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Jonathan Swift : VOYAGES DE GULLIVER

Publié le 22/02/2012

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[...] Ce qui advint de mes compagnons de chaloupe, ou de ceux qui avaient pu s'accrocher aux récifs, ou de ceux encore qui étaient restés sur le navire, il m'est impossible de le dire, mais je crois qu'ils périrent tous. Pour moi, je nageai à l'aventure, poussé à la fois par le vent et la marée. J'essayais parfois, mais en vain, de toucher le fond ; finalement, alors que j'étais sur le point de m'évanouir, et dans l'impossibilité de prolonger la lutte, je m'aperçus que j'avais pied. La tempête s'était considérablement apaisée. La pente était si insensible que je dus marcher près d'une demi-lieue avant de parvenir au rivage, que j'atteignis seulement, me sembla-t-il, vers huit heures du soir. J'avançai à l'intérieur des terres sur près d'un mille, sans pouvoir découvrir trace d'habitation ni d'habitants ; ou du moins, j'étais trop exténué pour en apercevoir.   L'extrême fatigue jointe à la chaleur et à une demi-pinte d'eau-de-vie que j'avais bue en quittant le navire firent que je me sentis fort enclin au sommeil. Je m'étendis sur l'herbe qui était douce et unie et j'y fis le somme le plus profond de ma vie, je crois. Et je pense avoir dormi plus de neuf heures, car lorsque je m'éveillai le jour venait de poindre. J'essayai alors de me lever, mais ne pus faire le moindre mouvement ; comme j'étais couché sur le dos, je m'aperçus que mes bras et mes jambes étaient solidement fixés au sol de chaque côté, et que mes cheveux, qui étaient longs et épais, étaient attachés au sol de la même façon. Je sentis de même tout autour de mon corps de nombreuses et fines ligatures m'enserrant depuis les aisselles jusqu'aux cuisses.   Je ne pouvais regarder qu'au-dessus de moi ; le soleil se mit à chauffer très fort et la lumière vive blessait mes yeux. J'entendis un bruit confus autour de moi, mais, dans la position où j'étais, je ne pouvais voir rien d'autre que le ciel. Au bout d'un instant, je sentis remuer quelque chose de vivant sur ma jambe gauche, puis cette chose avançant doucement sur ma poitrine arriva presque jusqu'à mon menton ; infléchissant alors mon regard aussi bas que je pus, je découvris que c'était une créature humaine, haute tout au plus de six pouces, tenant d'une main un arc et de l'autre une flèche et portant un carquois sur le dos.   Dans le même temps, je sentis une quarantaine au moins d'êtres de la même espèce ou qui me parurent tels, grimpant derrière le premier. J'éprouvai la plus inimaginable surprise et poussai un cri si étourdissant qu'ils s'enfuirent tous épouvantés. Quelques-uns d'entre eux, comme je l'appris par la suite, sautèrent du haut de mes côtes pour échapper plus vite, et se blessèrent en tombant. Néanmoins ils ne tardèrent pas à revenir, et l'un d'entre eux qui s'aventura assez loin pour avoir une vue complète de mon visage, levant soudain les mains et les yeux en signe d'émerveillement, s'écria d'une voix aiguë, mais distincte : Hekinah Degul. [...]
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« [...] Ce qui advint de mes compagnons de chaloupe, ou de ceux qui avaient pu s'accrocher aux récifs, ou de ceux encore qui étaient restés sur le navire, il m'est impossible de le dire, mais je crois qu'ils périrent tous.

Pour moi, je nageai à l'aventure, poussé à la fois par le vent et la marée.

J'essayais parfois, mais en vain, de toucher le fond ; finalement, alors que j'étais sur le point de m'évanouir, et dans l'impossibilité de prolonger la lutte, je m'aperçus que j'avais pied.

La tempête s'était considérablement apaisée.

La pente était si insensible que je dus marcher près d'une demi-lieue avant de parvenir au rivage, que j'atteignis seulement, me sembla-t-il, vers huit heures du soir.

J'avançai à l'intérieur des terres sur près d'un mille, sans pouvoir découvrir trace d'habitation ni d'habitants ; ou du moins, j'étais trop exténué pour en apercevoir. L'extrême fatigue jointe à la chaleur et à une demi-pinte d'eau-de-vie que j'avais bue en quittant le navire firent que je me sentis fort enclin au sommeil.

Je m'étendis sur l'herbe qui était douce et unie et j'y fis le somme le plus profond de ma vie, je crois.

Et je pense avoir dormi plus de neuf heures, car lorsque je m'éveillai le jour venait de poindre.

J'essayai alors de me lever, mais ne pus faire le moindre mouvement ; comme j'étais couché sur le dos, je m'aperçus que mes bras et mes jambes étaient solidement fixés au sol de chaque côté, et que mes cheveux, qui étaient longs et épais, étaient attachés au sol de la même façon.

Je sentis de même tout autour de mon corps de nombreuses et fines ligatures m'enserrant depuis les aisselles jusqu'aux cuisses. Je ne pouvais regarder qu'au-dessus de moi ; le soleil se mit à chauffer très fort et la lumière vive blessait mes yeux. J'entendis un bruit confus autour de moi, mais, dans la position où j'étais, je ne pouvais voir rien d'autre que le ciel.

Au bout d'un instant, je sentis remuer quelque chose de vivant sur ma jambe gauche, puis cette chose avançant doucement sur ma poitrine arriva presque jusqu'à mon menton ; infléchissant alors mon regard aussi bas que je pus, je découvris que c'était une créature humaine, haute tout au plus de six pouces, tenant d'une main un arc et de l'autre une flèche et portant un carquois sur le dos. Dans le même temps, je sentis une quarantaine au moins d'êtres de la même espèce ou qui me parurent tels, grimpant derrière le premier.

J'éprouvai la plus inimaginable surprise et poussai un cri si étourdissant qu'ils s'enfuirent tous épouvantés.

Quelques-uns d'entre eux, comme je l'appris par la suite, sautèrent du haut de mes côtes pour échapper plus vite, et se blessèrent en tombant.

Néanmoins ils ne tardèrent pas à revenir, et l'un d'entre eux qui s'aventura assez loin pour avoir une vue complète de mon visage, levant soudain les mains et les yeux en signe d'émerveillement, s'écria d'une voix aiguë, mais distincte : Hekinah Degul.

[...]. »

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