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Jawaharlal Nehru

Publié le 22/02/2012

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Il est quelque peu paradoxal de constater que Jawaharlal Nehru, qui, tout comme Gandhi, fait partie du legs historique de l'Inde, n'a témoigné dans sa jeunesse d'aucune disposition pour la politique. Né dans l'opulence et élevé dans le luxe, il aurait parfaitement pu vivre selon sa classe, c'est-à-dire gagner de l'argent et "réussir" socialement. De fait, à son retour de Grande-Bretagne, à vingt-trois ans, il manifesta le désir, quoique velléitaire, de s'inscrire au barreau et, après y avoir fait son chemin, de succéder à son père qui, à Allahabad, était l'autorité reconnue de la profession. Sans doute Nehru ne considéra-t-il pas sans réserves le genre de vie qui allait devoir être le sien. Il craignait avant tout que ce ne soit une existence sans véritable but. Mais ces scrupules, c'est bien connu, s'effacent habituellement quand les fruits de la réussite semblent à portée de la main. Jawaharlal Nehru, par bonheur, ne se départit jamais de sa défiance, et son esprit inquiet poursuivit sa quête d'objectifs autres qui lui accorderaient de plus grandes satisfactions tant morales qu'intellectuelles.

« assemblées des États.

Ces trois élections générales furent une grande leçon de démocratie pour chaque Indien.Pour la première fois, tout citoyen jusqu'au plus humble put prendre conscience de la part qu'il avait dans lesmécanismes de la démocratie, et de la valeur de son opinion.

Même si de nombreux Indiens furent déconcertés parce mécanisme, l'exercice en soi d'un droit n'en eut pas moins un effet durable et une valeur éducative.

Ledéroulement des élections démontra que la démocratie, bien qu'étrangère aux habitudes et aux vues de la plupartdes Indiens, pouvait être pratiquée dans un pays en voie de développement comptant une vaste majoritéd'analphabètes.

Cet "acte de foi" est certainement l'un des accomplissements les plus spectaculaires de l'Inde deNehru, qui venait d'adopter le suffrage universel pour aussitôt procéder avec succès aux élections démocratiquesles plus vastes que le monde ait Jamais connues. Dans ce qui était donc le cadre d'un système politique démocratique, les dirigeants de l'Inde avaient à élaborer unmodèle de développement économique.

Ce n'était pas chose aisée, en l'absence de modèles préexistants et "prêts àl'emploi" que l'Inde aurait pu adopter.

Elle ne pouvait s'inspirer d'aucun exemple historique, ni faire son choix parmides théories économiques bien déterminées.

Le monde occidental avait fait sa révolution économique et industrielleavant de se donner des systèmes démocratiques libéraux, et les pays communistes avaient instauré des régimesautoritaires à parti unique avant de se prononcer sur ce que serait leur développement économique.

Dans le cas del'Inde, où la pauvreté était endémique, où d'énormes problèmes économiques attendaient d'être résolus, la masse dupeuple eut d'abord le droit à la liberté d'opinion, de vote, et le droit d'exiger la justice économique et sociale bienavant que le pays ait eu les moyens matériels de satisfaire ces besoins.

Il est clair que dans une telle situation, ledéveloppement économique devient une tâche extrêmement difficile.

Là encore, ce fut Nehru qui donna au paysl'impulsion initiale.

Le premier élément d'importance de cette stratégie fut la planification de l'économie, c'est-à-direla recherche du meilleur moyen pour tirer profit des ressources du pays, l'estimation précise des étapes queparcourait l'économie, une perception anticipée des problèmes et un coup d'arrêt à l'évolution capitaliste dont leprincipe cumulatif veut que les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres.

Ce fut dans ce but qu'uneCommission permanente du Plan, dont Nehru était le président, fut instituée le 1er avril 1950.

Et ce fut pour mieuxs'attacher à ces objectifs que la Commission après avoir soigneusement examiné les conditions, potentialités etbesoins économiques du pays formula trois plans quinquennaux.

