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Jean-Paul SARTRE: HUMANISME ET EXISTENTIALISME

Publié le 05/12/2009

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sartre
On m'a reproché de demander si l'existentialisme est un humanisme. On m'a dit : mais vous avez écrit dans La Nausée que les humanistes avaient tort, vous vous êtes moqué d'un certain type d'humanisme, pourquoi y revenir à présent ? En réalité, le mot humanisme a deux sens très différents. Par humanisme on peut entendre une théorie qui prend l'homme comme fin et comme valeur supérieure. Il y a humanisme en ce sens chez Cocteau, par exemple, quand dans son récit Le Tour du monde en 80 heures, un personnage déclare, parce qu'il survole des montagnes en avion : l'homme est épatant. Cela signifie que moi, personnellement, qui n'ai pas construit les avions, je bénéficierais de ces inventions particulières, et que je pourrais, en tant qu'homme, me considérer comme responsable et honoré par des actes particuliers à quelques hommes. Cela supposerait que nous pourrions donner une valeur à l'homme d'après les actes les plus hauts de certains hommes. Cet humanisme est absurde, car seul le chien ou le cheval pourraient porter un jugement d'ensemble sur l'homme et déclarer que l'homme est épatant, ce qu'ils n'ont garde de faire, à ma connaissance tout au moins. Mais on ne peut admettre qu'un homme puisse porter un jugement sur l'homme. L'existentialiste le dispense de tout jugement de ce genre : l'existentialiste ne prendra jamais l'homme comme fin, car il est toujours à faire. Et nous ne devons pas croire qu'il y a une humanité à laquelle nous puissions rendre un culte, à la manière d'Auguste Comte. Jean-Paul SARTRE

Cet extrait de l’Existentialisme est un humanisme de Sartre se définit comme une défense de l’humanisme sartrien donc de sa redéfinition et que l’explication critique de sa cohérence en référence à la seconde compréhension de l’humanisme – béate et absurde – qu’il récuse. Dès lors, la double détente du texte est claire. Sous le motif d’expliquer la cohérence de sa démarche et de sa pensée, Sartre met en concurrence deux conceptions de l’humanisme suivant deux définitions antagonistes tout en montrant l’absence de sens et de valeur de cette compréhension de l’humanisme comme glorification de l’homme. Dès lors on peut remarquer une articulation ternaire du texte : le retour à l’humanisme (1ère partie : du début du texte à « Par humanisme on peut entendre une théorie qui prend l'homme comme fin et comme valeur supérieure «), l’illustration critique de cet humanisme combattu (2nd partie : de « Il y a humanisme en ce sens chez Cocteau, par exemple, quand dans son récit Le Tour du monde en 80 heures « à « Cela supposerait que nous pourrions donner une valeur à l'homme d'après les actes les plus hauts de certains hommes «) ; enfin, la mise en exergue de son absurdité et le refus d’un culte de l’homme (3ème partie : de « Cet humanisme est absurde, car seul le chien ou le cheval pourraient porter un jugement d'ensemble sur l'homme « à la fin de l’extrait). C’est suivant ces trois moments que nous entendons rendre compte du texte.

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