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L'inconscient est-il dans l'âme ou dans le corps ?

Publié le 28/03/2004

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L'inconscient, si on considère sa formation, se compose du préfixe négatif -in et du radical « conscient ». L'inconscient semble donc dans un premier temps désigner ce qui est privé de la conscience. Il s'agit donc dans un premier temps de définir la conscience. On peut donner deux interprétations un peu différentes de l'étymologie de la conscience. On peut l'appréhender comme cumsciens qui signifie posséder un savoir « rassemblé » autour d'un centre, celui qui constitue la personne. « La conscience, écrit Alain, c'est le savoir revenant sur lui-même et prenant pour centre la personne humaine elle-même ». ce qui rejoint donc la découpe étymologique du mot en cum(avec ) et scienta( savoir). La conscience est donc le fait pour un individu que son existence soit accompagnée d'un savoir sur elle-même. Avec la conscience, j'existe et je le sais. La conscience a toujours été considérée comme la principale caractéristique de l'homme, qui le distingue de l'animalité. C'est avec Descartes que la conscience devient véritablement l'objet privilégié de la philosophie. Avec son fameux cogito, « je pense, je suis », Descartes pensait trouver le premier fondement assuré de la philosophie. La conscience est donc la connaissance qu'a l'homme de ses pensées, elle fait aussi de l'homme un sujet capable de penser. Dans Les méditations métaphysiques, Descartes évoque la conscience comme étant celle qui nous fait être une « substance pensante », une « âme » séparée du corps. En effet, si l'âme apparaît d'abord comme un principe d'organisation du vivant - elle est ce souffle qui insuffle la vie -, elle désigne couramment le principe ou l'organe de la pensée. Dans son traité Peri Psuchês( De l'âme), Aristote étudie diverses manifestations de l'âme dans la nature et définit l'âme dans sa fonction « intellective » comme le sommet de la hiérarchie. Privilégiée, l'âme est principe de pensée, privilège de l'homme. Elle est alors perçue comme immatérielle, immortelle et séparée du corps. Ce dernier désigne toute substance matérielle que l'homme peut percevoir et qui existe en dehors de lui. En ce sens, un corps possède une masse, occupe un espace et a trois dimensions. Il désigne aussi dans un sens restreint le corps humain, synonyme de chair ou comme organisation matérielle d'éléments divers.  Or, donc dans un premier temps, ce qui est privé de conscience semble être ce qui manque d'âme. Ainsi, les objets inanimés sont inconscients, dans la mesure où ils sont privés de conscience. De même, les processus corporels sont inconscients puisqu'ils n'ont absolument pas de représentations dans la conscience. Dès lors, l'inconscient serait lié au corps. Pourtant, l'inconscient peut être défini comme une instance psychique. C'est en tout cas ce que postule Freud en inventant la notion d'inconscient, instance psychique indépendante de la conscience. Alors, l'inconscient serait-il lié à l'esprit qui est fortement rattaché à la notion d'âme ? Pourtant, peut-on aussi facilement séparer âme et esprit ?

« français, la conscience se caractérise par la possibilité de choix.

Or, dans l'habitude, nos mouvements se font plusautomatiques, ils échappent à la conscience pour tomber dans le domaine des réactions corporelles.

3.

L'inconscient comme reste des pulsions corporelles - Enfin, Alain assimile inconscient et instincts animaux.

Pour lui, ce que Freud nomme inconscient n'est que le restede nos instincts naturels et est un rattachement au corps.

Il est vrai que l'inconscient psychanalytique est souventconsidéré comme le réservoir des pulsions sexuelles et agressives.

Alain écrit dans Eléments de philosophie que "l' inconscient est donc une manière de donner dignité à son propre corps; de le traiter comme un semblable, commeun esclave reçu en héritage et dont il faut s'arranger.

L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie ducorps.

On a peur de son inconscient; là se trouve logée la faute capitale.

» L'inconscient ne serait alors qu'un nominventé pour évoquer des instincts totalement ensevelis dans le corps.

