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L'idée de cause ?

Publié le 24/03/2004

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246). Kant va à son tour réagir face à la critique que fait Hume de l'idée de cause. Tout en rendant hommage à cette critique qui a pour ainsi dire ébranlé la métaphysique, Kant dénonce les conclusions auxquelles elle aboutit. Le caractère foncièrement empirique de celles-ci mènent en effet tout droit au scepticisme. Dans le combat contre le scepticisme, l'idée de cause se trouve en première ligne. C'est à juste titre, que Hume déclare que la raison ne peut mettre clairement au jour le fondement même de la causalité, c'est-à-dire le « rapport de l'existence d'un objet à l'existence de quelque autre objet, posée nécessairement par le premier » (Prolégomènes, p. 82). Il en va d'ailleurs de même, ajoute Kant, pour le concept de subsistance. Toutefois, il ne faut pas conclure que la nécessité que nous présente le concept de cause par exemple n'est que purement subjective et qu'elle ne relève en fait que de l'habitude. Car en vérité loin de dériver de l'expérience, ce concept prend sa source dans l'entendement pur.

« principe.

à priori et relève uniquement de l'expérience et en montrant qu'il s'agissait là, comme l'indiquera Kant dansle bref résumé de cette analyse au début des Prolégomènes, d'une « nécessité subjective » s'enracinant dansl'habitude et non d'une « nécessité objective », Hume pousse jusqu'à son point le plus radical certains éléments del'étude de Malebranche et surtout provoque la réponse de Kant.Notre propos n'est pas ici de reprendre ce que Malebranche d'une part et Kant de l'autre disent de l'idée de cause.Cela nous conduirait assurément trop loin.

Il s'agit de parvenir à mieux situer cette idée à l'aide de quelquesindications.

En ce qui concerne tout d'abord Malebranche, il convient de souligner qu'il insiste sur le phénomène deliaison nécessaire pour caractériser une cause véritable.

Mais, que faut-il entendre ici par l'expression « causevéritable » ? Écoutons la réponse qu'il donne : « cause véritable est une cause entre laquelle et son effet, l'espritaperçoit une liaison nécessaire ; c'est ainsi que je l'entends.

Or il n'y a que l'être infiniment parfait entre la volontéduquel et les effets l'esprit aperçoive une liaison nécessaire.

Il n'y a donc que Dieu qui soit véritable cause et qui aitvéritablement la puissance de mouvoir les corps » (De la recherche de la vérité, livre VI, 2e partie, chap.

Ill).

End'autres termes, la seule vraie cause, c'est Dieu et ce que l'on appelle les causes naturelles ne sont en vérité quedes causes occasionnelles.

Lorsque l'on dit qu'un corps agit sur un autre corps, il faut bien comprendre qu'en réalitéc'est Dieu qui agit à l'occasion du contact des deux corps.

Ainsi il apparaît que l'impénétrabilité des corps « n'a pointd'efficace propre, et qu'elle ne fait que donner à Dieu, qui traite les choses selon leur nature, une occasion dediversifier son action, sans rien changer dans sa conduite » (Entretiens sur la Métaphysique, VII).

Nous devonsaussi remarquer que Dieu n'agit point par caprice, mais en suivant, dans sa suprême sagesse, des lois générales.

DeMalebranche à Hume il y a certes des différences fondamentales, mais aussi, il faut bien le reconnaître, desressemblances nettes.

Alors que le premier va chercher à expliquer rationnellement les lois du mouvement parexemple, le second, nous l'avons vu, ne fait intervenir dans l'idée de cause aucune liaison rationnelle.

Mais il n'enreste pas moins qu'ils ont tous deux « substitué l'idée de la cause-relation à l'idée de la cause puissance efficace.Ils ont donc ramené la causalité à un simple rapport » (Victor Delbos, Etude de la philosophie de Malebranche, Bloudet Gay, p.

246).

Kant va à son tour réagir face à la critique que fait Hume de l'idée de cause.

Tout en rendanthommage à cette critique qui a pour ainsi dire ébranlé la métaphysique, Kant dénonce les conclusions auxquelles elleaboutit.

Le caractère foncièrement empirique de celles-ci mènent en effet tout droit au scepticisme.

Dans le combatcontre le scepticisme, l'idée de cause se trouve en première ligne.

C'est à juste titre, que Hume déclare que laraison ne peut mettre clairement au jour le fondement même de la causalité, c'est-à-dire le « rapport de l'existenced'un objet à l'existence de quelque autre objet, posée nécessairement par le premier » (Prolégomènes, p.

82).

Il enva d'ailleurs de même, ajoute Kant, pour le concept de subsistance.

Toutefois, il ne faut pas conclure que lanécessité que nous présente le concept de cause par exemple n'est que purement subjective et qu'elle ne relève enfait que de l'habitude.

Car en vérité loin de dériver de l'expérience, ce concept prend sa source dans l'entendementpur.

« Quand je dis que l'expérience m'enseigne quelque chose, je n'ai jamais en vue que la perception qu'ellecontient ; par exemple que la chaleur suit toujours le rayonnement du soleil sur la pierre, ainsi la propositiond'expérience est en cette mesure, toujours contingente.

Que cet échauffement résulte nécessairement de ce que lapierre est éclairée par le soleil, voilà qui est assurément contenu dans le jugement d'expérience (grâce au conceptde cause), mais cela l'expérience ne me l'enseigne pas, au contraire, l'expérience est produite par cette adjonctiondu concept d'entendement (concept de cause) à la perception » (ibid., p.

76, note 1 du § 22).

Ainsi le concept decause, contrairement à ce que pensait Hume, est à priori.

C'est « un concept pur de l'entendement » (ibid., p.

70)et sa nécessité est bel et bien objective, c'est-à-dire universelle.

Remarquons au passage que l'idée de cause va seretrouver au centre de ce que l'on appelle le déterminisme des phénomènes naturels.

Nous disons bien au centre,car c'est au fond aux trois analogies de l'expérience énoncées par Kant dans la Critique de la raison pure que serapporte le déterminisme.L'idée de cause ne présente-t-elle pas plusieurs visages ? Et n'est-ce pas dans le jeu ou plutôt dans l'interprétationde ces divers visages que réside aujourd'hui ce qui sépare l'oeuvre du produit ? Telles sont les questions que nousallons nous poser pour conduire cet examen de l'idée de cause.

A première vue, il n'est guère difficile d'indiquerquelles sont les différentes sortes de causes.

On sait en effet depuis Aristote que pour faire par exemple unestatue, il faut d'abord disposer d'une matière à laquelle on donnera une certaine forme, puis il faut aussi l'effet quijustement produira la statue et il faut enfin le but pour lequel est sculptée la statue, ou si l'on préfère la fin àlaquelle elle correspond.

Il y a ainsi quatre causes : la cause matérielle, la cause formelle, la cause efficiente et lacause finale.

Mais si nous y regardons de plus près, si en particulier nous nous interrogeons sur ce savoir que nousévoquions quelques lignes plus haut et pour lequel la cause, si nous pouvons dire, est entendue depuis Aristote,nous découvrons que les choses sont moins claires.

Cette façon de parler qui nous semble aujourd'hui évidente etqui paraissait déjà naturelle à Bossuet lorsqu'il écrivait son Traité des causes ne remonte pas tant à Aristote qu'àsaint Thomas d'Aquin.

Quelle importance, nous dira-t-on ! Mais il ne s'agit pas d'établir un point d'histoire, il s'agit decomprendre, en nous situant dans une histoire tout à la fois plus secrète et plus fondamentale, qu'entre les parolesd'Aristote et celles de saint Thomas, il y a tout un monde.

Ou plus précisément il y a non seulement lachristianisation du monde romain, mais aussi avant elle la romanisation du monde grec.

Il faut toujours avoir présentà l'esprit ce double mouvement lorsque l'on aborde l'interprétation que propose saint Thomas des textes d'Aristote.

Ilfaut même tenir compte d'un autre facteur, encore trop négligé dans la réalité de l'enseignement de la philosophie etlaissé, semble-t-il, en pâture aux chercheurs patentés : la méditation des oeuvres d'Aristote à laquelle se livrent lesArabes et en particulier Avicenne (9801037).

N'oublions pas enfin que le culte de l'efficacité qui règne aujourd'huisur le monde correspond au triomphe technique de la cause efficiente.

Sous son aspect le plus moderne, la causalitéprésente une véritable hypertrophie de l'efficience qui n'existait pas chez saint Thomas.

Celui-ci en effet, dans sadistinction des quatre causes (materialis, formalis, efficiens, finalis) précisait bien que « finis est causa causarum,quia est causa causalitatis in omnibus causis » {la fin est la cause des causes, parce qu'eue est la cause de lacausalité dans toutes les causes] (Les Principes de la réalité naturelle, p.

74 et p.

77).. »

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