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L'imagination enrichit-elle la connaissance ?

Publié le 07/02/2004

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que la vue de cette hauteur extrême ne l'épouvante et ne le transisse. « Montaigne, Essais, 1580-1588. Imagination : « Cette superbe puissance, ennemie de la raison, qui se plaît à la contrôler et à la dominer [...], a établi dans l'homme une seconde nature. « Pascal, Pensées, 1670 (posth.) « L'imagination dispose de tout; elle fait la beauté, la justice, et le bonheur, qui est le tout du monde. « Pascal, Pensées, 1670 (posth.) « La jouissance et la possession appartiennent principalement à l'imagination. Elle embrasse plus chaudement ce qu'elle va quérir que ce que nous touchons, et plus continuellement. « Montaigne, Essais, 1580-1588.

• La question implique l'opposition classique entre imagination et réalité (puisque la connaissance porte sur cette dernière) : cette opposition peut être jugée trop schématique, et l'on doit essayer de la dépasser dialectiquement. • De quelle connaissance peut-il s'agir ? Il n'est pas interdit d'en distinguer deux versants : celle du monde extérieur, et celle du sujet imaginant lui-même. • Réfléchir sur le rôle de l'imagination dans l'élaboration d'une invention, d'une hypothèse, d'une théorie scientifique : elle apparaît alors comme capable d'anticiper.

« [III.

Imagination et connaissance de soi] Si l'on se place dans les conditions de la vie quotidienne on s'aperçoit que la connaissance de soi est recherchée envue de ses enseignements pour le futur : la conscience veut essayer de se connaître pour agir, veut faire un bilande soi et un examen de ses possibilités pour savoir si elle est capable de s'engager dans une voie qui s'ouvre devantelle.Même d'un point de vue strictement utilitaire, il faut éviter de se tromper.

Or, pour penser à ce futur, nous n'avonsqu'un recours, l'imagination : nous projetons l'image de nous-même dans les situations d'avenir pour voir si nousferons l'affaire. L'imagination est le seul moyen mis à notre disposition; il faut en accepter les inconvénients comme les avantages.Les inconvénients peuvent être réduits; à la limite, ils ne peuvent être détruits.

Cela tient à la nature prospectivede la connaissance de soi.Mais il y a un autre aspect de l'imagination : c'est elle qui nous donne l'image de nous-même comme d'un petitpersonnage sur l'écran ou la scène intérieurs.

Nous nous dédoublons, et en quelque sorte pouvons nous étudiernous-même du dehors; ainsi l'imagination qui entachait de subjectivité la connaissance de soi devient-elle aucontraire facteur d'objectivité. a.

Dans la rêverie intime, l'imagination me révèle ce qui me manque. b.

Dans l'oeuvre d'art : celle-ci n'est pas reproduction, elle propose des modes de vie ou d'être qui n'ont pas encoreété expérimentés (cf.

les analyses de Jean Duvignaud sur le rôle social de l'acteur). c.

L'imagination propose d'autres façons d'être au monde, ou par rapport au monde.

Elle implique donc une critiquedu réel (cf.

Ernst Bloch, qui souligne fortement sa dimension « utopique », l'adjectif signifiant pour lui, nonl'inefficacité, mais la tendance à esquisser les figures possibles de l'avenir).

De la sorte, l'imagination, loin d'êtreinefficace, peut au contraire déboucher sur l'activité, sur la transformation du réel donné pour qu'il se rapproche del'imaginaire et du désir. [Conclusion] Si l'on dialectise la relation entre l'imagination et la réalité, on constate que la première tient sa partie dansl'élaboration de la connaissance — qu'il s'agisse de celle du monde extérieur ou de celle d'un sujet humain.

C'estque, selon André Breton, l'imaginaire est bien « ce qui tend à devenir réel ».. »

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