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L'intérêt personnel est-il le moteur de l'échange ?

Publié le 27/02/2008

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L'intérêt personnel est-il le moteur de l'échange ?

Echanger c’est produire un acte par lequel des individus ou des collectivités se cèdent mutuellement des biens en leur possession, qu’il s’agisse de richesses, de valeurs, de signes etc. L’intérêt personnel se définit comme l’utilité considérée du strict point de vue personnel, c’est-à-dire d’une certaine manière de l’égoïsme. Etre « le moteur « c’est une métaphore pour signifie l’origine et le fondement c’est-à-dire la racine d’une chose qui perdure et qui est présente encore. D’emblée il semble que nous soyons placés dans le champ de l’économique étant donné que le commerce semble être le paradigme de l’échange. Dès lors la question semblerait résolue dès le départ, c’est parce que j’y trouve mon intérêt que j’échange, sinon à quoi bon ? Pourtant n’est-ce pas réduire substantiellement le concept d’échange et le réduire à la sphère économique, à un simple calcul personnel ?

            Si l’intérêt personnel peut être effectivement le moteur de l’échange (1ère partie), l’intérêt personnel ne doit pas se réduire à l’égoïsme (2nd partie), ni réduire l’échange à un simple calcul économique (3ème partie).

 

 

I – L’intérêt personnel comme moteur II – L’intérêt personnel n’est pas un égoïsme

III – L’échange ne se réduit pas à un calcul d’intérêt

 

 

« II – L'intérêt personnel n'est pas un égoïsme a) En effet, l'échange repose sur une communauté d'intérêts bien compris entre des êtres de besoins.

Et c'est bience sur quoi insiste Platon au livre II de la République .

La cité doit être divisé afin de maximiser les ressources de chacun en fonction de ses qualités et de ses aptitudes naturelles.

La division et l'échange sont alors naturels et envue du bien de l'ensemble, de la communauté.

En ce sens, il est raisonnable et rationnel d'échanger.

Dès lors que j'ytrouve mon intérêt ne signifie pas que l'échange se réduise à un pur égoïsme.

Bien au contraire, l'échange est envue de la communauté, c'est pourquoi la justice est définie comme la vertu d'occuper correctement la place qui luiest assignée dans la cité.

L'échange existe parce qu'il y a une communauté d'intérêts.b) Or c'est bien ce que l'on peut voir chez Spinoza dans le Traité théologico-politique , ch.

V : « La société n'est pas seulement utile aux hommes pour la sécurité de la vie ; elle a pour eux beaucoup d'autres avantages, elle leurest nécessaire à beaucoup d'autres titres.

Car si les hommes ne se prêtaient mutuellement secours, l'art et le tempsleur manqueraient à la fois pour sustenter et conserver leur existence.

Tous, en effet, ne sont pas égalementpropres à toutes choses, et aucun homme n'est capable de suffire à tous les besoins auxquels un seul homme estasservi.

La force et le temps manqueraient donc, je le répète, à chaque individu, s'il était seul pour labourer la terre,pour semer le blé, le moissonner, le moudre, le cuire, pour tisser son vêtement, fabriquer sa chaussure, sans parlerd'une foule d'arts et de sciences essentiellement nécessaires à la perfection et au bonheur de la nature humaine ».c) En effet, comme le note Spinoza dans le Traité Théologico-politique : « Aussi voyons-nous les hommes qui vivent dans la barbarie traîner une existence misérable et presque brutale ; et encore, le peu de ressources dont ilsdisposent, si grossières qu'elles soient, ils ne les auraient pas s'ils ne se prêtaient pas mutuellement le secours deleur industrie.

Maintenant il est clair que si les hommes avaient été ainsi organisés par la nature que leurs désirsfussent toujours réglés par la raison, la société n'aurait pas besoin de lois ; il suffirait d'enseigner aux hommes lesvrais préceptes de la morale pour qu'ils fissent spontanément, sans contrainte et sans effort, tout ce qu'il seraitvéritablement utile de faire.

Mais la nature humaine n'est pas ainsi constituée ».

Chacun sans doute cherche sonintérêt, mais ce n'est point la raison qui règle nos désirs ; ce n'est point elle qui prononce sur l'utilité des choses,c'est le plus souvent la passion et les affections aveugles de l'âme, lesquelles nous attachent au présent et à leurobjet propre, sans souci des autres objets et de l'avenir.

En ce sens, l'intérêt n'est pas le seul moteur de l'échange.

Transition : Ainsi l'intérêt n'est pas le seul moteur de l'échange et cela notamment parce que l'homme n'est essentiellement unêtre rationnel.

Il est mu le plus souvent par ses passions et affections c'est pourquoi l'échange déborde justement leseul intérêt personnel.

III – L'échange ne se réduit pas à un calcul d'intérêt a) L'échange ne se réduit pas essentiellement à la l'échange économique et c'est ainsi que nous pouvons retrouver cette notion de partage essentiel à l'échange.

Tous les échanges n'impliquent pas une dimension égoïste ou ledéveloppement d'un calcul de gain magnifiant notre moi.

L'échange dépasse la simple sphère économique.

Et c'estbien ce que Claude Lévi-Strauss dans les Structures élémentaires de la parenté , chapitre V met en exergue avec le cas de l'échange du vin à une table de convive.

Si l'échange était simplement un intérêt nous n'échangerions quetrès peu ou de façon limitée : « Le rituel des échanges n'est pas seulement présent sans les repas de cérémonies[…].

Dans les petits établissements où le vin est compris dans le prix du repas, chaque convive trouve, devant sonassiette, une modeste bouteille d'un liquide le plus souvent indigne.

Cette bouteille est semblable à celle de sonvoisin, comme le sont les portions de viande et de légumes qu'une servante distribue à la ronde.

Et cependant, unesingulière différence d'attitude se manifeste aussitôt à l'égard de l'aliment liquide et de l'aliment solide : celui-cireprésente les servitudes du corps et celui-là son luxe, l'in sert d'abord à nourrir, l'autre à honorer.

Chaque convivemange, si l'on peut dire, pour soi ; et la remarque d'un dommage minime, dans la façon dont il a été servi, soulèvel'amertume à l'endroit des plus favorisés, et une plainte jalouse au patron.

Mais il en est tout autrement pour le vin :qu'une bouteille soit insuffisamment remplie, son possesseur en appellera à la revendication d'une victimeindividuelle, mais à un remontrance communautaire : c'est en effet, le vin, à la différence du « plat du jour », bienpersonnel, est un bien social.

La petite bouteille peut contenir juste un verre, ce contenu sera versé, non dans leverre du détenteur, mais dans celui du voisin.

Et celui-ci accomplira aussitôt un geste correspondant de réciprocité.Que s'est-il passé ? Les deux bouteilles sont identiques, en volume, leur contenu semblable en quantité.

Chacun desparticipants de cette scène révélatrice n'a, en fin de compte, rien reçu de plus que s'il avait consommé sa partpersonnelle.

D'un point de vue économique, personne n'a gagné et personne n'a perdu.

Mais c'est qu'il y a bien plus,dans l'échange, que les choses échangées.

»b) Georges Simmel dans Philosophie de l'argent nous montre effectivement que l'échange ne se réduit pas à sa stricte compréhension économique.

La sphère des échanges la déborde et la dépasse.

Cependant, il est vrai que. »

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