Intertextualité dans La petite fille qui aimait trop les allumettes
Publié le 18/05/2012
Extrait du document
«
a été abandonnée au profit de la folie, un monde peuplé de personnages ambigus et inquiétants. 2
Tous les points, présentés ci -haut, peuvent être comparés à certains autres qui font une apparition
remarquée dans le roman de Soucy.
Une apparition remarquée pour tout lecteur qui s’est délecté,
auparavant, de la littérature enfantine tirée du géni e de Lewis Carroll.
Dans La Petite Fille qui
aimait trop les allumettes , le personnage héro se prénomme lui aussi Alice.
Ce petit détail nous
met la puce à l’oreille quant au lien qui pourrait être éventuellement établi entre les deux
protagonistes homonym es.
Bien que prononcé très tard dans le roman de Soucy, et de façon assez
subtile pour tout être non attentif, il n’en reste pas moins que, pour une personne qui travaille à
partir de la théorie de l’intertextualité, le prénom apparait brillant comme une é toile illuminée à
la cime d’un sapin de Noël .
« Du calme, Alice » (p.172) , comme quoi de simples mots peuvent
revêti r de lourdes significations.
L’ Alice de Soucy vit, elle aussi, des changements physiques
importants qu’elle relate dans son satané testament :
« — Oui je sais mon ventre est enflé.
Et plus ça enfle, depuis bientôt au- delà de deux
saisons, et plus j’ai l’impression que la perte de mes couilles est cicatrisée dans mon
corps, sinon dans mon âme qui me distingue des pauvres soldats de mon frère, parce que
je ne saigne plus depuis bientôt plus de deux saisons.
Mon ventre enfle et, ce qui est
curieux, c’est que j’ai le s entiment qu’il y a quelqu’un d’autre que moi en- dedans, comme
si je commençais à être quelque chose et demi.
» (p.154)
Ces derniers changements physiques, même s’ils ne sont pas de l’ordre de la métamorphose (ils
font plutôt partie de l’ordre naturel des choses lorsque l’on enfante) , peuvent être comparés à
ceux de l’ Alice de Carroll.
Ils ne l’amènent peut- être pas à une crise identitaire aussi forte que
celle d’Alice Liddell, mais ils ébranlent ses cert itudes à un certain moment dans l’ histoire.
Nous
y re viendrons tout à l’heure.
À l’instar de l’Alice du pays des merveilles, l’Alice de Saint- Aldor
possède de nombreuses connaissances, qu’elle a apprises dans ses différents dictionnaires, mais,
même si elle les utilise lors de sa visite au village, elles ne lui sont pas d’une grande aide.
En fait,
elle mélange plusieurs notions (qui ne sont pas aussi modernes que celles connues du reste des
marioles) qui ne sont pas nécessairement reliées.
Cela embrouille les habitants du village et
donne naissance à de petit s événements cocasses :
« — Et ta maman? Est- ce qu’il n’y a pas ta mère qui vit avec toi?
— Il n’y a jamais eu de putes à la maison, dis -je.
À voir leur tête, je me suis dit que cela appelait des éclaircissements et j’ai ajouté :
— Toutes les mères so nt des putes mais on peut aussi dire saintes vierges si ça nous
chante, la nuance est infime.
Je reçus de l’homme en soutane deux horions très rapides, un avec le plat de la main,
l’autre avec le revers, tout cela en se servant de la dextre et en moins de temps qu’il n’en
faut pour l’écrire.
» (p.70)
Du côté de l’apparence physique, l’héroïne de Gaétan Soucy est tout le contraire de celle de
Carroll pour au moins une caractéristique : la couleur et la texture des cheveux.
La « sauvage a
une frange sur le front » et « le reste de [s]es cheveux est très long et très noir et très abondan t
[…] » (p.82) L’aventurière des pays des merveilles, elle, a de beaux cheveux frisés très blonds et
de longueur moyenne si l’on se fie à un élément du paratexte : la page couverture.
Il est aussi
2 Wikipédia, Alice au pays des merveilles , page consultée le 26 avril 2010, [En ligne], adresse URL :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Aventures_d%27Alice_au_pays_des_merveilles.
»
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