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Husserl: sciences de la nature et sciences géométriques

Publié le 28/03/2005

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husserl
Le géomètre, lorsqu'il trace au tableau ses figures, forme des traits qui existent en fait sur le tableau qui lui-même existe en fait. Mais, pas plus que le geste physique de dessiner, l'expérience de la figure dessinée, en tant qu'expérience, ne fonde aucunement l'intuition et la pensée qui portent sur l'essence géométrique. C'est pourquoi il importe peu qu'en traçant ces figures il soit ou non halluciné et qu'au lieu de dessiner réellement il projette ses lignes et ses constructions dans un monde imaginaire. Il en est autrement du savant dans les sciences de la nature. Il observe et expérimente ; autrement dit, il constate par expérience une existence ; pour lui l'expérience est l'acte sur lequel tout le reste se fonde et que la simple fiction ne peut jamais remplacer. C'est précisément pourquoi sciences du fait et sciences de l'expérience sont des concepts équivalents. Mais pour le géomètre qui explore non des réalités mais des « possibilités idéales », non des états de choses propres à la réalité mais des états de choses propres aux essences, l'intuition des essences est, à la place de l'expérience, l'acte qui fournit les ultimes fondements. Husserl

Un beau texte de Husserl, clair et structuré, qui dégage le clivage existant entre les sciences et de l'expérience et les mathématiques. Husserl étudia, d'ailleurs les mathématiques avant de suivre l'enseignement de Franz Brentano. Ses premières oeuvres sont consacrées à la philosophie des mathématiques. Signalons Sur le concept de nombre (1887) et la Philosophie de l'arithmétique (1891). Husserl, mathématicien de formation, décrit ici avec rigueur l'activité du géomètre, si profondément distincte de celle du physicien, par exemple. Comment déchiffrer ce texte à la fois clair et savant, net et érudit

husserl

« des sciences de la nature, ces sciences du fait.

Dans la troisième, il rattache la géométrie à la saisie « eidétique »(celle qui porte sur des essences).

Aux sciences d'essences s'opposent donc les sciences de fait. • Quel est le problème essentiel que soulèvent les lignes de Husserl ici proposées à votre réflexion ?Les mathématiques possèdent-elles une base essentiellement sensible ou bien l'expérience n'y joue-t-elle qu'un rôlesecondaire ? Intuition concrète ou saisie de pures essences idéales, quel est le principe réel permettant decomprendre les êtres mathématiques ? Si Husserl, dans le texte proposé, traite ici de la géométrie, en fait, leproblème fondamental concerne toute la mathématique, toute l'étendue de son champ. • L'idée directrice du texte est la suivante : il faut distinguer les sciences du fait (celles de la nature) et lessciences de l'essence (les sciences éidétiques, telle la géométrie).

Ce qui ne signifie nullement que les sciencesportant sur les faits, les sciences empiriques, ne puissent trouver dans les essences leurs fondements théoriquesessentiels.

Bien au contraire, toute la théorie de Husserl se comprend comme philosophie des essences et, parconséquent, même les sciences du fait se rattachent aux idées ou Essences.

L'expérience n'est jamais fondatricepuisqu'elle ne fournit jamais que du contingent ou du singulier.

Donc, les vraies bases sont toujours les essences,qui possèdent un caractère non contingent. • Quel est l'intérêt philosophique du texte ? Il fournit une analyse éclairante du raisonnement géométrique etmathématique (guidé d'abord par les essences). • On saisit, dès lors, la conclusion.

Le principe (réel) de tout être, mathématique ou autre -sa base- est constituépar une essence, réalité qui le fonde. HUSSERL (Edmond).

Né à Prossnitz (Moravie) en 1859, mort à Fribourg-en-Brisgau en 1938. Il fit des études de mathématiques, fut le disciple de Franz Brentano et fut professeur à Halle en 1887, à G6ttingen,de 1906 à 1916, et à Fribourg-en-Brisgau de 1916 à 1933, date à laquelle il fut chassé de l'Université, en tantqu'israélite.

Il fit, en 1929, une série de conférences à la Sorbonne.

— Husserl combattit le psychologisme.

Leproblème de la connaissance n'est plus primordial ; dans l'ordre cognitif, c'est la perception qui domine, de mêmeque, dans l'ordre objectif, c'est le perçu.

Pour Husserl, « la philosophie est une science » ; elle doit être descriptive.Son but est une description exhaustive de l'existence.

— Le critère décisif de l'existence, c'est la présence d'unesignification à la conscience qui la vise.

La conscience est contemplation, intentionnalité et ouverture.

Elle existe«selon un mode d'être qui l'épuise dans la visée de l'autre qu'elle- même».

— La phénoménologie est une méthode :«Elle est un effort pour appréhender, à travers des événements et des s empiriques, des « essences », c'est-à-diredes significations idéales.

Celles-ci sont saisies directement par intuition à l'occasion d'exemples singuliers, étudiésen détail et d'une manière très concrète.

» (Lalande.) Cette méthode comporte deux caractéristiques : l'époché,c'est-à-dire la suspension du jugement, la mise entre parenthèses du problème de l'existence ou de l'inexistence deschoses, de l'existence substantielle du monde extérieur.

« Quand il neutralise le monde, le phénoménologues'aperçoit qu'il n'est pas placé « devant un pur néant ».

Son opération dégage une sphère nouvelle d'existence quepeut atteindre une expérience nouvelle, l'expérience transcendantale.

» (Husserl.) L'autre caractéristique est laréduction éïdétique, c'est-à-dire l'élimination des éléments empiriques du donné pour ramener à leurs pures essencesobjectives les phénomènes donnés à la conscience.

La réduction éïdétique est la substitution de la considérationdes essences à celle de l'expérience au sens usuel.

— La phénoménologie est aussi un système, et on la désigne dunom de phénoménologie transcendantale.« Elle cherche alors à mettre en lumière le principe ultime de toute réalité.Comme elle se place au point de vue de la signification, ce principe sera celui par lequel tout prend un sens, l'« egotranscendantal», extérieur au monde, mais tourné vers lui.

Ce sujet pur n'est d'ailleurs pas unique, car il appartient àla signification du monde de s'offrir à une pluralité de sujets.

L'objectivité du monde apparaît ainsi comme une «intersubjectivité transcendantale ».

La reconnaissance du domaine transcendantal et sa description demandentqu'onadopte une attitude difficile à prendre et très différente de l'attitude naturelle : le moment essentiel en est ce queHusserl désigne du nom de « réduction phénoménologique transcendantale ».

(G.

Berger.) — Dans la terminologiehusserlienne, le noème est l'objet visé par l'intention connaissante ; c'est le sens qui habite la réalité psychique ; lanoèse est l'acte de la conscience tourné vers l'objet ; c'est la réalité psychique concrète.

— Husserl, qui n'eutguère le temps d'achever l'élaboration complète de son système philosophique a eu une influence considérable surtoute la philosophie moderne.. »

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