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Illusion et erreur ?

Publié le 03/01/2004

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illusion
Un étudiant en médecine écrit à Freud qu'il a perdu la foi le jour où il vit dans la salle de dissection le cadavre d'une vieille femme aux traits adorables... Freud remarque que cet argument n'est guère rationnel (car il y a dans le monde bien des injustices et des horreurs plus terribles que la présence dans une salle de dissection d'un cadavre aux traits sympathiques). Il est clair en l'occurrence que la vieille femme morte a réveillé dans l'inconscient de l'étudiant l'image de la mère et simultanément la jalousie et la révolte à l'égard du Père. Les croyances qui se nouent et se dénouent de la sorte sont des masques du désir (et ici des figures du « complexe d'Oedipe ») donc des illusions.Les relations Désir-Illusion sont d'ailleurs réciproques. Si l'illusion est suscitée par le désir, le désir apparaît lui-même toujours teinté d'illusion. Le désir n'est ni le besoin (lequel est précis et limité : par exemple tel régime alimentaire correspond aux besoins de telle espèce animale) ni la demande (qui s'adresse toujours à quelqu'un). Le désir est une. exigence imprécise, illimitée dont on ne sait à qui elle s'adresse. C'est pourquoi il est de l'essence du désir de n'être jamais satisfait, de renaître après chaque satisfaction, de réclamer toujours autre chose et d'ignorer au fond (illusion suprême) ce qu'il souhaite.
illusion

« est par essence étrangère à la réalité mais il peut se faire par accident que la réalité se conforme au désir.

C'estune illusion de croire s'enrichir en prenant des billets de loterie, pourtant il y a toujours quelqu'un qui gagne le groslot.

L'illusion de la jeune fille qui croit qu'un prince va l'épouser peut exceptionnellement se réaliser.

De même,remarque Freud, la croyance des anciens alchimistes qui rêvaient de fabriquer de l'or à partir d'autres métaux esttypiquement une illusion, cette croyance n'ayant d'autre source que le désir.

Cependant, ce n'est pas absolumentune erreur puisque la chimie contemporaine ne tient plus pour radicalement impossible cette transmutation.

En cesens, l'illusion qui peut exceptionnellement et accidentellement devenir réalité se distingue de l'idée délirante qui esttoujours fausse.

Par exemple, cette mère est devenue folle à la suite de la mort de son fils; dans son délire, elleimagine que celui-ci est toujours vivant.

C'est plus qu'une illusion, c'est une idée délirante car il ne peut se faire quel'enfant ressuscite.Mais l'illusion (qui n'est pas toujours et radicalement une erreur) et l'idée délirante (qui est toujours une erreur) sontde la même famille.

Dans les deux cas, en effet, la croyance est imperméable aux arguments rationnels, la croyancen'est pas la conclusion d'un raisonnement mais le produit d'un désir.

e Nous appelons illusion, dit Freud, unecroyance quand, dans la motivation de celle-ci, la réalisation d'un désir est prévalente et nous ne tenons pascompte, ce faisant, des rapports de cette croyance et de la réalité.

» C'est ainsi que pour Freud les croyancesreligieuses (comme d'ailleurs l'incroyance systématique) sont des illusions.

La question de savoir si Dieu existevraiment ou non n'est pas posée par Freud.

La croyance (ou l'incroyance) religieuse est une illusion parce que sesmobiles se trouvent non dans la raison, mais dans le désir, dans le tissu des craintes et des espérances qui se sontformées en nous inconsciemment dès nos premières années.

L'idée de Dieu est suscitée par l'image nostalgique duPère de la première enfance qui apparaissait tout-puissant, maître des joies et des peines.

Si « la mort du père estla naissance de Dieu », au rebours, la négation de Dieu peut être suscitée par la révolte contre le père.

Un étudianten médecine écrit à Freud qu'il a perdu la foi le jour où il vit dans la salle de dissection le cadavre d'une vieille femmeaux traits adorables...

