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La jeunesse de Corneille avant LE CID

Publié le 11/03/2011

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corneille

   Lorsque fut représentée sur la petite scène du Marais, sans doute vers la fin de décembre 1636, la tragi-comédie du Cid, Pierre Corneille avait un peu plus de trente ans.    Il était né, le 6 juin 1606, à Rouen. Il appartenait à une bonne famille de robe, son grand-père ayant été magistrat et son père avocat au Parlement. Il avait passé son enfance tantôt dans la vieille maison de la rue de la Pie, tantôt, pendant les mois d'été, de l'autre côté de la Seine, dans la maison de campagne de Petit-Couronne. A l'âge de neuf ans, il était entré au Collège des Jésuites de sa ville natale ; il y avait eu des succès, particulièrement en vers latins ; il en était sorti à seize ans pour commencer l'étude du droit, que l'on considérait dans la bourgeoisie de ce temps comme le complément nécessaire d'une bonne éducation. Deux ans après, en juin 1624, il avait été reçu avocat.

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« quelque mauvais tour pour se venger de son ancien ami devenu son rival heureux, amenant ainsi des brouilles, desdésespoirs, suivis naturellement d éclaircissements, de justifications et, pour finir, d'une réconciliation générale etd'un double mariage. L'auteur se représentait lui-même sous le nom de Tircis ; la belle jeune fille gardait le nom poétique de Mélite souslequel le fameux sonnet avait déjà célébré ses charmes ; ce sonnet lui-même tenait beaucoup de place dans lapièce : on l'y récitait tout au long et on en reparlait trois ou quatre fois.

Dans un article fort important sur la vie deson frère, le bon Thomas Corneille n'a pas manqué de noter ce trait : « Une aventure galante lui fit prendre ledessein de faire une comédie pour y employer un sonnet qu'il avait fait pour une demoiselle qu'il aimait.

» La pièce faite, Pierre Corneille songea naturellement à la faire jouer.

Il aurait hésité peut-être à aller solliciter lesacteurs de la capitale ; il est probable qu'il n'eut pas à se déplacer.

Une troupe parisienne venait assezrégulièrement donner des représentations à Rouen ; elle y était en 1628.

Corneille dut,un jour, au sortir duspectacle, remettre son manuscrit au directeur de la compagnie, le célèbre Mondory, le même qui plus tard devaitjouer Le Cid.

Les comédiens de ce temps étaient accueillants, n'ayant pas beaucoup de choix, forcés aussi, parceque le public ne se renouvelait guère, de changer souvent leur affiche : on accepta d'emblée l'essai de ce débutantprovincial, et, dès 1629, Mélite fut représentée à Paris, par la troupe qui allait devenir bientôt la troupe du Marais. Sans grand éclat d'abord : 011 l'avait offerte au public sans en faire connaître l'auteur (Corneille parle dans saDédicace du « peu de bruit qu'elle fit à son arrivée, venant d'un homme qui ne pouvait sentir que la rudesse de sonpays, et tellement inconnu qu'il était avantageux d'en taire le nom.

») Cependant le succès peu à peu s'affirme : le jeune poète peut parler « du bonheur de Mélite ».

Les comédiens luidemandent d'autres pièces, et il se hâte d'en écrire ; il est trop sage pour songer un seul instant à quitter sa ville, àabandonner ses fonctions judiciaires ; mais il se sent entraîné vers un destin nouveau ; rassuré maintenant, il croit àsa chance, il commence à croire à son talent. Ses nouveaux essais réussissent ; il vient à Paris pour les répétitions ; il assiste aux premières représentations :elles lui valent de grands applaudissements, qui l'encouragent encore, et quelques modestes bénéfices, qu'il n'ajamais dédaignés.

Il a fait la connaissance de messieurs les auteurs, il tient déjà parmi eux une place très honorable,et maintenant on affiche son nom à la porte du théâtre du Marais. Le voilà définitivement engagé dans cette carrière dramatique qui va se prolonger jusqu'en 1674, pendant près d'undemi-siècle. C'était donc une aventure d'amour qui, éveillant chez lui la vocation poétique, lui avait ouvert la route où il allaitgagner d'abord la réputation, ensuite la gloire.

Il l'a reconnu lui-même dans un passage assez connu de l'Excuse àAriste : J'ai brûlé fort longtemps d'une amour assez grande Et que jusqu'au tombeau je dois bien estimer, Puisque ce fut parlà que j'appris à rimer.

Mon bonheur commença quand mon âme fut prise, Je gagnai de la gloire en perdant mafranchise ; Charmé de deux beaux yeux, mon vers charma la Cour, Et ce que j'ai de nom, je le dois à l'amour. Soyons reconnaissants, nous aussi, à cette jeune fille de Rouen, à cette Catherine Hue (nous savons son nom),sans laquelle Pierre Corneille ne se serait peut-être pas tourné vers le théâtre, sans laquelle peut-être nousn'aurions ni Le Cid, ni tant de chefs-d'œuvre. Elle avait le goût assez bon, elle aimait les vers ; nous n'ignorons pas que, pendant quelques années, le poète laconsulta sur tout ce qu'il écrivait pour la scène.

On aimerait à croire que — comme dans la comédie de Mélite —cette aimable liaison se termina par un mariage.

Il n'en fut rien ; aux yeux de Mme Hue, la mère, ni la jeunesse ni letalent poétique n'étaient une recommandation : à trois ou quatre ans de là elle choisit pour sa fille un sieur Thomasdu Pont, conseiller à la Chambre des Comptes de Rouen, qui lui parut mieux posé et plus mûr.

Pierre Corneille souffritassez longtemps, paraît-il, de cette première déception.

Peut-être la belle Catherine regretta-t-elle quelquefois dene l'avoir pas épousé, surtout après Le Cid : M.

du Pont lui donna moins de gloire. * * * Parmi les huit pièces de théâtre que Corneille a fait représenter avant son premier chef-d'œuvre on compte sixcomédies, une tragi-comédie, Clitandre, et une tragédie, Médée.

Il semble donc plutôt incliné vers le genre comique: mais on s'aperçoit sans peine qu'il cherche sa voie.

Déjà apparaissent en lui ce tempérament original, cet espritd'initiative qui le pousseront toujours à essayer hardiment de nouvelles formes et de nouveaux moyens, quil'empêcheront de s'enfermer jamais dans les mêmes formules, même au lendemain d'un succès. A la comédie de Mélite, relativement simple et d'un tour assez familier, succède l'étrange imbroglio, le romanesqueextravagant de ce Clitandre où le jeune poète s'est amusé à accumuler les jeux de scène les plus violents, lespéripéties les plus invraisemblables, sans parler d'une singulière audace dans le mauvais goût.

Corneille n'a pas eutort de dire de ces deux premiers essais que «peut-être jamais deux pièces ne partirent d'une même main, plus. »

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