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Hume: Le beau peut-il être utile ?

Publié le 13/03/2006

Extrait du document

hume
Notre sens de la beauté dépend énormément de ce principe ; quand un objet a une tendance à causer du plaisir à son possesseur, on le regarde toujours comme beau : comme tout objet qui a tendance à produire de la douleur, est désagréable et laid. Ainsi la convenance d'une maison, la fertilité d'un champ, la force d'un cheval, la capacité, la sécurité et la rapidité de navigation d'un vaisseau forment la principale beauté de ces différents objets. Ici l'objet, qu'on appelle beau, plaît seulement par sa tendance à produire un certain effet. Cet effet est le plaisir ou l'avantage d'autrui. Or le plaisir d'un étranger, pour qui nous n'avons aucune amitié, nous plaît seulement par sympathie. C'est donc à ce principe qu'est due la beauté que nous découvrons en toute chose utile. Combien considérable est ce genre particulier de beauté, la réflexion le fera aisément paraître. Tout objet qui tend à causer du plaisir à son possesseur, ou qui, en d'autres termes, est la cause propre du plaisir, plaît sûrement au spectateur par une subtile sympathie avec le possesseur. On estime belles la plupart des oeuvres de l'art en proportion de leur propriété à leur emploi par l'homme ; et même beaucoup des productions de la nature tirent leur beauté de cette source. Plaisant et beau, en la plupart des cas, c'est une qualité, non pas absolue, mais relative et elle ne nous plaît que par sa tendance à produire une fin agréable.

Eléments d’introduction

 

·        Dire d'une personne, d'un objet, ou même d'une idée qu'il est beau c'est lui reconnaître une certaine propriété jugée comme positive : la beauté. Mais celle-ci n'est pas d'ordre scientifique, on ne peut affirmer qu'un objet est beau par les seules lois de la physique ou des mathématiques. Elle n'est pas non plus d'ordre moral : un homme beau n'est pas nécessairement un homme vertueux.

·        Il s’agit alors de s’interroger sur la définition propre de la beauté. Qu’est-ce encore que dire de quelque chose qu’elle est belle ? C’est bien ce que Hume analyse ici dans notre extrait de son Traité de la nature humaine.

 

Objet du texte

 

·        Hume, en effet, s’attache à définir ici ce que c’est, à proprement parler, que le beau. Toute son argumentation est centré sur cette définition qu’il va penser en rapport avec l’utilité.

·        Mais dire que le beau et l’utile sont deux termes équivalents n’est pas sans conséquences. C’est bien ici une théorie du beau, et a fortiori de l’art, qui s’esquisse.

 

hume

« Notre extrait se compose de trois principaux mouvement : 1e mouvement : Le premier mouvement s'étend du début du texte jusqu'à « la principale beauté de ces différents objets ».

Hume commence par exposer le principe, qui illustre aussitôt d'exemple, de ce qui sembleêtre à l'origine de notre jugement de beauté, à savoir l'agréable et le désagréable comme corrélats du beau etdu laid.2e mouvement : Le second mouvement s'étend de « ici, l'objet » jusqu'à « subtile sympathie avec le possesseur ».

Il nomme enfin ce principe de la beauté, celui de l'utilité et montre ainsi que la beauté n'est passituée dans l'objet en lui-même et pour lui-même mais seulement en tant qu'il est source d'une certainecommodité, d'où l'analogie avec le principe de sympathie.3e mouvement : Et enfin, le dernier mouvement s'étend de « on estime belles la plupart des œuvres de l'art » jusqu'à la fin de notre extrait.

Hume tire les conséquences de son équation beauté = utilité en montre qu'aussibien pour les œuvres à proprement appeler artistiques, que pour les œuvres de la nature, le sentiment debeauté naît d'une relation entre l'homme et l'œuvre et non pas de l'œuvre elle-même.

Problématique Comment donc définir la beauté : tout l'enjeu du texte est ici de montrer l'équivalence de l'utilité et de labeauté.

