont nous parlons, de deux autres moyens de formation : d'une part, les études scientifiques, qui habituent à plus de rigueur ; d'autre part, le travail manuel qui met en contact avec une matière dont le travail exige ingéniosité en même temps qu'effort. C'est précisément pour travailler la matière que fut créée la machine. Nous sommes ainsi amenés à parler du machinisme. II. - LE MACHINISME On entend par là la substitution généralisée de la machine à la main-d'oeuvre humaine.

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« B.

Conséquences sociales. — Par suite, se raréfient les représentants de la classe moyenne qui, en grand nombre, rejoignent la masse des salariés.

Les campagnes se dépeuplent et la concentration urbaine augmented'année en année.Dans l'industrie elle-même, le machinisme, à mesure que la production s'automatise, entraîne une nouvelle répartitiondes effectifs : d'une part, les bureaux d'études exigent un plus grand nombre d'ingénieurs ; mais, d'autre part, auniveau de l'exécution, la machine remplace dans une grande mesure l'ouvrier spécialisé et n'a plus guère besoin quede manoeuvres.Toutes sommaires qu'elles soient, ces remarques nous permettront d'amorcer la réponse à la question posée :machinisme et humanisme sont-ils ou non conciliables ? III.

— ANTAGONISME OU ACCORD Outils et machines sont la création de l'homme.

Il s'est développé en les créant, et grâce à eux il a pu se constituerune existence plus humaine.

Aussi le partisan de l'humanisme ne saurait mettre l'homme de Cro-Magnon au-dessusde celui de notre siècle.

Mais la question est de savoir si le machinisme tel que nous l'avons défini ne va pasentraîner une régression vers l'homme primitif ou du moins une suspension du progrès. A.

Du point de vue des agents de la production. — A s'en tenir à la considération de ceux qui touchent de plus près à la machine, on doit peut-être accorder que le machinisme entraîne une certaine déshumanisation.

En effet,c'est la machine qui produit, et, dans bien des cas, réduit l'homme à des travaux de manoeuvre.Mais cette concession faite, il convient d'observer : d'abord que le travail d'avant le machinisme faisait, lui aussi,appel à des manoeuvres dont, il est permis de le croire, le nombre absolu n'a pas augmenté ; ensuite, quel'invention, la construction et la direction des machines exigent un personnel ayant reçu une formation supérieuredont l'effectif est — relativement à celui des manoeuvres aussi bien qu'absolument — bien plus élevé qu'autrefois.Aussi, même à ne considérer que les agents de la production, on peut croire que le machinisme entraînera le progrèsde l'humain plutôt que sa régression.De plus, on feint trop souvent de l'oublier, le plus modeste de ces agents bénéficie de l'humanisation générale —dont nous allons parler —, laquelle est due principalement à la généralisation du travail mécanique. B.

Du point de vue général. — Le machinisme a décuplé le rendement du travail humain et par là même les ressources à répartir.

Sans lui, il eût été impossible de reconnaître à tous, infirmes, chômeurs ou vieillards, les droitsque stipulent les législations des pays civilisés.

De plus, si la machine entraîne la mise en congé de bien destravailleurs, ce temps de congé est ou peut être employé à des occupations d'un caractère plus proprement humain.Tout d'abord, la période de formation scolaire s'est considérablement allongée, et le nombre des jeunes qui accèdentà l'enseignement supérieur augmente d'année en année.Ensuite, le total annuel des heures de travail se réduit dans une proportion analogue.

Ainsi le travailleur dispose deplus en plus de loisirs qu'il pourra employer à des activités culturelles.Enfin de la multiplication des écoliers et des étudiants, de l'extension des loisirs, de la généralisation de la culturerésultent de nouvelles carrières qui demandent plus que le travail dont s'est chargée la machine, des qualitésproprement humaines : dans ces carrières, nombre de travailleurs, qui autrefois auraient pris la profession manuellede leur père, trouveront un emploi capable de les valoriser. Conclusion. — En définitive, les progrès du machinisme nous paraissent conciliables avec un sage humanisme. Sans doute la machine peut asservir et il est inévitable qu'elle asservisse certains de ceux qui la servent.

Mais n'yavait-il pas d'esclaves avant les machines, et n'est-ce pas la machine qui, au contraire, a grandement contribué àl'abolition de l'esclavage ? N'est-ce pas encore grâce à la machine que ceux qu'elle asservit aux heures de travailpourront jouir d'un temps de liberté de plus en plus long ?L'important n'est pas de réduire l'extension du machinisme, mais de bien se convaincre que la machine doit rester auservice de l'homme, que la société doit s'organiser de sorte que le machinisme soit facteur d'humanisme.. »

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