Devoir de Philosophie

l'imagination n'est-elle qu'un refuge pour échapper au réel ?

Publié le 26/11/2005

Extrait du document

le processus secondaire consiste à reconnecter l'imagination au réel. En effet, la psychose désigne l'état du sujet qui ne parvient plus à marquer la différence entre la satisfaction imaginaire et la satisfaction réelle.   2-      Le processus secondaire comme necessaire a l'equilibre psychique   L'imagination possède une structure analogue au rêve : dans les deux cas, les désirs du sujet trouvent une satisfaction semblable à celle éprouvée autrefois dans le réel (autrefois = enfance où la mère pourvoit à nos besoins). Toutefois, Freud fait remarquer que le processus d'investissement dans l'image mnésique doit être relativisé. En effet, il ne crée qu'une satisfaction partielle, bien inférieure à la satisfaction liée à la perception réelle de l'objet manquant. Ainsi, s'opère, chez le sujet sain, un rééquilibrage qui le pousse à revenir au réel à partir de l'image mnésique. Si le sujet en reste à la satisfaction imaginaire, si celle-ci prend le pas sur la satisfaction réelle, alors il est en proie à la psychose : l'image hallucinatoire se confond avec la perception réelle, se substitue à elle. En fin de compte, l'imagination n'est qu'un refuge pour échapper au réel à partir du moment où l'on en reste au processus primaire, c'est-à-dire que le désir est assouvit par l'investissement de l'image. Le psychotique, littéralement, « prend ses rêves pour la réalité », échappe au réel en restant cloîtré dans le nid douillé de l'imagination.   Transition : §         En fin de compte, l'imagination n'est plus un refuge, un endroit clos et fictif où il fait bon vivre, mais elle est ce qui, dans l'achèvement de son mouvement, nous restitue nécessairement à l'épreuve du réel.

Remarque sur l'intitulé du sujet :

§         La formulation de la question est du type « X n'est-il que … ? «. Il s'agit de s'interroger sur une restriction donnée.

§         Celle-ci = l'imagination comme refuge pour échapper au réel. Ainsi, le sujet a pour présupposé : l'imagination peut nous permettre d'échapper au réel, de le fuir, et en cela, de trouver refuge dans l'imagination, dans les images.

§         Or ce présupposé ne va pas de soi car : 1) en quoi le réel représente-t-il une « menace « ou un « danger « ? Qu'est-ce qui dans la réalité nous répugne de sorte que nous voudrions y « échapper « ? 2) qu'est-ce qu'un « refuge « ? Comment l'imagination nous protège-t-elle de cette réalité pénible que l'on fuit ?

§         Le présupposé du sujet articule explicitement l'imagination et le désir. C'est cette articulation qu'il nous faut interroger : n'est-elle pas trop restreinte ou bien l'imagination procède-t-elle toujours du désir ?

§         Enjeu : Le pouvoir de l'imagination ; en quoi des images peuvent-elles être suffisamment puissantes pour satisfaire nos désirs ? Ce pouvoir peut-il être supérieur à ce lui des autres facultés (entendement, volonté) ?

 

Problématique : L'imagination produit des images de la réalité, des doubles ou des copies plus ou moins conformes au réel. Ainsi, il y a une distance entre l'imagination et le réel et cet écart permet de penser que l'imagination peut être un refuge pour échapper au réel. Ainsi la psychanalyse montre que l'imagination fonctionne comme le rêve : l'image comme la production onirique permet de combler un désir qui ne peut être satisfait dans la réalité. Pourtant est-ce là la seule fonction à donner à l'imagination ? Si l'imagination creuse un écart avec la réalité, n'est-ce pas plutôt pour la modeler ensuite, ou encore, pour lui donner sens (exemple : les mythes) ?

 

« littéralement, « prend ses rêves pour la réalité », échappe au réel en restant cloîtré dans le nid douillé del'imagination.

Transition :§ En fin de compte, l'imagination n'est plus un refuge, un endroit clos et fictif où il fait bon vivre, mais elle est ce qui, dans l'achèvement de son mouvement, nous restitue nécessairement à l'épreuve duréel . § Reste alors à déterminer comment, c'est-à-dire qu'il faut interroger le pouvoir de l'imagination. § En fin de compte, si l'imagination permet d'échapper au réel, c'est peut-être moins par un mouvement de fuite, qu'en nous poussant à agir sur lui. 3- L'IMAGINATION PERMET D 'ÉCHAPPER AU RÉEL EN LE MODIFIANT Au 20 ème siècle, émerge un type particulier d'images : les images de publicité et de propagande.

Celles-ci reposent sur le lien étroit entre le désir et l'imagination mais elles ajoutent la prise en compte du passage à l'acte . En effet, l'image publicitaire comme l'image de propagande part du principe où l'image engage sa propre réalisation.Cette idée a été théorisée fin 19 ème par Gustave Lebon dans sa Psychologie des foules (1895). Lebon remarque que l'image = la plus puissante source de mobilisation des masses .

L'image impressionne et nous ne sommes pas loin de la formule pascalienne selon laquelle l'imagination peut seule « mettre le prix aux choses ».L'image est un accélérateur de passions [2].

Sans entrer dans les conséquences politiques d'une telle théorie, retenons seulement que Lebon est fortement inspiré par l'émergence des sciences psychophysiques dont il estcontemporain.

Selon ces sciences, l'image est un mobile d'action : la réception d'une image entraîne des mouvements inchoatifs à la ressemblance de l'image. On a donc ici un renversement : au lieu de prolonger le désir, l'imagination le déclenche et ce faisant, nous pousse à agir.

Le but de l'action provoquée par l'imagination consiste à faire que l'image, dont l'existence n'est quefictive, prenne la place de la réalité présente en exigeant l'adéquation de la réalité future à l'image présente. Cette idée se trouve formulée par les saint-simoniens dans leurs conception de l'art social : l'image doit montrer la voie à l'instauration future du paradis sur terre.

Cette thèse met très clairement en avant l'idée que l'imagination est créatrice de mythes , c'est-à-dire de récits qui ne font pas état d'un passé intemporel mais qui s'affirment comme des mythes fondateurs pour un futur indéterminé, un avenir d'un ordre nouveau. Finalement, on a avec l'imagination un mouvement de va-et-vient entre réel et les images, via le désir qui rend possible l'action et donc le changement. [1] Voir : Freud, L'interprétation des rêves , chapitre VII. [2] Remarque : Lebon tire argument de cette sensibilité populaire aux images pour justifier, sur le plan politique, unconservatisme autoritaire, un régime opposé à la démocratie.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles