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L'idée d'objet ?

Publié le 10/02/2004

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Les anciens physiologues, en disputant sur les quatre éléments, faisant valoir lequel pourrait être, si l'on peut ainsi s'exprimer, plus fondamental que les autres, représentent assez bien à la fois la naissance de la physique et de la métaphysique, c'est-à-dire de ces recherches relatives à l'être connaissable du monde. Or ces recherches conduiront, d'une part à substituer le phénomène à l'objet, et, d'autre part, à découvrir ailleurs les éléments : sous la forme, par exemple, d'un pur mécanisme d'extériorité avec Descartes, ou d'un système d'atomes, imaginé par Démocrite, Épicure, Lucrèce, - et découvert sous la forme d'une activité radiante de la matière par Becquerel, objet encore d'analyse pour nos savants. Mais faire appel au phénomène, c'est-à-dire à l'objet « tel qu'il nous apparaît et tel que nous pouvons le connaître » (dit Kant), c'est finalement le faire disparaître dans les conditions mêmes de son apparition, dans l'énumération des constantes où nous pouvons légitimement l'attendre. De même, invoquer les atomes, c'est aussi perdre l'objet de la perception. La Science, on le voit, selon le mot de Bachelard, tend toujours à « déréaliser » la matière pour représenter, au bout du compte, l'univers comme un seul et même objet : celui de nos calculs.B) Toute autre est l'orientation de la recherche si l'on revient à cet objet, présent devant moi, et si l'on se demande comment j'en prends conscience, comment à la fois il me résiste et se trouve par moi jugé, distinct de moi, identifié en lui-même; car il est remarquable que percevoir, c'est toujours percevoir par objets. Là s'installe l'étude psychologique, et les philosophes (comme psychologues) s'efforceront de donner une interprétation convenable de l'opération par laquelle nous prononçons des jugements de réalité, en situant, hors de nous, des objets. Et d'abord n'avons-nous pas des organes, des sens par lesquels nous sommes constamment en rapport avec le monde extérieur ? La perception serait avant tout la connaissance sensible, c'est-à-dire, en somme le produit du bon fonctionnement de notre système sensoriel. Mais, là encore, il faut analyser, car les deux mots sensation et perception nous avertissent de ce que les chercheurs ont résisté à une assimilation hâtive des opérations de la perception au simple fait de recevoir des impressions sensibles.

« quelque sorte corporelle), grâce auxquels nous faisons façon de ces choses qui nous retiennent au monde.

Mais, cefaisant, l'esprit met de l'ordre, ou, tout au moins, s'y efforce.

Et la manière dont il s'y prend, c'est l'unification, lasimplification : il pense l'un dans le multiple, et c'est pourquoi il suppose un fond commun, une base qu'il situe dansl'objet.

Il cherche, pour ainsi dire, en quoi les objets sont-ils faits pour être des objets; et pour pouvoir trouver ce «simple » il va admettre la complexité sous l'apparence, mais aussi l'unité sous la variété des formes et même desstructures.

Il donne les objets pour composer et cherche les éléments ou,mieux, l'élément de ces compositions.

Et voilà qui donne un sens au mot objet (au singulier), dont tous les objets neseront que des multiplications ou des variantes.Les anciens physiologues, en disputant sur les quatre éléments, faisant valoir lequel pourrait être, si l'on peut ainsis'exprimer, plus fondamental que les autres, représentent assez bien à la fois la naissance de la physique et de lamétaphysique, c'est-à-dire de ces recherches relatives à l'être connaissable du monde.

Or ces recherchesconduiront, d'une part à substituer le phénomène à l'objet, et, d'autre part, à découvrir ailleurs les éléments : sousla forme, par exemple, d'un pur mécanisme d'extériorité avec Descartes, ou d'un système d'atomes, imaginé parDémocrite, Épicure, Lucrèce, — et découvert sous la forme d'une activité radiante de la matière par Becquerel,objet encore d'analyse pour nos savants.

Mais faire appel au phénomène, c'est-à-dire à l'objet « tel qu'il nousapparaît et tel que nous pouvons le connaître » (dit Kant), c'est finalement le faire disparaître dans les conditionsmêmes de son apparition, dans l'énumération des constantes où nous pouvons légitimement l'attendre.

De même,invoquer les atomes, c'est aussi perdre l'objet de la perception.

La Science, on le voit, selon le mot de Bachelard,tend toujours à « déréaliser » la matière pour représenter, au bout du compte, l'univers comme un seul et mêmeobjet : celui de nos calculs. B) Toute autre est l'orientation de la recherche si l'on revient à cet objet, présent devant moi, et si l'on se demandecomment j'en prends conscience, comment à la fois il me résiste et se trouve par moi jugé, distinct de moi, identifiéen lui-même; car il est remarquable que percevoir, c'est toujours percevoir par objets.

