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Instruction et culture

Publié le 17/02/2004

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culture
- Il n'y a pas lieu, nous l'avons dit, d'opposer instruction et culture. Un « homme cultivé » est nécessairement un homme instruit, et il faut réagir ici contre l'abus que l'on fait souvent de la célèbre parole de MONTAIGNE : « Mieux vaut une tête bien faite qu'une tête bien pleine. » L'idée est juste, mais une « tête bien faite » ne saurait être une tète vide. La culture est plus qu'un savoir, mais elle exige d'abord le savoir. Sinon, elle serait quelque chose de purement superficiel et verbal. L'esprit ne se forme qu'aux prises avec le réel et grâce à des connaissances précises. B. - Mais quel est ce « supplément » qui fait d'un homme instruit un homme cultivé ? 1° Le savoir qu'exige la culture est d'abord un savoir organisé où toutes les connaissances sont coordonnées, hiérarchisées, mises à leur place et à leur rang, appréciées selon leur valeur. C'est un savoir qui, contrairement à la pure érudition, sait s'élever au-dessus du petit détail et qui implique certaines vues d'ensemble, certaines conceptions générales.
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« qualités d'esprit qui constituent la vraie culture sont faites, pour une bonne part, de ce que PASCAL appelait « l'esprit de géométrie », — la « justesse de l'esprit », comme dit Port-Royal, —mais aussi et peut-être surtout d'esprit de finesse, c'est-à-dire d'un sensdélicat des questions complexes.

Disons plus : les qualités purementintellectuelles ne suffisent pas.

La vraie culture est incompatible avec lasécheresse de coeur : elle implique une certaine sensibilité, une ouverture àtous les grands problèmes humains. 1.

Le coeur et la raison Pascal présente la « méthode géométrique » comme la plus parfaite que laraison puisse suivre dans la connaissance.

Elle consiste en deux points :définir tous les termes que l'on emploie, et prouver tout ce que l'on avance enle déduisant de propositions déjà connues.

Définir, c'est attribuer un nomprécis à chaque chose ; prouver consiste à remplacer une expression par sonéquivalent préalablement défini (cf.

esprit de géométrie°).

Mais cet ordre rencontre bien vite sa limite.

On ne peut remonterindéfiniment de preuve en preuve et de définition en définition.

On arrivenécessairement à des mots primitifs, qu'on ne peut plus définir, à des principessi clairs et si évidents qu'on ne peut plus les prouver.

La raison rencontre donc une limite dans son travail de déduction et dedéfinition.

Il y a une source de vérité au-dessus d'elle, qui lui donne lesprincipes à partir desquels elle mène ses déductions.

C'est le coeur.

Le coeur sent, mais ne prouve pas.

« Le coeura ses raisons que la raison ne connaît point » (Pensées) : nul romantisme là-dedans ! Il ne s'agit pas d'en appeler àune sentimentalité irrationnelle (cf.

esprit de finesse).

Le coeur est au fond le nom pascalien de l'intuition cartésienne.

C'est le coeur qui nous fait sentir les troisdimensions de l'espace, lui qui nous persuade de l'existence du monde, choses très claires et distinctes qui nepeuvent être prouvées.

Le coeur est infaillible et ne doit pas être identifié avec la passion amoureuse. 2.

La méthode expérimentale La méthode expérimentale, propre aux sciences de la matière, diffère de la méthode mathématique.

Elle part desfaits, et doit toujours leur confronter ses résultats.

Il faut se livrer d'abord à l'observation : formuler ensuite deshypothèses explicatives ; enfin éprouver ces hypothèses par l'expérimentation adéquate.

La science est au fond lepassage de l'expérience aveugle, désordonnée, à l'expérimentation, méthodique, guidée par l'hypothèse.

À la suite de Torricelli, qui cherchait à comprendre pourquoi l'eau des pompes des fontainiers de Florence nepouvait monter au-delà d'une certaine altitude (observation), Pascal va reprendre l'hypothèse selon laquelle c'est lepoids de l'air sur l'eau qui détermine l'altitude qu'elle peut atteindre.

Pour confirmer cette hypothèse, il va imaginerune expérimentation décisive.Pour cela il utilise à nouveau le dispositif de Torricelli : un tube rempli de mercure, renversé, du côté de sonouverture, dans une cuve de mercure.

Le mercure s'établit à un certain niveau dans le tube, laissant du vide au-dessus de lui.

Ce vide allait contre la physique médiévale, qui en niait l'existence, disant que « la nature a horreur duvide ».

Pour éliminer les autres hypothèses, comme celle d'une substance très fine qui passerait à travers le tube pourpousser vers le bas le mercure et créer un « vide », et pour tester seulement celle du poids de la colonne d'air,Pascal décide de mesurer la hauteur du mercure dans le tube à des altitudes différentes, dans une même journée,autrement dit en faisant varier la pression atmosphérique.

Les résultats sont nets : les variations sont fortes etproportionnelles à l'altitude.

Voilà qui donne une grande certitude à l'hypothèse de Torricelli.

Le mercure cesse des'élever dans le tube quand son poids équilibre la pression atmosphérique qu'il subit dans la cuve.

On voit que le but de l'expérimentation est de recréer à volonté le phénomène observé, dans des conditionschoisies, propre à isoler la cause que l'on cherche et que l'hypothèse a proposée.

C'est une démarche active, uneexpérience construite, maîtrisée par l'expérimentateur, qui pose des questions à la nature. 5° L'homme cultivé ne s'intéresse pas seulement, en effet, aux problèmes extérieurs ni surtout techniques.

Il a lesens de l'humain.

Il cherche à se connaître lui-même et à connaître ses semblables.

Selon le mot de Térence, riende ce qui est humain ne lui est étranger. Conclusion. Le savoir n'entrave pas la culture.

Bien au contraire, celle-ci seule peut procurer à l'esprit ce qu'un grand savant a appelé « la joie de connaître ».

Mais, pour faire un homme cultivé, le savoir doit être orienté versautre chose que la simple accumulation des connaissances.. »

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