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L'idée de souverain bien

Publié le 17/01/2004

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Pour un stoïcien comme Epictète, se conformer à l'ordre parfait du monde en ne voulant que ce qui dépend de moi, c'est être heureux. L'homme malheureux est celui qui ne proportionne pas son vouloir à son pouvoir.   Or, c'est une erreur de considérer l'unité du concept de Souverain Bien comme analytique. L'erreur conjointe des stoïciens et des épicuriens était de considérer comme identiques deux éléments hétérogènes. Les maximes [Une maxime désignant le principe subjectif de l'action que le sujet se donne à lui-même comme règle] de la vertu et les maximes du bonheur relèvent de principes totalement différents.   Contre les épicuriens, il suffit donc de dire : la vertu, cela consiste à employer les moyens nécessaires à être heureux pour que sa conscience se révolte.

LE BONHEUR NE FAIT PAS LA VERTU.

En effet, l'expérience la plus commune ne montre-t-elle pas que la recherche du bonheur va souvent à l'encontre de la vertu et de la morale. Par exemple, respecter le bien d'autrui, c'est s'interdire de pouvoir en jouir à sa guise.

Platon est le penseur de l'Idée du Bien, principe radical de toutes les Idées et dont la lumière est, pour l'homme, possibilité d'accès à la connaissance. Aux dernières limites du monde intelligible, cette Idée de Bien est cause universelle de tout ce qu'il y a de Bien et de Beau en notre monde.

« Ou bien : la liaison entre bonheur et vertu est synthétique, cad que l'une doit engendrer l'autre selon un principe de causalité (de cause à effet).

Dès lors, de deux choses l'une : Soit : le bonheur est la cause dont la vertu est l'effet (1) - La première fait dériver la vertu de la recherche dubonheur. Soit : la vertu est la cause dont le bonheur est l'effet (2) - La seconde fait dériver le bonheur de la vertu Kant, dans la « Critique de la Raison pratique », dira : « Il faut donc ou que le désir du bonheur soit la cause motricepoussant à des maximes de la vertu (1) ou que la maxime de la vertu soit la cause efficiente du bonheur.

(2) » (Une maxime désignant le principe subjectif de l'action que le sujet se donne à lui-même comme règle.) Voyons chacune de ces alternatives : (1) Cette solution est fausse : car aucun mobile sensible (désir du bonheur) ne peut/doit déterminer uneaction morale (vertu). En effet, si nous désignons le bonheur comme le souverain bien, comme le suprêmement désirable, n'est-ce pasplacer notre existence sous le sceau de l'égoïsme ? Imaginez un monde où tous les hommes rechercheraient comme fin ultime leur bonheur personnel ? Si la maxime(« Fais passer ton propre bonheur avant toutes choses ») devenait une loi universelle, le monde serait invivable etune telle maxime contradictoire.

Et je ne peux vouloir un tel monde qu'une telle maxime devienne universelle.

Lebonheur des uns ne fait-il pas en effet le malheur des autres et le plaisir des autres, le déplaisir des uns ? De même, au niveau politique, tous les totalitarismes du siècle passé ne mettaient-ils pas le bonheur (de l'humanité)au-dessus de tout ? Et pour réaliser cette fin, tous les moyens étaient bons.

En Russie, l'assassinat des Romanoff(femmes, enfants, etc.), extermination dans les Goulags, etc... Bref, faire passer le bonheur avant la vertu est le critère même de l'immoralité et la racine même du mal. Cette première solution [le bonheur est la cause dont la vertu est effet] n'exprime d'un impératif hypothétique (« Situ veux être vertueux, alors tu dois être heureux »). L'impératif hypothétique exprime la nécessité pratique ou de prudence d'une action comme moyen d'arriver àquelque chose (ou fin).

Il est conditionnel et n'exprime seulement que l'action est bonne pour accomplir telle ou tellefin.

Il s'exprime sous la forme : « Si tu veux faire ceci, alors tu dois faire cela.

» Il n'a rien à voir avec la morale car ilest toujours intéressé ou égoïste.

Autre exemple : « Si tu veux aller au paradis, alors tu dois faire le bien.

» (2) La seconde alternative [la vertu est la cause dont le bonheur est l'effet] est, elle aussi, problématiqueparce que la vertu dépend de la loi morale (ou impératif catégorique), tandis que le bonheur dépend de loisnaturelles et qu'on voit mal dans ces conditions comment l'une peut produire l'autre.

Le bonheur relève del'empirique et du particulier alors que la morale, elle, est de l'ordre du rationnel et de l'universel. L'impératif catégorique exprime qu'une action est nécessaire pour elle-même, objectivement, sans autre but.

Iln'est soumis à aucune condition et est donc toujours valable.

Seul l'impératif catégorique est moral.

Il s'exprimesous la forme d'un « Tu dois ». L'impératif catégorique se formule de la manière suivante : « Agis toujours de telle sorte que tu puisses aussivouloir que la maxime de ton action devienne une loi universelle ».

Il s'agit de se demander à chaque fois que l'onagit si l'on peut vouloir raisonnablement et sans se contredire que tout le monde agisse de la même façon. Avant d'agir nous sommes tenus de nous demander : «Et si tout le monde en faisait autant ?» afin d'examiner sila maxime de notre action ne se détruit pas elle-même du fait d'une contradiction interne.

Ainsi je ne puis me proposer pour maxime de ne pas restituer le dépôt qu'on m'a confié, ou de voler, ou de mentir.

Car de tels préceptes ne sauraient être universalisés sans contradiction. Comment sortir de cette antinomie ? La thèse selon laquelle le désir du bonheur serait la cause motrice des maximes de la vertu est absolumentfausse. Mais la thèse qui voit dans la maxime de la vertu la cause efficiente du bonheur n'est fausse queconditionnellement.

Dire que la vertu engendre le bonheur n'est faux que si nous considérons l'existence dans lemonde sensible, dans l'ici-bas comme le seul possible.

Il faut donc penser l'existence d'un monde nouménal ouintelligible où vertu et bonheur seraient liés.

En d'autres termes, il faut espérer et croire à l'existence d'un Dieuqui dans l'au-delà permettrait la réconciliation entre le bonheur et la vertu ou encore qui proportionneraitbonheur et vertu.. »

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