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Le Joueur D'Échec - Zweig

Publié le 21/07/2010

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Ce livre a été publié en 1943, soit deux ans avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une guerre qui laissa bien plus que des mauvais souvenirs. Stéphane Zweig raconte « avec ce style pénétrant bien à lui «, l’histoire d’un champion du monde d’échecs Mirko Czentovic, « dont la vie semble se résumer au mouvement des pièces sur le carreau d’échiquier «. Cet homme froid et énigmatique. Durant d’une partie d’échecs opposant ces deux hommes, lors d’un voyage sur un paquebot faisant le trajet New York et Buenos Aires. Célèbre représentant de la littérature autrichienne, il est vu comme l’incarnation « de la vie culturelle viennoise de l’entre-deux-guerres «. Docteur en philosophie, traducteur et poète, il est connu pour des œuvres telles que Amok, vint-quatre heures de la vie d’une femme, il est aussi un excellent biographe. Fervent adepte du pacifisme, il ne cessera d’écrire contre la guerre à travers ses ouvrages tels que Jérémie.  La montée du nazisme sera donc vécue comme une sorte de terreur par lui vers la fin des années 30.  Tout comme son personnage principal, l’auteur a le cœur déchiré et l’âme torturé, si bien que même l’écriture ne lui sera d’aucune aide…  « Puissent mes amis voir encore l’aube après la longue nuit, moi je ne peux plus attendre, je pars avant eux «. C’est ainsi que Zweig conclut le mot expliquant les raisons de son suicide.    Pour lui, Le joueur d’échecs était une histoire trop courte pour écrire un roman mais aussi trop longue pour une nouvelle.    Pour certains, elle reste comme le testament de l’écrivain.    Cette nouvelle est écrite sur le fondement du récit en abîme ; c’est-à-dire que des récits viennent s’intercaler dans le récit principal, apportant une autre dimension à celui-ci mais aussi, leur lot d’importance.    La narration du récit sera faite par plusieurs personnages dont le narrateur lui-même, Mac Connor, le champion d’échecs, Monsieur B., la femme du narrateur et plusieurs autres personnages anonymes.    Chacun a un rapport différent avec les échecs. Par exemple, le narrateur y joue par plaisir mais aussi pour « séduire « Czentovic, tandis que celui-ci y joue parce que c’est son métier. Mac Connor y joue pour le plaisir de la victoire, par fierté, par orgueil tandis que monsieur B. y jouet parce que c’est son moyen de survie durant sa détention.  Toutefois, deux personnages se rapprochent vis-à-vis de leur rapport avec le jeu d’échecs : Czentovic et monsieur B. tous deux considèrent les échecs comme une raison de vivre ; le champion, parce qui lui ont permis de donner un sens à sa vie médiocre et jusque là négligée par son entourage. Pour monsieur B. c’est un moyen de survivre.  L’œuvre de Stéphane Zweig n’apporte rien sur le plan purement technique constituant les échecs. Toute « l’intrigue’ du récit réside dans l’analyse des personnages, le brossage qu’en fait l’auteur, leur présentation.    Le récit débute avec l’histoire de Mirko Czentovic, parti de rien et devenu un célèbre joueur d’échecs, alors que rien n’aurait le prédestiner à cela. Le narrateur détaille l’enfance de celui-ci, ne se privant d’adjectifs ou d’expressions plutôt péjoratifs, tels que « un jeune paysan borné «, « un garçon apathique et taciturne « etc.… . C’est achevant une partie d’échec contre le maréchal des logis que le garçon découvrira son don inouïe pour les échecs. Il en deviendra champion du monde à vingt ans.  Malgré cette faculté, Mirko ne cessera d’éviter les rapports sociaux avec son entourage et encore plus avec des étrangers. Il persistera à s’enfermer dans une sorte posture, se protégeant et protégeant aussi le monde d’une certaine façon, de « son ignorance et sa bêtise «.    