Les objectifs des deux premiers (1951-1956 et1956-1961) furent atteints du vivant de Nehru.

La mort de Nehru survint avant la fin du troisième plan.

Un rapidesurvol de ces plans montre nettement que, du vivant de Nehru, les investissements consacrés au secteur publicn'ont cessé de croître.

Ils représentaient quarante-neuf pour cent du total du premier plan, cinquante-cinq pourcent du total du deuxième, pour atteindre soixante pour cent du troisième.

Mais est-ce pour autant du socialisme ?L'expansion du secteur public est-elle synonyme de socialisme ? Suffit-il, par des déclarations et des résolutions, dedésigner impérieusement une société socialiste comme but, pour conclure que le pays se dirige sans appel ni fauxpas dans cette direction ? La conception du socialisme diffère selon les orientations politiques.

Pour un grandnombre, il est synonyme de changement radical, violent et institutionnalisé des structures fondamentales de lapolitique et de l'économie, alors que pour d'autres, le socialisme s'identifie à un mouvement lent et pacifique vers unélargissement du secteur public dans l'économie du pays. Pour Jawaharlal Nehru, qui présida aux destinées de l'Inde pendant quinze ans, et qui, en différentes occasions,avait proclamé que le socialisme était le but qu'il assignait à la société indienne, ce concept de socialisme a évoluéavec le temps. Avant l'accession de l'Inde à l'indépendance, et avant que lui-même n'ait des responsabilités gouvernementales, ilpenchait plutôt vers une interprétation radicale du socialisme.

Mais une fois que le pouvoir lui fut confié, aprèsl'indépendance, et quand la situation globale lui apparut dans toute sa complexité, on assista à un certainflottement dans sa conception du socialisme, qui devenait plus ambiguë.

Le mot de socialisme continua toutefoisd'être fréquemment employé. Lors des assises du parti du Congrès en janvier 1955, il fut même dit que "la planification devrait avoir pourperspective l'établissement d'un modèle socialiste de société".

Mais la fréquence d'apparition de ce principe dans lesdiscours était proportionnelle aux acceptions qui lui étaient données.

De nombreuses déclarations avaient pour butde souligner que le "socialisme ne devrait pas être considéré comme un modèle fixe et rigide", qu'il n'en découlait pasnécessairement des changements institutionnels, et que la tâche primordiale devrait être la production accrue derichesses.

L'héritage socialiste de Nehru ne doit donc pas être envisagé comme une plante solide capable de résisteraux vents soufflant de toutes parts, mais plutôt comme un roseau creux se prêtant à toutes sortes de musiques.

Iln'en reste pas moins qu'en termes concrets, son apport au développement économique de l'Inde et à l'enracinementd'un mode de pensée socialiste a été trop durable et considérable pour être négligé, sous prétexte qu'il n'est pasenfermé dans les limites étroites d'une idéologie doctrinaire.

Ce fut sous la direction et l'invitation de Nehru que lesecteur public continua de s'étendre dans l'économie indienne, et ce fut sur son initiative que les industries lourdeset de première nécessité connurent le développement que méritait un grand pays comme l'Inde.

Mais ce fut surtoutpar ses nombreuses interventions publiques qu'il apporta un soutien extraordinaire à la planification, et par unecollaboration assidue aux travaux de la Commission du Plan et de ses organismes associés qu'il exerça une influenceprofondément éducative et fit de la planification l'outil durable d'une politique nationale, dont aucun pays autre queles tenants du communisme n'atteint l'ampleur. La troisième contribution importante de Jawaharlal Nehru fut l'intégration nationale.

C'était une gageure : le peupleindien n'a aucune communauté de langage, de religion, de culture ou de traditions historiques.

Le problème arduauquel le pays était confronté n'avait guère d'exemple dans l'histoire des nations.

L'Inde est un pays multiple aupoint de vue des langues, des religions et des cultures.

Sa structure sociale repose sur un régime de castes qui. »

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