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L'intérêt pour l'histoire est-il refus du présent ?

Publié le 04/02/2004

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histoire
Ce faisant, il introduit dans la réflexion philosophique la nécessité d'une connaissance historique : pour comprendre ce qui est, il faut commencer par analyser ce qui a été. De ce point de vue, l'intérêt pour l'histoire indique, non un refus du présent, mais tout au contraire le souci de l'explorer et de l'interpréter plus justement, comme « conséquence » ou « production » de l'histoire elle-même. IDEALISME : Doctrine philosophique qui fait de la pensée, en opposition à la matière, la réalité première. L'idéalisme hégélien pourra être critiqué par Marx. Il n'en reste pas moins que ce dernier réaffirme, dans son propre système, le primat de la connaissance historique, et considère à son tour qu'en l'absence de cette dernière, toute analyse du présent est vouée à l'incompréhension : il est impossible de comprendre les problèmes de l'organisation moderne du travail si on ignore ses origines et son évolution historique, tout comme il est impossible de comprendre ce que peut être la liberté actuelle, ou ce que pourra être son futur, si l'on n'a pas d'abord la connaissance historique de ses moments antérieurs, des luttes qui en ont ponctué l'histoire, et de la façon dont son élargissement partiel s'est toujours opéré pour résoudre des contradictions sociales. [II. L'intérêt pour l'histoire agit sur le présent] Ce n'est donc pas seulement d'un point de vue politique que l'histoire fonde le présent, c'est, peut-être plus fondamentalement, aussi d'un point de vue philosophique. Dans la philosophie elle-même, telle qu'elle se pratique, il est d'ailleurs aisé de constater, malgré les reproches qui peuvent lui être adressés un peu naïvement à ce propos, que l'intérêt pour sa propre histoire, loin d'être un refus du présent, constitue la conditiond'un travail efficace mené sur ce présent. Travailler les textes classiques ne témoigne pas du tout d'une volonté de s'isoler de l'actualité : peut-être est-ce plutôt le seul moyen de saisir le présent dans la nouveauté des problèmes qu'il fait surgir et dans la manière dont il invite la réflexion à formuler d'autres concepts. Ainsi L'Histoire de la folie de Michel Foucault, par exemple, ne s'est pas contentée de recenser les conceptions anciennes de la « folie », elle a eu pour conséquence d'ébranler ce qui semblait en être la conception actuelle, ne serait-ce qu'en montrant combien la définition de la folie est variable, en fonction des contextes culturels.
histoire

« [III.

L'histoire révèle les préoccupations du présent] On peut aussi montrer que, loin d'être un refus du présent, l'intérêt pour l'histoire en révèle les préoccupations.

Enrenonçant heureusement au principe illusoire d'une objectivité absolue, qui croyait pouvoir réclamer une histoire «d'aucun temps ni d'aucun pays », les historiens eux-mêmes considèrent volontiers que leurs recherches sont aussidéterminées par la société dans laquelle ils vivent.Au-delà des recherches, c'est même le contenu du récit qui varie en fonction du contexte, lui-même historique,dans lequel il est élaboré.

Comme l'affirme Cioran, «ce qui le rend le passé intéressant, c'est que chaque générationle considère d'une façon différente.

D'où la nouveauté intarissable de l'Histoire », et donc ses facultés d'adaptationaux besoins de chaque présent.

On n'interroge le passé qu'à partir des préoccupations présentes : il existe, selonles périodes qui se succèdent dans l'histoire d'une nation, des sujets privilégiés.

En France, le retour de De Gaulle aupouvoir a entraîné un regain d'intérêt, et les recherches subséquentes, pour l'histoire de la Résistance, de laSeconde Guerre mondiale, de la Collaboration, etc.

Symétriquement, l'accession de François Mitterrand à laprésidence a suscité des recherches sur l'histoire de la gauche politique en France, et sur ses figures les plusmarquantes.

Dans de telles situations, l'intérêt pour le passé n'éloigne que très momentanément, ou en apparence,du présent, puisque c'est le présent qui le motive, et puisqu'il doit aboutir à des éclairages plus précis sur ce mêmeprésent ; il ne constitue qu'une sorte de détour momentané, qui prend son origine dans le présent lui-même et dansson obscurité relative.Indépendamment de ces motivations, l'intérêt pour l'histoire se réalise dans des récits variables.

Non qu'il s'agisse defaire dire à l'histoire ce que l'on veut ; c'est plutôt qu'elle ne livre que le sens qu'il est possible, en fonction desdocuments et des techniques d'analyse dont dispose chaque époque, d'en révéler.

Puisque le présent se renouvellepar définition, cela a pour conséquence de renouveler aussi les significations du passé.

Le récit, de ce point de vue,est toujours à reprendre, et, au-delà des faits bruts incontestables, il ne peut exister d'interprétation définitive.

Ilserait pour le moins paradoxal qu'une discipline qui montre la variabilité des choses prétende pour sa part seconstituer de vérités invariables ! [Conclusion] C'est ainsi de diverses manières que l'intérêt pour l'histoire ramène vers le présent.

Qui croirait fuir ce dernier ens'intéressant au passé ne manquerait pas de retrouver dans ce dernier les marques de ce qu'il espérait avoirabandonné.

Pour fuir le présent, mieux vaut se réfugier dans l'imaginaire ou le rêve.

En effet l'histoire ayant affaireavec une réalité qui détermine le présent ouvre à une connaissance de ce dernier, parce qu'elle se soucie de vérité,et non d'imaginaire.. »

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