Là s'installe l'étudepsychologique, et les philosophes (comme psychologues) s'efforceront de donner une interprétation convenable del'opération par laquelle nous prononçons des jugements de réalité, en situant, hors de nous, des objets.

Et d'abordn'avons-nous pas des organes, des sens par lesquels nous sommes constamment en rapport avec le mondeextérieur ? La perception serait avant tout la connaissance sensible, c'est-à-dire, en somme le produit du bonfonctionnement de notre système sensoriel.

Mais, là encore, il faut analyser, car les deux mots sensation etperception nous avertissent de ce que les chercheurs ont résisté à une assimilation hâtive des opérations de laperception au simple fait de recevoir des impressions sensibles.

Cependant, suivant qu'ils ont attribué plus ou moinsd'importance à cette fonction de relation représentée par le système nerveux (capable d'être excitépériphériquement et de transmettre aux centres cérébraux de quoi prendre conscience de cette excitation) ils ontinsisté sur le rôle de la sensation ou sur celui du jugement dans la perception.De toute façon l'objet c'est l'excitant dépassé et identifié comme réalité, comme existence extérieure.

Cela supposela collaboration de toutes sortes de fonctions mentales; et l'on ne manque pas de faire remarquer que lesassociations, la mémoire, le langage viennent soutenir une activité actuelle de l'entendement comme effortd'adaptation.

Finalement, il s'agit d'un comportement intellectuel correct qui, si l'on veut, utilise les donnéessensorielles pour aller au-delà : la sensation, disait déjà Aristote, est ce qui nous permet de sortir de la sensation.Dès lors, comment ne pas signaler qu'un objet est perçu dans un contexte réel et mental, qu'il est relatif à unsystème de représentations, qu'il est selon le mot de Kant « subsumé sous le concept » ; et, en particulier, rapportéà un ensemble d'habitudes mentales, de connaissances, d'expériences collectives ? Aussi peut-il être indûmentperçu ou nommé par quelque défaillance du savoir, quelque excès de l'imagination, dont nous serons corrigés parautrui, les circonstances, la nécessité de donner suite à nos attitudes, enfin par tout ce qu'on peut nommer le sensdu réel.— C'est ce caractère global de la perception (mais plutôt par rapport au monde qu'à autrui), c'est en insistant surl'objet comme réalité constituante, plus que sur la perception comme mécanisme constitué que les psychologues dela Gestalttheorie ont insisté dans leur étude de la perception ou psychologie de la forme :Nos perceptions, disent-ils, sont quasi instantanées.

Nous n'avons pas, en percevant, l'impression de nous livrer àtoute cette activité constructrice, à cette synthèse progressive que semblent désigner les théories classiques.L'objet nous apparaît spontanément comme tel, comme une bonne forme, c'est-à-dire quelque chose qui se séparedes autres choses, qui se détache sur un fond.

Percevoir n'est rien d'autre qu'affirmer cette ségrégation, mais aussisaisir un ensemble que l'on pourrait dire naturellement divisé en objets, qui sont les parties d'un tout plus vastedéfinissant des relations dans le cadre du champ perceptif.

A la notion d'objet s'attacherait donc celle de bonneforme, c'est-à-dire de la forme une par sa cohérence : l'idée même d'objet se confirmerait à partir de là, par l'usageaussi bien que par l'effort d'entendement, mais en donnant certes à l'activité proprement intellectuelle, au passécollectif et individuel beaucoup moins d'importance qu'on avait fait tout d'abord. C) Ce sont pourtant des remarques de ce genre, toutes descriptives qu'elles paraissent, qui nous conduisent ànouveau aux questions métaphysiques relatives à l'objet; car il faut bien admettre à la fois une structure physique,une structure physiologique et une structure mentale qui se correspondent, pour que l'objet soit ainsi affirmé et, enquelque sorte, passe d'un plan à l'autre, sans cesser d'être objet par sa forme, par une donnée formelle qui semaintient et porte une réalité déterminée.

Le problème dominant, en effet, est ici encore celui de la représentationet de son support extérieur des objets comme étant, comparés à l'idée que nous nous en faisons :- On peut penser, en la matière, d'abord que l'univers est; il ne s'agit que d'en prendre une vue exacte; il faut doncégaler le connaître à un certain état de l'être.— A l'inverse, on peut supposer que l'extérieur n'est qu'un chaos d'apparences, de sensations possibles etéprouvées sans retour jusqu'au moment où l'esprit survient qui met tout en ordre.

On se demandera alors commentapparaissent les principes et les modes de la représentation, si ce n'est pas, par exemple, l'idée qui est réelle et qui,. »

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