Devoir de Philosophie

Est ce l'ignorance de ce que nous sommes qui fait la force de nos passions ?

Publié le 01/09/2005

Extrait du document

2 . Les désirs sont en nous, dans notre rationalité même la preuve de notre réalité concrète, de notre existence réelle et de l'existence en dehors de nous d'un monde dans lequel nous sommes engagés. a) L'homme est u être rationnel, dont le « je », parce qu'il pense, est vraie chaque fois qu'il pense et se conçoit comme un « je » qui pense. Mais cette intériorité de la pensée et de la raison semble avoir du mal à ne pas douter de l'existence de son extériorité de son corps, du monde des gens qui passe dans la rue. b) Les désirs en tant qu'ils forcent le « je » de la raison à poursuivre des objets qui lui sont extérieurs en tant qu'ils s'imposent à lui malgré lui, signale dans la conscience l'engagement du corps dans le monde et donne donc une valeur à la liberté de l'intériorité rationnelle : la responsabilité, c'est-à-dire la liberté en tant qu'elle est source d'actions, et pas seulement de pensée, actions qui contrairement aux simples pensées ont des conséquences concrètes et réelles. Problème : Sans nos désirs donc nous ne sommes au mieux plus qu'un sujet de grammaire, au pire un néant qui se fantasme une existence, un ange, un dieu : un être pour qui tout est contemplation. La raison ne peut donc nous prescrire de combattre les désirs, de les éradiquer dans une ascèse intellectuelle improbable, que nul homme n'a put, ne peut, et ne pourra jamais expérimenter sans mourir, ou au mieux, mourir en tant qu'homme en devenant un dieu. Transition : Mais alors comment comprendre la relation qui lie connaissance et désirs ? 3 . Nous pouvons nous connaître et l'on ne se connaîtra jamais mieux que lorsqu'on aura pris acte de sa propre nature désirante et de l'élan qu'elle constitue en chacun de nous.

Analyse du sujet :

Ignorance : L'ignorance est l'état de celui qui ignore une chose, qui ne la connaît pas, qui est donc en défaut de savoir. L'ignorance peut être la cause de l'erreur, combler l'ignorance c'est donc connaître, prendre en compte ses erreurs et en tirer les conséquences c'est progresser vers la recherche de la vérité.

Ce que nous sommes : Ce que nous sommes nous cherchons à le connaître depuis notre naissance jusqu'à notre mort. Mais plus, en tant que nous sommes des êtres responsables et libres, nous le créons toute notre vie par nos actes, nous ne cessons de « sculpter notre propre statue «.

Désir : Le désir peut s'entendre en deux sens : un sens négatif tout d'abord où les désirs signalent le manque de quelque chose ; en un sens plus positif, le désir est comme le moteur des actions humaines. On peut noter que le désir conçu comme manque implique une multiplicité, où chaque désir succède à la satisfaction du précédent. À l'inverse, le désir conçu comme force créatrice, appétit pour la vie est unique. Nos désirs ses sont donc toutes nos inclinations, toutes nos volitions, ce qui nous pousse à rechercher des objets extérieurs.

Problématisation :

Nous nous interrogeons sur l'ignorance et son rôle dans la fortification de nos désirs. Est-ce l'ignorance de ce que nous sommes qui fait la force de nos désirs ? Si les désirs sont des forces qui nous poussent malgré nous vers les objets extérieurs, la connaissance de ses désirs, la connaissance de ce qui nous détermine ne nous permettrait-elle pas de les maîtriser et en tout cas d'affaiblir l'emprise qu'ils ont sur nous ? Mais alors, ne faudrait-il tout simplement parvenir à se connaître suffisamment pour éradiquer l'imprévisibilité et la spontanéité des désirs ?

Mais dans cette optique, celle de la connaissance et de la connaissance de soi en particulier, les désirs ne seraient que des maux à combattre par la raison. Mais opposé ainsi les désirs à la raison humaine pose un problème : que serait un être purement rationnel ?Un être sans désir sans doute, mais surtout un être sans passion, sans appétits, bref un être sans corps, sans réalité matérielle. Les hommes ont un corps désirant que la raison ne peut nous enjoindre à éradiquer sans en même temps devenir déraison.

Dans cette optique comment comprendre le rapport complexe qui s'instaure en l'homme entre raison, connaissance, recherche du dépassement de l'ignorance et ses désirs, ses passions ? C'est ce que nous essaierons de comprendre en dernier lieu.