L'inconscient serait l'héritage des pulsionsbestiales des animaux que la conscience, l'âme n'a pas encore réussi à maîtriser.

En effet, Alain déclare que « l'âmec'est ce qui refuse le corps.

Par exemple, c'est ce qui refuse de fuir quand le corps tremble, ce qui refuse de frapperquand le corps s'irrite[ …] Le fou n'a aucune force de refus ; il n'a plus d'âme.

On dit aussi qu'il n'a plus deconscience.

» Dans cet extrait de Propos , le philosophe montre que ce qui échappe à l'âme et donc à la conscience vient du corps et de l'impossibilité de refuser aux pulsions corporelles.

L'inconscient comme instance psychique est une partie de l'âme 1.

L'inconscient perceptif fait partie de l'âme - Dans un passage des Nouveaux essais sur l'entendement humain, Leibniz introduit une possibilité paradoxale, celle de pensées que nous n'apercevons pas.

Il écrit ainsi : « En un mot, c'est une grande source d'erreurs de croire qu'iln'y a aucun perception dans l'âme que celle dont elle s'aperçoit.

» voici des perceptions que nous n'apercevons pas.Or percevoir, c'est une des modalités de la conscience : donc il y aurait de la conscience dont nous n'aurions pasconscience, de la conscience qui, en quelque sorte travaillerait dans notre dos.

Ce sont, dit encore Leibniz, des« perceptions insensibles » que « je ne m'aperçois pas » et qui pourtant me décide à aller dans une telle direction ouà faire tel mouvement.

Il ne s'agit plus ici de mouvements corporels mais bien de sensations quasiment« inconscientes », trop faibles pour parvenir à la conscience et qui pourtant influent sur nos pensées et notreactivité consciente.

Donc, c'est bien à la possibilité d'une partie inconsciente de l'âme que Leibniz introduit.

PourLeibniz, tous les êtres vivants ont une âme pourtant, pour chaque âme, seule une partie est claire et tout le resteest plus ou moins dans l'ombre.

Dès lors, cela veut dire que l'âme peut avoir une partie inconsciente.

2.

Il existe des pensées inconscientes - Par la suite, Nietzsche remet en question l'identification cartésienne entre conscience et pensée.

Pour lui, lapensée n'appartient pas exclusivement à la conscience.

En effet, il affirme dans Par-delà le bien et le mal qu' « une pensée ne vient que quand elle veut, et non quand c'est moi qui veux.[…] Quelque chose pense, mais croire que cequelque chose est l'antique et fameux moi, c'est une pure supposition.

» Nietzsche va donc jusqu'à postuler qu'ilexiste une pensée inconsciente, mettant en cause la prétention du sujet à la maîtriser.

Il déclare par suite que laconscience a été l'objet d'une surestimation illusoire et ne caractérise absolument pas la majeure partie de la viehumaine.- Enfin, l'inconscient selon Bergson caractérise tous ces pensées ou souvenirs chassés de la conscience parce qu'ilssont inutiles à l'action.

Pour lui, la conscience est essentiellement pratique : elle chasse donc les souvenirs et lespensées qui n'intéressent pas la conscience.

Cependant, ceux-ci restent accessibles.

La conscience peut en effetles retrouver quand elle a en a besoin.

Il entérine d'ailleurs sa position en affirmant que tout le psychisme n'est pasla conscience.

Il écrit dans La pensée et le mouvan t en parlant de l'intuition qu'elle est « ensuite une conscience élargie, pressant sur le bord d'un inconscient qui cède et qui résiste : à travers des alternances rapides d'obscuritéet de lumière, elle nous fait constater que l'inconscient est là ; elle affirme que le psychologique a beau être duconscient, il y a néanmoins un inconscient psychologique.

» Il y a bien donc de la pensée inconsciente mais laconscience reste l'instance principale.

Ce qui n'est plus le cas chez Freud.

3.

L'inconscient comme réalité psychique est rattaché à l'esprit et à l'âme. »

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