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Y a-t-il incompatibilité entre la science et la religion ?

Publié le 12/03/2004

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Les rapports entre scientifiques et religieux n'ont pas toujours été faciles. La religion a pendant longtemps considéré la science comme impie : que l'on songe au procès de Galilée par l'Église. De leur côté, les scientifiques sont parfois tentés d'étendre à toute chose le règne de la raison, et jugent la religion obscurantiste. De nos jours, des points de tension existent toujours. Par exemple, la théorie scientifique de l'évolution, ou la géologie qui étudie l'histoire de la terre sont contestées par tous ceux qui, lisant les textes sacrés au pied de la lettre, y trouvent une contradiction avec eux. Une conciliation est-elle possible entre ces deux familles d'esprit ? Y a-t-il incompatibilité entre la science et la religion ?

La question est d'actualité. L'esprit des Lumières, mélange de tolérance, d'esprit critique et d'ouverture aux sciences, est partout menacé par la montée du fanatisme religieux. On assassine les intellectuels; on condamne à mort les écrivains. Les croyances religieuses sont érigées en certitudes au nom de quoi on tue. La vraie religion, celle qui est amour et non haine, n'a jamais demandé que l'on tue pour elle. Le fanatisme, au contraire, terrorise, déchaîne la violence et veut étouffer la liberté de connaître et de penser. Le fanatisme est, lui, à jamais incompatible aussi bien avec l'esprit scientifique qu'avec celui de la vraie religion.

  • I) La religion est en conflit avec la science.

a) La science dérive de l'observation, la religion est avant tout une croyance. b) La science part de faits particuliers, la religion se fonde sur des principes généraux.

  • II) La foi personnelle ne contredit pas la science.

a) On peut être homme de science et religieux. b) Le dogmatisme est une erreur logique.

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« chacune des formes de la pensée».En philosophie, un tel partage fut inauguré par Francis Bacon (1561-1626), dans son oeuvre Novum Organum (1605-1620).

Alarmé par la méfiance que l'on peut déceler dans les Écritures à l'égard du savoir, et soucieux de promouvoirl'esprit de recherche, il établit de manière inédite dans la religion protestante une séparation aussi nette quepossible entre l'étude des textes sacrés et la connaissance scientifique.

La volonté de Dieu se révèle à nous dansles Écritures ; sa puissance se manifeste dans la Création.

« Il apparaît donc tout aussi pieux d'étudier la nature...que de lire les textes sacrés », conclut Lecourt, résumant la pensée de Bacon.

Le domaine des vérités scientifiqueset celui des vérités révélées sont strictement séparés.

Cette philosophie modifia durablement les rapports entrescience et religion.Elle permet par exemple de penser que les sciences se limitent à la question « comment ? » et que la religion, elle,pose la question «pourquoi?».

Les sciences expliquent par leurs causes la manière dont les phénomènes naturels seproduisent.

Les religions, pour leur part, donnent aux hommes de comprendre les raisons de leur présence au monde; elles confèrent un sens à leur existence, en la rattachant à celle d'un Créateur.

Or, contrairement à ce quepensait Auguste Comte, on peut dire que la connaissance des causes n'épuise pas la question du sens de notreexistence.C'est une telle forme de compromis que l'on voit adoptée par les hommes de foi ouverts à l'esprit scientifique.

Denos jours, par exemple, certains dans l'Église catholique considèrent avec beaucoup d'attention la théorie du bigbang, qui offre un modèle d'explication du début de l'univers.

Ils n'y voient pas de contradiction avec la croyanceque celui-ci a été créé par Dieu.

Le big bang ne serait que le moyen physique de la création, l'acte créateur n'étantabsolument pas mis en cause.De même, pendant longtemps, les scientifiques ont pu voir, dans tous les phénomènes qu'ils expliquaient, l'oeuvred'un créateur.

Dieu était comme l'horizon de la science.

Cette conception fut exprimée avec force par Newton, «quifit figure de modèle incontesté aux yeux de tous les savants et hommes de culture pendant deux siècles ».

Newtonécrit, dans un ajout aux Principes de philosophie naturelle (1687) : « Cet arrangement aussi extraordinaire du Soleil,des planètes et des comètes n'a pu avoir pour source que le dessein et la seigneurie d'un être intelligent etpuissant.

» L'univers, que le physicien explique, appelle en creux un Créateur, à qui seul on peut imputer l'ordre et labeauté qu'on y découvre.Par exemple, la loi de la gravitation universelle, selon l'aveu même de Newton, décrit le comportement de la gravité,mais ne permet pas de connaître sa cause première.

On doit en fin de compte rapporter sa raison d'être à Dieu.

Laconnaissance scientifique du monde est donc mise en perspective par Dieu, la pensée rationnelle se déploie dans lecadre de la pensée religieuse.Dans une telle configuration, science et religion sont tout à fait compatibles.

Elles se complètent et s'appellent plusqu'elles ne se combattent.

Mais la séparation des deux domaines n'est plus aussi nette que dans l'esprit de Bacon.La science est comme aspirée par la religion.

Il s'agit plus d'une assimilation que d'un compromis.Il existe en fait un autre type de compromis, plus conforme à la stricte délimitation du religieux et du scientifique.

Ilconsiste à « laisser la science déployer ses théories et redéfinir l'objet de la théologie comme un pur enseignementmoral» (D.

Lecourt).On voit ainsi Spinoza (1632-1677) procéder à une lecture des Ecritures, avec l'intention d'en expurger tous les passages contraires à la raison.

La religion ne doit selon lui rien demander quiaille à l'encontre de la raison.

«Ni la Théologie ne doit être la servante de laRaison, ni la Raison celle de la Théologie.

» Le message de la religion est trèssimple, et peut être compris par l'homme le moins instruit.

Il se réduit auxrecommandations de Charité et de Justice.

Ainsi, la religion laisse l'activité dela raison, et donc de la science, complètement libre, l'obéissance due auxÉcritures commandant seulement aux hommes de régler leurs actes sur leprincipe qui demande qu'on aime son prochain comme soi-même.

De la sorte,ils pourront bien servir Dieu sans sacrifier le désir le plus naturel de l'homme,celui de connaître.

Aucune des deux formes principales de la pensée humainene demande le sacrifice de l'autre. [Conclusion] Science et religion sont donc bien compatibles, mais cela dépend en grandepartie de la conception que l'on se fait de l'activité scientifique ou de lareligion.

L'esprit humain suit sa pente naturelle : ce qui n'est qu'une forme depensée devient pour lui pensée unique et totale, ne laissant aucune place àune forme de pensée différente.Voilà pourquoi science et religion sont perçues par les hommes commes'excluant mutuellement.

Il ne peut plus y avoir entre elles qu'un rapport de force : elles ne peuvent coexister qu'encherchant à dominer et à assujettir l'autre.

On peut voir dans cette sensibilité la source de tous les fanatismes,qu'ils soient athées ou religieux.

Aussi est-il très important de méditer les philosophes qui nous enseignent que laclaire séparation des deux, en même temps qu'elle les rend compatibles, est le fondement même de la tolérance.Tout l'esprit de la laïcité tient là.. »

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