Freud remarque que cet argument n'est guère rationnel (car il y a dans le monde bien desinjustices et des horreurs plus terribles que la présence dans une salle de dissection d'un cadavre aux traitssympathiques).

Il est clair en l'occurrence que la vieille femme morte a réveillé dans l'inconscient de l'étudiantl'image de la mère et simultanément la jalousie et la révolte à l'égard du Père.

Les croyances qui se nouent et sedénouent de la sorte sont des masques du désir (et ici des figures du « complexe d'Oedipe ») donc des illusions.Les relations Désir-Illusion sont d'ailleurs réciproques.

Si l'illusion est suscitée par le désir, le désir apparaît lui-mêmetoujours teinté d'illusion.

Le désir n'est ni le besoin (lequel est précis et limité : par exemple tel régime alimentairecorrespond aux besoins de telle espèce animale) ni la demande (qui s'adresse toujours à quelqu'un).

Le désir estune.

exigence imprécise, illimitée dont on ne sait à qui elle s'adresse.

C'est pourquoi il est de l'essence du désir den'être jamais satisfait, de renaître après chaque satisfaction, de réclamer toujours autre chose et d'ignorer au fond(illusion suprême) ce qu'il souhaite.Mais le mot illusion ne désigne pas seulement les croyances suscitées par le désir.

Le domaine sémantique del'illusion est beaucoup plus vaste.

Les illusions d'optique, les illusions des sens n'ont pas de rapport avec l'affectivité.Par exemple, le phénomène du mirage n'est pas provoqué par le désir du voyageur, qui, cheminant dans le désert,souhaite trouver de l'eau.

Le mirage s'explique par un mécanisme optique qui se produit selon des lois physiques bienprécises dans des couches d'air très chaudes.

Les objets éloignés produisent une image renversée d'eux-mêmescomme s'ils se reflétaient dans une nappe d'eau.

De même, l'illusion des amputés a des causes neurologiquesmécaniques sans rapport avec les pulsions.

L'image du corps qui se forme dans la zone sensorielle du cortex cérébralest plus durable, plus solide que l'intégrité du corps lui-même.

C'est la persistance de cette image centrale quiexplique la localisation de la douleur dans un espace imaginaire.

Les hallucinations sont une forme d'illusions quis'expliquent parfois, elles aussi de façon mécanique.

Par exemple, une tumeur cérébrale de la zone occipitaleprovoque des hallucinations visuelles, les couches optiques du cerveau étant excitées par la tumeur comme si ellesétaient stimulées par un message lumineux réel.

Toutes ces illusions sensorielles bien différentes les unes des autres(du mirage aux hallucinations) ont cependant un point, commun.

Elles sont provoquées par des mécanismesneurologiques ou physiques qui jouent dans des conditions insolites.

Ce sont des illusions par rapport aufonctionnement normal de nos organes sensoriels.

Est-ce à dire que la perception normale, que la connaissancesensible habituelle doive être considérée comme la norme même de la connaissance vraie ? Il n'en est rien et il fautrappeler que de Platon à Husserl ou à Bachelard, la connaissance sensible spontanée, naturelle a toujours étéconsidérée par les philosophes comme une connaissance illusoire.

Dans le domaine du perçu il y a en quelque sortedeux degrés de l'illusion.

L'illusion d'optique, l'illusion des amputés est une illusion au second degré.

La perceptionnormale est une illusion au premier degré par rapport à la connaissance rationnelle et scientifique.

Et, par exemple,la perception du soleil (qui semble tourner autour de la terre à deux cents pieds du sol selon l'exemple de Spinoza)est une illusion.

La connaissance astronomique qui nous dit que la terre tourne et quelle est la distance vraie de laterre au soleil est la connaissance rationnelle qui réfute l'illusion sans pour autant délivrer l'observateur del'apparence.

Car l'apparence sensible, étant donné la structure de nos organes sensoriels, notre position sur la terreetc., ne peut pas ne pas se produire.. »

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