 

« concrètes et réelles. Problème : Sans nos désirs donc nous ne sommes au mieux plus qu'un sujet de grammaire, au pire un néant qui sefantasme une existence, un ange, un dieu : un être pour qui tout est contemplation.

La raison ne peut donc nousprescrire de combattre les désirs, de les éradiquer dans une ascèse intellectuelle improbable, que nul homme n'a put,ne peut, et ne pourra jamais expérimenter sans mourir, ou au mieux, mourir en tant qu'homme en devenant un dieu. Transition : Mais alors comment comprendre la relation qui lie connaissance et désirs ? 3 .

Nous pouvons nous connaître et l'on ne se connaîtra jamais mieux que lorsqu'on aura pris acte de sapropre nature désirante et de l'élan qu'elle constitue en chacun de nous. a) Celui qui pense que les désirs sont les ennemis de la connaissance, les amis de l'ignorance, pèche par ignorancejustement, il nie la complexité de la nature humaine qui est une union entre raison et corps.

Il prend parti pour laraison contre le corps, cette détestation du corps au nom de la raison, Nietzsche l'appel ressentiment ou désirmorbide.

Ce serait donc bien grâce à l'ignorance, voir même le refus, de ce que nous sommes, que notre désirmorbide se renforcerait et nous entraînerait dans une adoration morbide et triste de la raison sans corps, de laraison déjà morte. b) Spinoza avait déjà montré la positivité du désir qui est une force créatrice qui nous agite, nous qui sommes des« animaux rationnels » comme le disait Aristote.

Même notre raison est mise en mouvement par un désir, un effort,la volonté d'acquérir un objet : la vérité.

Spinoza distingue donc entre les passions tristes et les passions joyeuses :les passions joyeuses qui nous permettent de mieux nous comprendre et de mieux maîtriser nos actions, de nousrapprocher de la liberté.

Les passions tristes sont celles qui au contraire nous enchaîne à nos désirs les plusmorbides, qui nous vide de notre force et nous enferment dans l'ignorance. c) La joie est le sentiment qui accompagne la réappropriation de nos désirs, de leur sens et de leur valeur, notreprogression vers la pleine possession de nos moyens d'hommes, la progression de notre « devenir-homme », mieuxnous connaître c'est donc retrouver le sens de nos désirs et l'unité que cette multiplicité signale : la vie. La vertu consiste à chercher ce qui nous est utile, sous la conduite de laraison : bref, à ordonner le désir à la raison et non plus à l'imagination.

L'utile,c'est la joie durable de tout l'être, différente du plaisir passager, éprouvédans une partie du corps.

Au fond la raison permet au désir d'atteindre sa finvéritable, qui est la vertu, c'est-à-dire le bonheur.

Or, la raison nous montre comme utile quasiment tout ce que la moraletraditionnelle se contente d'énoncer comme des règles ou des devoirs.

Elle enélimine seulement les passions tristes, bref les mauvais motifs – tout ce quidans la morale de tous les jours ne fait qu'ajouter la tristesse à la tristesse :ainsi le remords doit-il laisser place à la résolution de bien faire, la crainte duchâtiment à l'amour direct du bien, l'apitoiement stérile à une miséricordeactive et joyeuse.

On découvre que les « lois morales » ne sont pas arbitraires ; le sagecomprend pourquoi il est effectivement mauvais pour notre bonheur véritablede tuer, de tromper, de mépriser, de haïr ; l'homme du commun est vertueuxpar obéissance ou par crainte, le sage l'est en connaissance de cause, et paramour.

La cause de la moralité des actes n'est plus extérieure, mais interne ;on passe de la passivité à l'action véritable.

Prenons l'égoïsme : il n'est pas un mal seulement parce que Dieu nous ainterdit d'être égoïste.

L'égoïsme fait notre malheur.

Il est une manière faussée de s'aimer soi-même.

Le bonheur d'autrui est en effet une condition du nôtre nous sommes liés en Dieu ;rien n'est plus utile à un homme guidé par la raison qu'un autre homme semblablement guidé.

L'accord despuissances dans l'amour réciproque rend chacun plus fort.

Et ce n'est pas un calcul cynique d'intérêt qui nousconduit à cette sagesse ; car l'alliance avec autrui n'est féconde, « intéressante », que si, précisément, l'amourpour autrui est véritable, c'est-à-dire désintéressé ! La perfection de la morale est dans la sagesse, grâce à laquelle on n'est plus vertueux par devoir, et dansl'obéissance, mais par amour, et dans la joie.

Le bonheur n'est pas la récompense de la vertu, c'est la vertu même.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles