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L'imitation de la réalité est-elle une condition de la beauté artistique ?

Publié le 26/01/2004

Extrait du document

CONDITION (n. f.) 1. - Dans la proposition « si A alors B », A est condition de B ; se dit aussi du premier terme d'une relation causale réelle (les conditions d'un phénomène). 2. - Condition nécessaire et suffisante : A est condition nécessaire et suffisante de B, si quand A on a toujours B et sans A jamais B. 3. - Manière d'être, situation (la condition humaine), situation sociale. 4. - Conditionné : a) Qui dépend d'une condition. b) Qui a subi un conditionnement. 5. - Conditionnement : processus par lequel un comportement en vient à être déterminé par des conditions données ; modification d'un comportement par établissement de réflexes conditionnés (cf. réflexe). 6. - Conditionnel : qui dépend d'une condition ; pour QUINE, nom de l'implication matérielle. ART: 1) Au sens ancien, tout savoir- faire humain, toute pratique produisant un résultat non naturel (artificiel). 2) Au sens esthétique moderne, production ou création d'oeuvres destinées à plaire (beaux- arts), c'est-à-dire à susciter par leur aspect, une appréciation esthétique positive. Oeuvre d'art : ensemble organisé de signes et de matériaux manifestant un idéal de beauté. BEAU - BEAUTÉ (adj. et n. m.) 1. - Norme permettant le jugement esthétique ; cf. valeur. 2. - Sens concret : objet du jugement esthétique ; ce qui provoque une émotion esthétique par l'harmonie des formes, l'équilibre des proportions. 3. - (Par ext.) Ce qui suscite une idée de noblesse, de supériorité morale (un beau geste). 4. - Pour KANT, le jugement de goût ne détermine pas son objet en le pensant sous un concept universel, puisqu'il porte toujours sur un cas parti­culier ; c'est un jugement réfléchissant dont l'universalité réside dans l'accord des sujets ; c'est pourquoi le beau est défini comme « ce qui plaît universellement sans concept » ; « la beauté est la forme de la finalité d'un objet en tant qu'elle est perçue en lui sans représentation d'une fin. » Réalité / Réel: Réalité: * Caractère de ce qui a une existence concrète, par opposition aux apparences, aux illusions ou aux fictions de notre imagination. * Ensemble des choses et des faits réels. Réel: * Comme adjectif : qui existe effectivement, et pas seulement à titre d'idée, de représentation ou de mot (exemple : un pouvoir réel). * Comme nom : l'ensemble des choses qui existent, le monde extérieur (synonyme : réalité).

Penser que l’imitation est la condition de la beauté artistique, c’est d’emblée ramener tout l’art à l’imitation et négliger l’expression. L’art précisément n’est pas qu’un reflet de la nature, la beauté artistique est par définition autre que la beauté naturelle, l’art ajoute une beauté à la nature. L’artiste n’est pas qu’un copieur, un reproducteur de la réalité mais il ajoute sa touche personnelle qui est à la fois spirituelle et culturelle. Aussi, suivant les artistes, les époques, les courants artistiques, l’imitation a été prise à différents degré comme condition de la beauté artistique et aussi elle a été rejetée par de nombreuses artistes, repoussant par là les canons de l’art classique. L’imitation est-elle indispensable à la beauté artistique ?

« Pour Hegel, reproduire la nature est un travail superflu.

C'est un travail inutileet présomptueux car l'homme n'est pas Dieu.

Ce genre de peinture n'estqu'une caricature du réel.

C'est une fin pour l'art que de vouloir tromper unpublic naïf.

Et cela risque de provoquer l'ennui et le dégoût.

Une peintureparfaite de la réalité ne sera jamais un chef d'œuvre.

L'art est au milieu dusensible immédiat et de la pensée pure.

Le sensible de l'art n'intéresse quenos sens intellectuels.

Nos sens intellectualisés sont la vue et l'ouïe, tandisque le goût, le toucher, l'odorat s'occupent des choses plus matériels.

Doncdans l'art, le sensible est spiritualisé.

L'esprit est dans le sensible.

Il échappedonc a un examen rigoureux de la pensée.

On pourrait penser que le travail del'artiste tue la vie de la nature par la pensée.

Il est vrai que l'art est plusproche de l'esprit que de la nature.

L'esprit ne s'aliène pas dans le sensible.

Ilappréhende ce qui est autre que lui et pourtant lui.

Cette appréhension n'estpas inutile.

L'art a pour but que l'artiste et l'homme se reconnaissent dans cequi est autre que lui.

L'homme doit marquer du sceau de l'intériorité ce qu'il luiest extérieur.

De lui rendre plus familier ce qui lui est étranger.

L'art dégage lavérité des apparences et la doté d'une réalité plus haute crée par l'esprit lui-même. Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

Lacontemplation de la belle nature accordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauté naturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui est nécessairement supérieure.

C'est pour nous etnon en soi et pour soi qu'un être naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art, tout au plusun exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.

Il y a plus de plaisir à fabriquer des outils ou des machinesqu'à peindre un coucher de soleil.

La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrache de lanature en la niant.

Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature et se pose comme distinct.

L'art peut doncfaire l'objet d'une science, pense Hegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire de l'humanité.L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faite pour notre plaisir, mais l'art est en son essenceune intériorité qui cherche à s'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sens qui veutse rendre matériel.

On ne peut le condamner pour son apparence, car il faut bien à la vérité une manière de semontrer.

L'art étant historiquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à la religion : la religiongrecque est l'art grec lui-même.

Ce sont Homère et Hésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art,que Hegel définit comme "classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparition du christianisme.

La religionchrétienne est essentiellement anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui asouffert et qui est morte en croix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont lepassage historique a été fugitif, et si l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raisonque la spiritualité chrétienne ne suffit plus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de sonconcept, peut être dit beau.

De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.

Cela implique qu'aucunorganisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.

Seule la beautéartistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.

L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite etinauthentique.

Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualitéapollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.

En un sens, cette beauté idéaleest hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.

Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'ilculminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et la production économique sont devenues prévalentes,soudant les individus dans des rapports de besoin, d'échange et de travail complexes et étroits.

L'Idéal ne peut pluss'incarner dans l'art, il s'est incarné dans l'État et la politique à la fin du xixe siècle et au cours du xxe siècle.

Onpeut toutefois remarquer qu'à notre époque présente, ces deux formations ne semblent plus animées par lesaspirations spirituelles les plus hautes des individus et de la collectivité.

Nous vivons dans l'ère du nihilisme queNietzsche avait diagnostiquée à la fin du xixe siècle. La fin de l'imitation comme itinéraire vers la beauté.

1) Un autre principe, qui fut longtemps fondamental pour l'appréhension des œuvres, repose sur l'identification d'unmotif à travers la notion de « mimésis », d'imitation.

Soumise à rude épreuve avec les développements de l'artmoderne, une telle exigence repose sur la conviction que l'art a pour but véritable non tant d'imiter la nature pourelle-même mais, à travers elle, d'exprimer une idée, sous quelque forme que ce soit - idée morale, passion,conviction religieuse ou politique, etc.

Une telle conception (dont Erwin Panofsky a dressé un remarquable tableauhistorique depuis l'Antiquité) était centrale dans toute la période académique ; elle s'est vue peu à peu battue enbrèche par l'émergence d'un nouvel idéal esthétique, celui de « l'art pour l'art ».

Or prôner celui-ci, comme on le ferade plus en plus à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, c'est, de manière générale, affirmer la primauté de la« forme » (exécution, qualités plastiques) sur le « fond » (sujet représenté, motif, idée).

On trouve là du même coup. »

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