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Hume: Raison et réel

Publié le 11/01/2004

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Supposez qu'un homme, pourtant doué des plus puissantes facultés de réflexion, soit soudain transporté dans ce monde ; il observerait immédiatement, certes, une continuelle succession d'objets, un événement en suivant un autre ; mais il serait incapable de découvrir autre chose. Il serait d'abord incapable, par aucun raisonnement, d'atteindre l'idée de cause et d'effet, car les pouvoirs particuliers qui accomplissent toutes les opérations naturelles n'apparaissent jamais aux sens ; et il n'est pas raisonnable de conclure, uniquement parce qu'un événement en précède un autre dans un seul cas, que l'un est la cause et l'autre l'effet. Leur conjonction peut être arbitraire et accidentelle. Il n'y a pas de raison d'inférer l'existence de l'un de l'apparition de l'autre. En un mot, un tel homme, sans plus d'expérience, ne ferait jamais de conjecture ni de raisonnement sur aucune question de fait ; il ne serait certain de rien d'autre que de ce qui est immédiatement présent à sa mémoire et à ses sens.

Le problème est un problème classique dans la philosophie de la connaissance : la relation de causalité peut-elle être connue par simple observation ? Nos sens peuvent-ils nous faire connaître un fait ?    Quelles sont les limites du pouvoir de la raison, s'agissant de la connaissance des questions de fait ? Peut-on s'en remettre à la raison seule pour connaître ?    De telles questions sont au coeur du débat entre empirisme et rationalisme.  

 La relation de cause à effet par laquelle l'esprit pose l'existence d'une connexion nécessaire entre deux phénomènes et tire du présent des conclusions sur l'avenir, est indémontrable : elle ne peut être fondée ni sur l'observation des faits, qui ne fournit que l'idée de leur conjonction constante, ni sur des raisonnements a priori. D'où vient alors le principe de causalité ? Il résulte de l'habitude : l'association répétée de deux phénomènes dans notre expérience passée nous amène à nous attendre à ce que le premier phénomène s'accompagne toujours du second. La relation de causalité n'est donc qu'une croyance, elle n'existe pas dans les faits mais correspond à une tendance naturelle de notre esprit.

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« Peut-on même parler d'objet concernant une succession d'événements? Au niveau de la pure observation, il n'estmême pas sûr que l'on puisse avoir une représentation stable d'objets. A fortiori, on ne saurait découvrir dans le phénomène de la succession d'événements la relation de causalité qui peutêtre tenue pour sa structure.

Plus généralement, l'observation ne nous fait rien connaître de plus que la successionphénoménale. L'argument de Hume est que nos sens ne nous font pas connaître les pouvoirs ou les forces que régissent lesphénomènes physiques.

L'observation d'un phénomène n'en contient pas la raison. Mais, si nos sens ne nous font pas connaître la raison des faits, le raisonnement seul n'en est pas capable non plus.Hume, dans l'argument exposé, présuppose que le raisonnement ne peut porter que dans les limites de ce que l'onpeut connaître par observation.

Par exemple, jamais la simple raison ne nous permettra de savoir qu'une chose estcause d'une autre au vu d'une simple succession. L'observation est en effet singulière, et la raison d'un fait n'apparaît qu'au terme de sa répétition.

En dehors de larépétition observée d'une succession de phénomènes, rien ne permet d'affirmer que leur succession n'est pasaléatoire, "accidentelle" : il pourrait s'agir d'un simple hasard. Ainsi, aucun raisonnement ne vient suppléer à l'incapacité où est l'observateur d'un phénomène unique d'enconnaître la raison. Hume peut donc conclure : la réflexion et la puissance de raisonner ne sont d'aucun secours lorsqu'il s'agit deconnaître les faits.

Sans la réitération d'une observation ou d'une expérience, la raison ni la réflexion ne trouveraientà s'employer.

Dans les limites d'une expérience singulière, nous ne pouvons être certains que de ce qui estimmédiatement présent à nos sens, ce qui ne fait pas encore une connaissance. Il n'y a de connaissance qu'à partir du moment où notre raison dégage la structure du phénomène, la raison de lamanifestation, et cette opération n'est possible que sur la base d'une expérience ou d'une observation réitérées. On aura reconnu là, à l'occasion d'une réflexion sur la causalité, une idée centrale de l'empirisme.

Ce dernier ne niepas le rôle de la raison dans la connaissance, mais fait apparaître les considérations de son emploi légitime.

Laconnaissance physique n'est le fait ni de l'observation immédiatement, ni de la raison immédiatement. On pouvait ici faire apparaître la nature conflictuelle de la thèse, le rationalisme, qu'il soit cartésien ou kantien,affirmant au contraire que la raison possède un pouvoir de connaître immédiatement à partir d'elle même, y comprisles phénomènes naturels. Par exemple, Kant, sans nier le rôle de l'expérience, considérait que la relation de causalité pouvait être connue parla simple raison, la répétition de l'observation ou de l'expérience n'étant pas requise. V - QUELQUES REFERENCES POSSIBLES ARISTOTE, Métaphysique alpha. HUME, Traité de la nature humaine pour le traitement des grands principes de l'empirisme. KANT, Critique de la raison pure, analytique transcendantale : pour la définition d'un rationalisme critique. VI - LES FAUSSES PISTES Croire, au nom d'une idée approximative de l'empirisme, que nos sens nous font connaître la raison des choses.

Toutce texte montre au contraire la limite des sens comme de la raison seule dans la connaissance. L'empirisme de HUME consiste à établir les conditions de la connaissance de la nature, et ces conditions résidentnon dans nos facultés, qu'elles soient sensibles ou rationnelles, mais dans la régularité avec laquelle se produisentles phénomènes naturels. VII - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR Sujet classique de philosophie des sciences, qui doit valoriser le travail du candidat qui s'est approprié unereprésentation claire des débats et des discussions relatifs au rôle de la raison et des sens dans la connaissance. Ce sujet était en prise directe avec les rubriques du programme intitulées "théorie et expérience", et "perception".. »

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