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Imaginer est-ce seulement nier la réalité ?

Publié le 01/03/2004

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Je le pose pour lui-même et je me le donne. Mais précisément je me le donne en tant qu'il n'est pas encore, c'est-à-dire comme absent ou si l'on préfère comme un néant » (id., p. 350). Là encore, j'isole l'événement de toute réalité en « le présentifiant comme néant ». c) II apparaît donc qu'imaginer est un acte négatif : c'est poser une thèse d'irréalité, à savoir simultanément isoler et anéantir un objet. Mais poser l'objet comme un néant par rapport au monde, c'est la même chose que poser le monde comme néant par rapport à l'image. Car « poser une image c'est constituer un objet en marge de la totalité du réel, c'est donc tenir le réel à distance, s'en affranchir, en un mot le nier. Ou si l'on préfère, nier d'un objet qu'il appartienne au réel, c'est nier le réel en tant qu'on pose l'objet ; les deux négations sont complémentaires et celle-ci est condition de celle-là » (id., p.

L'imagination nous permet de nous représenter des images qui se substituent aux données de la perception: on ferme les yeux. Mais, la réalité ne se limite pas à ce que l'on perçoit, tandis qu'on perçoit mieux ce que l'on a pu imaginer, pour créer des réalités nouvelles.

« Deuxième partie : L'imagination, fonction du surréel selon Bachelard a) « On veut toujours, observe Bachelard, que l'imagination soit la faculté deformer des images.

Or elle est plutôt la faculté de déformer les imagesfournies par la perception, elle est surtout la faculté de nous libérer desimages premières, de changer les images.

S'il n'y a pas changement d'images,union inattendue des images, il n'y a pas imagination, il n'y a pas d'actionimaginante » (L'Air et les songes, p.

7).Les instances qui fournissent les images, ce sont la perception et la mémoire.En fait, il convient de préciser ce que l'on entend par « image ».

Si « image »signifie une représentation mentale constituant une répétition plus ou moinsaffaiblie d'une sensation, ou plus exactement d'une perception, c'est-à-direune reproduction de la réalité, alors l'imagination ne forme pas d'images.

Maissi « image » signifie une représentation construite, une combinaison nouvelledes données de la perception qui ne reproduit pas mais réinvente la réalité,alors l'imagination forme des images, des « images imaginées » (cf.

La Terreet les rêveries du repos, p.

3).

L'imagination « est la faculté de former desimages qui dépassent la réalité, qui chantent la réalité » (L'Eau et les rêves,p.

23). b) L'imagination va donc « déformer » les images copies du réel fournies par la perception.

Elle altérera une image en la fragmentant et en réassemblant ces fragments de manière originale ; enmodifiant le rapport de ses parties, grossissant l'une, diminuant l'autre ; en lui ajoutant des éléments étrangers, etc.Elle va également procéder à des substitutions d'images ; à des associations d'images, chaque image en appelantd'autres, « déterminant une prodigalité d'images aberrantes » qui constituent son « auréole imaginaire ».

Mais celane signifie pas que « cette libération des images premières », à laquelle nous invite cette faculté d'imagination qui «spécifie le psychisme humain », qui est même « une faculté de surhumanité » (id., p.

23), ne réponde à aucune loi :même le jaillissement le plus inattendu d'images, le plus débridé et le plus irrationnel, obéit à une certaine logique,fût-elle ténue, qui est spécifique à l'imaginaire. c) Ainsi l'imagination n'est pas une faculté passive, comme la perception.

Elle est une puissance foncièrementdynamique et organisatrice qui travaille à déréaliser le réel atteint dans la perception en le déstructurant pouropérer une structuration nouvelle, en sorte que dans l'imagination l'univers tout entier n'est plus donné au sujet,mais produit par lui.

« L'imagination invente plus que des choses et des drames, elle invente de la vie nouvelle, elleinvente de l'esprit nouveau, elle ouvre des yeux qui ont des types nouveaux de vision » {id., p.

24).

En celal'imagination, qui est la fonction de l'irréel ou du surréel, est « l'expérience même de l'ouverture, l'expérience mêmede la nouveauté », tandis que « la fonction du réel est une fonction d'arrêt, une fonction d'inhibition qui réduit lesimages de manière à leur donner une simple valeur de signe » (La Terre et les rêveries du repos, p.

22). conclusion Imaginer, comme l'a bien montré Sartre, c'est nier ou « néantiser » le réel, c'est s'échapper hors du monde, del'existant, et par là c'est réaliser sa liberté.

Mais imaginer ce n'est pas simplement s'évader de la réalité en la niant,c'est construire un monde spécifique, celui de l'imaginaire, qui ne se conforme, ainsi que l'a souligné Bachelard, enrien au réel, mais se tient dans un écart absolu avec lui.. »

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