Mais cette équation une fois posée n'est pas sans conséquences : Que découle justement d'une tellethéorie du beau comme bien ? Sur quel principe Hume justifie-t-il son équation ? Et en quel sens cela engage unethéorie de l'art lui-même ? En somme à la question directrice : en quel sens le beau peut-il être utile, il faut encoreajouter : quelles répercussions cela-t-il sur la définition du beau lui-même ? Explication détaillée - PREMIER MOUVEMENT Hume invoque un principe.

Or, qu'est-ce qu'un principe ? C'est précisément cette loi fondamentale sous laquelletel ou tel phénomène est subsumé.

Le beau semble donc appartenir, ou en tout cas saisissable selon unprincipe.

N'oublions pas que Hume est un empiriste : ce principe n'est pas inné, il ne saurait résulter de lanature de l'esprit humain lui-même, dotée de faculté supérieure.

Ce principe, en tant que tel, ne peut découlerque de l'expérience.C'est, d'ailleurs, ce que l'on constate aussitôt puisque notre auteur, pour expliciter et identifier, fait appel ausentiment (a fortiori à l'expérience) de l'agréable et du désagréable.Or, Hume établit d'emblée une corrélation entre d'un côté ce qui est agréable, c'est-à-dire encore ce quiprocure du plaisir, et ce que nous jugeons beau.

A l'inverse, comme son pôle opposé (son expériencecontraire), un objet qui nous procurera de la douleur sera juger désagréable et laid.Il s'agit alors de remarquer dans un premier temps qu'il y a une identification entre le beau et l'agréable.

Lebeau est alors ce qui procure un attrait, et plus généralement du plaisir.

De façon parallèle ce qui procurera dudéplaisir, voire qui repoussera, et de façon extrême qui heurtera, sera alors qualifie de laid.

On comprend alorsen ce sens que Hume semble mesurer le beau à l'aune de la qualité du sentiment que tel ou tel objet produitsur nous.Pour autant, il faut mettre en exergue le terme de « possesseur » : il semble d'emblée que Hume place lerapport de l'homme face à la beauté d'un objet sous le rapport de la possession.

On comprend alors que sonanalyse du beau ne s'attache pas d'abord à l'art en lui-même – puisque sinon l'on parlerait bien plutôt despectateur – mais certainement à des objets dont la finalité n'est pas, à proprement parler, uniquement d'êtrebeau.

Nous pensons ainsi aux objets matériels en général, technique plus particulière.

En tout cas, l'autreplace d'emblée l'analyse sous l'angle de la soumission d'un objet à un sujet.

Il se situe donc, semble-t-il – et cequi se confirmera – dans l'angle privilégié de l'utilité.La preuve en est donnée si l'on regarde la nature des exemples initiaux choisis pour illustrer ceprincipe d'engendrement du beau dans l'agréable et du laid dans le déplaisir : Hume énumère ainsi un certainnombre d'exemples purement matériels, avec lesquels il semble que l'homme entretienne un rapport de pureutilité.Qu'est-ce qui fera donc que l'on considèrera telle maison comme belle : et bien précisément sa« convenance », c'est-à-dire son degré de commodité, ou pour le dire autrement le fait qu'elle réponde auxexigences qu'en attend son propriétaire.

Il en va de même du champ fertile : c'est parce qu'il répondparfaitement aux expectatives du cultivateur qu'il pourra être qualifier de beau.

Et ainsi de suite pour lepropriétaire de chevaux qui les qualifiera de beaux parce que forts, tout comme le capitaine de vaisseauparlera d'un beau bateau pour désigner celui qui le fera rentrer chez lui le plus rapidement.Il est donc clair, à ce niveau de l'analyse que la beauté, ou en tout cas la forme du beau que tel« possesseur » donne à tel objet naît de sa capacité à exercer une certaine fonction déterminée, fonction pourlaquelle l'objet a été crée.

C'est donc bien le principe de l'utilité qui préside au beau.Ainsi, le concept de beauté est compris à partir de la finalité externe de l'objet : ce qui rend un objet agréable,plaisant, c'est la commodité que cet objet à propre à favoriser eu égards à son usage.. »

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