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Interpréter est-ce connaitre?

Publié le 25/02/2005

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Selon notre auteur, celle-ci est toujours conscience de quelque chose, c'est-à-dire qu'elle se rapporte toujours, d'un certain point de vue, à un objet. Or, c'est précisément en ce sens qu'il n'y a pas de rapport à l'objet qui ne soit déjà médiatisé, c'est-à-dire interprété. En d'autres termes, les objets ne se trouvent pas, de manière neutre, face à la conscience. Cependant, le type d'interprétation lié à la connaissance que nous venons de découvrir n'est pas un point de vue faux sur le monde, mais le compte-rendu précis de la manière dont les objets viennent à se disposer autour de moi. L'intérêt de la connaissance n'est alors plus spéculatif (mon but n'est plus la connaissance des objets en soi), mais orienté vers l'action (il s'agit de connaître la face des objets qui peut m'être utile). Ainsi, la connaissance ne fournit pas de représentation exhaustive des objets, une image qui leur correspondrait, mais elle m'informe sur les objets qui m'entourent et sur la manière dont je peux agir sur eux.     III - Bergson : connaissance et action   Prolongeant ce que nous venons de dire, Henri Bergson (dans Matière et mémoire) combat l'idée selon laquelle le cerveau aurait pour fonction de former des représentations. En d'autres termes, il s'agit de montrer que connaître, ce n'est pas former une image des objets afin de les connaître en soi, mais interpréter notre environnement afin d'y agir. Bergson bat alors brèche l'idée implicite selon laquelle le cerveau produit des images de la réalité, en considérant plutôt que le monde se donne d'emblée sous la forme d'un composé d'images. L'usage du terme vise à montrer que les images sont hors de la conscience et non dedans.

« On trouve cette citation dans la seconde partie des « Méditations cartésiennes » (1929).

Husserl (1859-1938) est le fondateur de la phénoménologie et le précurseur de ce que l'on nomme l'existentialisme.Le mot d'ordre de la phénoménologie est le retour aux choses mêmes.

Il s'agit dese battre contre une conception positiviste de la science et contre les faux savoirs,pour s'interroger à nouveaux frais sur la façon dot les choses nous apparaissent.Notre citation apparaît dans les « Méditations métaphysiques ».

Le titre dit assez que Husserl entend se réapproprier le projet cartésien de fonder les sciences.

Mais il tente aussi, dans ce qu'il nomme « les temps de détresse », de fonder une véritable science de l'esprit, en se battant à la fois contre le« psychologisme » et contre le modèle des sciences objectives de la nature. « Partout à notre époque se manifeste le besoin pressant d'une compréhension de l'esprit […] Ma conviction est que la phénoménologie a fait lapremière fois de l'esprit en tant qu'esprit le champ d'une expérience et d'unescience systématique, et opéré par-là le retournement total de la tâche de laconnaissance. » On retrouve donc, au départ de notre texte, la même exigence derigueur, de radicalité que chez Descartes .

Husserl aussi pratique une sorte de doute qui consiste à suspendre notre croyance naïve et naturelle au monde et àson existence.

Lui aussi découvre comme première certitude le « Je pense ». Mais Descartes était pressé de fonder la science de son temps, et s'il découvrait le dualisme, il faisait de la conscience une chose qui pense.

Descartes établissait une sorte de parallèle entre la « chose étendue », le corps, et la « chose qui pense », la conscience.Husserl reste attentif à une propriété remarquable de la conscience : « Toute conscience est conscience de quelque chose ». Chaque fois que je pense, je pense bien à quelque chose.

Cela veut dire que le « Je », la conscience vise toujours autre chose qu'elle-même.

La conscience, si l'on veut, n'est jamais enfermée en elle-même, elle est toujours le mouvement de sedépasser vers autre chose, vers un objet.

Que la conscience soit toujours en mouvement vers autre chose, cela signifie quetoute activité psychique est toujours dirigée vers autre chose qu'elle-même.

On ne peut plus, comme tendait à le faireDescartes , assimiler la conscience à une chose ou à une intériorité. Précisément, ce qui différencie la conscience de toutes les choses, de tous les objets –qui sont ce qu'ils sont- c'est soncaractère dynamique, qui fait qu'elle est toujours rapport à autre chose qu'elle-même, dépassement, mouvement, vers unautre.

La pensée porte toujours un rapport au monde.

Etre conscient, c'est d'abord être présent au monde.Les existentialistes (surtout Sartre ) seront particulièrement attentifs à ce que Husserl nomme « intentionnalité », et qui désigne ce caractère de la conscience d'être toujours conscience de .

Voici comment Sartre commente cette formule : « Connaître, c'est s'éclater vers », s'arracher à la moite intimité gastrique pour filer là-bas, par delà soi , vers ce qui n'est passoi, là-bas près de l'arbre, et cependant hors de lui .» La pensée est décrite ici en terme de mouvement, de dynamique, et non plus de « moite intimité ».Non seulement il n'y a pas de commune mesure entre les propriétés de la matière et celles de la pensée, mais il faut ajouterque les choses et la conscience n'ont pas la même manière d'être.

L'existence propre de la conscience est cette capacité dese transcender, de se projeter vers autre chose, de porter un rapport au monde auquel, par-là même, elle est présente.Husserl tire deux autres conséquences de ce caractère majeur de la conscience.

Si je perçois un cube, je déclare « Je vois un cube ».

Or, en toute rigueur, je ne peux pas voir les six faces du cube à la fois.

Cela signifie que ma conscience ne s'en tient jamais à ce qui lui est donné ici et maintenant.

Je vois deux faces du cube, mais j'anticipe sur celles que je vais voir,ou je me remémore celles que j'ai vues.

Autrement dit, une autre caractéristique de la conscience est d'établir dessynthèses, de relier ce qui est perçu ici et maintenant avec ce qui l'a été ou ce qui le sera.

Ce qui amène à dire que laconscience est temporelle, effectue ses synthèses dans le temps.Autrement dit, la citation signifie d'abord que la conscience est toujours le mouvement de se dépasser vers autre chose, deviser autre chose.

Mais il faut aussi comprendre que si ce que je vise (les deux faces du cube) a une signification pour moi(je sais et comprends que j'ai affaire à un cube), c'est que ma conscience a la capacité de dépasser ce qui lui est simplementdonné pour le lier à d'autres représentations passées ou futures.

Le but et l'ambition de la phénoménologie sont le retour aux choses mêmes.

Parlant de la révolution d' Einstein , Husserl déclare : « Ainsi Einstein ne réforme pas l'espace et le temps où se déroule notre vie d'être vivant ». Loin de comprendre ceci comme une attaque contre les sciences (auxquelles fut formé Husserl ), il faut le comprendre et comme une attaque contre le scientisme, et comme la nécessité d'un retour aux questions centrales du sens : « De simples sciences de faits forment une simple humanité de faits.

Dans la détresse de notre vie cette science n'a rien à nous dire.

Lesquestions qu'elles excluent par principe sont précisément les questions qui sont les plus brûlantes à notre époquemalheureuse ce sont des questions qui portent sur le sens ou l'absence de sens de toute existence humaine. » L'ambition de la phénoménologie est donc de questionner le sens, de retrouver le sol où se déroule notre vie d'être vivant,de fonder une science de l'esprit en tant qu'esprit.

Celle-ci commence par la découverte de cette propriété particulière de la. »

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