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Une interprétation peut-elle échapper à l'arbitraire ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Nous comprenons les pensées du rêve d'une manière immédiate dès qu'elles nous apparaissent. Le contenu du rêve nous est donné sous forme d'hiéroglyphes, dont les signes doivent être successivement traduits (übertragen) dans la langue des pensées du rêve. On se trompera évidemment si on veut lire ces signes comme des images et non selon leur signification conventionnelle. Supposons que je regarde un rébus : il représente une maison sur le toit de laquelle on voit un canot, puis une lettre isolée, un personnage sans tête qui court, etc. Je pourrais déclarer que ni cet ensemble, ni ses diverses parties n'ont de sens. Un canot ne doit pas se trouver sur le toit d'une maison et une personne qui n'a pas de tête ne peut pas courir. Je ne jugerai exactement le rébus que lorsque je renoncerai à apprécier ainsi le tout et les parties, mais m'efforcerai de remplacer chaque image par une syllabe ou par un mot qui, pour une raison quelconque, peut être représenté par cette image. Ainsi réunis, les mots ne seront plus dépourvus de sens, mais pourront former quelque belle et profonde parole Le rêve est un rébus, nos prédécesseurs ont commis la faute de vouloir l'interpréter en tant que dessin. C'est pourquoi il leur a paru absurde et sans valeur. »   Une interprétation n'est en un sens jamais complètement arbitraire, puisqu'elle se base sur un fait, sur quelque chose.

Le champ de l’interprétation est au départ circonscrit à l’art d’interpréter les textes sacrés ou profanes. L’ambiguïté de la parole religieuse, l’obscurité des mythes appellent la tâche de l’interprétation.

Toutefois le champ de l’interprétation est désormais immense : langage, art, histoire, etc. Tout ce qui est susceptible d’avoir un sens qui n’est pas immédiatement explicite est susceptible d’être interprété.

Une interprétation est donc d’une certaine manière une conjecture, une hypothèse, une supposition fondée sur des apparences. On présume quelque chose derrière ce qui est apparent. L’interprétation peut également être comprise comme ce qui doit être construit lorsque l’explication n’est plus disponible.

C’est à partir de la dimension de supposition, inhérente à l’interprétation, que l’on peut construire la problématique de ce sujet. Qu’est-ce qui permet de garantir qu’une interprétation est valide, légitime ? Si ce que l’interprétation entend comprendre ce qui se joue derrière les apparences, comment trouver les critères de la bonne interprétation ?

En d’autres termes, il convient de se demander si après tout, chacun ne peut pas faire sa propre interprétation de quelque chose. Ne puis-je interpréter comme je l’entends une œuvre d’art, par exemple ?

Si on ne parvient pas à mettre à jour des critères pour légitimer une interprétation, alors il sera difficile de faire en sorte que l’interprétation échappe à l’arbitraire. Si on veut faire en sorte que toutes les interprétations ne se valent pas, que certaines peuvent plus que d’autres prétendre à la vérité, alors l’interprétation doit pouvoir échapper à l’arbitraire. Mais le peut-elle effectivement ? Si ce n’est pas le cas, il faudra donc aussi en tirer les conséquences. Si l’interprétation est par définition arbitraire, alors en un sens l’interprétation est « libre «, et toujours personnelle.

A l’inverse, si l’interprétation échappe à l’arbitraire, c’est qu’elle peut être justifiée, légitimée, validée. De quoi peuvent dépendre ces justifications, légitimations, validations ?

« l'original.

Nous comprenons les pensées du rêve d'une manière immédiate dès qu'elles nous apparaissent.

Le contenu du rêvenous est donné sous forme d'hiéroglyphes, dont les signes doivent être successivement traduits (übertragen) dans la langue despensées du rêve.

On se trompera évidemment si on veut lire ces signes comme des images et non selon leur significationconventionnelle.

Supposons que je regarde un rébus : il représente une maison sur le toit de laquelle on voit un canot, puis unelettre isolée, un personnage sans tête qui court, etc.

Je pourrais déclarer que ni cet ensemble, ni ses diverses parties n'ont de sens.Un canot ne doit pas se trouver sur le toit d'une maison et une personne qui n'a pas de tête ne peut pas courir.

Je ne jugeraiexactement le rébus que lorsque je renoncerai à apprécier ainsi le tout et les parties, mais m'efforcerai de remplacer chaque imagepar une syllabe ou par un mot qui, pour une raison quelconque, peut être représenté par cette image.

Ainsi réunis, les mots neseront plus dépourvus de sens, mais pourront former quelque belle et profonde parole Le rêve est un rébus, nos prédécesseursont commis la faute de vouloir l'interpréter en tant que dessin.

C'est pourquoi il leur a paru absurde et sans valeur.

» Une interprétation n'est en un sens jamais complètement arbitraire, puisqu'elle se base sur un fait, sur quelque chose.

Jen'interprète pas que quelqu'un est triste par hasard.

Je fais cette conjecture parce qu'il pleure.

En même temps, comment puis-jem'assurer qu'il est réellement triste ? On peut ainsi donner une définition de l'arbitraire : il ne s'agit pas de faire quelque chose de complètement hasardeux : il s'agit« d'arbitrer », de décider d'un sens.

La question de la validité de l'arbitrage se pose alors.

b) Donner un sens. Interpréter, c'est donner un sens.

Ce mot veut tout dire.

Il ne s'agit pas en effet de « trouver » un sens, mais d'en « donner » un. Donner marque la part d'invention de l'interprétation.On peut prendre l'exemple de l'art : jouée par l'un ou par l'autre, une même partition (ou un même texte théâtral) se chargera designifications nouvelles, et peut-être inattendues.

Cela veut-il dire que le sens ne préexiste pas à l'interprétation, et que celle-ci estalors libre ? Il ne faut pas hésiter à prendre de tels exemples concrets, si on en déduit quelque chose d'intéressant pour répondre à la questioninitiale.Ici, on peut déduire de ces exemples le fait que l'interprétation contient une part de création.

En art, et peut-être d'une manière générale, la multitude d'interprétations possibles est même une chance.

Le sens d'une oeuvre,ou d'une action, n'est pas enfermée dans une première, ni même dans une seconde lecture.

De nouvelles interprétations viennentnon seulement augmenter, mais aussi ébranler une compréhension que l'on croyait acquise.

TRANSITION : Mais si on « donne » un sens, à défaut d'en trouver un, qu'est-ce qui permet de légitimer le sens donné ? Faut-ilen conclure que toutes les interprétations sont valables, pour peut qu'elles aient un minimum de justification, c'est-à-dire qu'ellesne soient pas complètement hasardeuses et non fondées, comme pour l'interprétation des larmes de quelqu'un ? Seconde partie : interprétation et vérité.

a) Mieux interpréter. L'expérience de la multitude des interprétations est déroutante : si on ne renonce pas à l'idée de contresens, ou d'erreurd'interprétation, si l'on cherche à évaluer diverses interprétations les unes par rapport aux autres, il faut alors disposer d'un critère,ou à défaut d'un mode de jugement, pour opérer ces distinctions.

L'interprétation, ou son évaluation, n'est donc pas étrangère à la recherche d'une justesse ou d'une exactitude.

En fait, le renouvellement des interprétations en témoigne : si l'on ne se satisfait pas de l'acquis, si l'on cherche à comprendreautrement, c'est aussi que l'on cherche à comprendre « mieux ».

On conçoit mal ce que ce « mieux » voudrait dire, sil'interprétation ne visait pas, d'une manière ou d'une autre, la vérité.Mais à quelles conditions l'interprétation peut-elle accéder à la vérité ?. »

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