Monsieur B nous ait dévoilé dans la seconde partie de ‘l’intrigue. Il est présenté comme quelqu’un de triste, déchiré et totalement détruit. Contrairement à Czentovic, il a côtoyé les échecs dans des conditions horribles de guerre, de gestapo et de déportation. En effet, prisonnier d’un temps sans fin, son mode ne se compose que d’une table, d’une chaise, d’un lit et d’une porte. Porte qui peut aussi se révéler être l’interprétation de ce que représentaient les échecs pour Monsieur B. Car pour ne pas sombrer dans la dépression totale, il va s’intéresser aux échecs jusqu’à l’aliénation. Le régime dont auquel il était sujet, était une méthode de la Gestapo, dans le but de faire parler les détenus. Il réussi à dérober une livre d’explication d’échecs : le manuel des 150 parties des Grands Maitres. Les échecs, les parties mentales jouées et rejouées tout au long du séjour qu’il fera dans sa cellule, lui permettront de mieux gérer ses interrogatoires, de parer les pièges de ses geôliers, les déstabilisés parfois. Mais une fois l’attrait pour le livre passé, il entreprit de jouer des parties contre lui-même. Dans un premier temps, cela se passe bien mais au fur et à me sure son esprit se dédouble, on pourrait même ajouter frise la schizophrénie…  L’histoire de Monsieur B. est une histoire dans l’histoire… sa folie psychique conduite par les échecs peut-être interprétée comme le reflet de la société, de son mal… celui causé par la guerre… .    La suite et fin de l’intrigue aiguillera le lecteur jusqu’à la rencontre des deux personnages si différents mais pourtant si semblables, incarnant à eux deux, deux grands maux de la société actuelle, qui finalement sont liés. Monsieur B. lors de son internement en hôpital psychiatrique a été avertit par un médecin que rejouer aux échecs le ferait replonger dans sa folie, et que s’il voulait l’éviter, le mieux était d‘abandonner cette idée. Pourtant, il ne résiste pas à l’idée de jouer contre le champion d’échecs, celui-ci ayant compris que sa lenteur exaspère et stresse son adversaire, Monsieur B. qui sait d’avance ce que jouera Czentovic se sert de ce trait pour le contrer. Ce qui lui vaudra d’être battu deux fois, malgré la dernière partie inachevée. Czentovic dira de lui qu’il est tout de même « remarquablement doué «.    Plusieurs thèmes ressortent de ce récit tels que les échecs bien évidement, mais aussi ses conséquences, telles que la mégalomanie, le changement perpétuel de joueur, cherchant peut-être à montrer que les hommes sont semblables aux pièces d’un échiquier aux yeux de tyrans ou de dictateurs tels que Hitler : interchangeables. Le titre même développe cet ambiguë en français : désigne-t-il un joueur en particulier ou le joueur en général ? Pour le livre ne serait-il pas plus judicieux de mettre les joueurs d’échecs, ou le jeu d’échecs ?    Le lecteur n’a que très peu d’information concernant « l’environnement « du récit. Par exemple, le contexte historique est identifiable seulement par le récit de Monsieur B. Le récit semble dont se situer pendant la période de la montée du nazisme.    Exilé volontaire au Brésil Stéphane Zweig est d’autant plus attentif aux problèmes détruisant l’Europe, dominée par un national-socialisme extrême. On retrouvera donc ce contexte historique à travers le récit de monsieur B., tout comme la situation en Autriche, lorsque il raconte son arrestation. Il parle de la gestapo et ses méthodes peu orthodoxes, sa torture mentale qui consiste à laisser le prisonnier seul, totalement démuni. Ce sera une véritable croix pour monsieur B. « le néant, rien, ne…jamais, scandent le récit de ces longs mois et toute la difficulté est de dire l’indicible. Cette torture est le comble de du raffinement de la cruauté. «    « C’est aussi une histoire assez compliquée et qui pourrait tout au plus, servir d’illustration à la charmante époque où nous vivons «. Le récit de monsieur B. illustre la situation de l’Europe entière, illustré par l’utilisation du pronom personnel sujet « nous « à la place du « je « par Monsieur B. La guerre est présente par l’emploi du lexique de la guerre, pour caractérisée la partie d’échecs.  Le jeu en lui-même peut incarner la lutte en l’esprit libre et l’esprit formaté, l’humanisme et la barbarie. Monsieur B. est l’illustration de la pensée de Zweig pour qui, l’esprit ne peut gagner face au pouvoir.

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