Devoir de Philosophie

Le juste et l'injuste ne sont-ils que des conventions ?

Publié le 16/07/2005

Extrait du document

Il est facile d'être informé de la relativité apparente des notions de juste et d'injuste et de leurs applications : certains Etats ont supprimé la peine de mort alors que d'autres la conservent. Le juste et l'injuste sont en effet définis par le droit, qui est formulé de façon locale ou nationale, par un ensemble de lois et de sanctions prévues en cas d'infraction. Faut-il s'en tenir à cette diversité, ou doit-on chercher à concevoir au contraire le juste et l'injuste comme fondés autrement que sur de simples conventions arbitraires, et, au moins potentiellement, comme universels?

Doit-on penser qu'il n'existe aucune autre justice que celle décidée par les hommes? Mais sa définition peut-elle alors évoluer selon les époques, selon les lois en vigueur? Une valeur suprême comme la justice n'a-t-elle pas une essence plus objective, plus atemporelle?

 

  • I. Ce qui est juste est affaire de conventions entre les hommes.
  • II. La justice s'impose aux hommes.
  • III. La convention correspond au juste.

 

« différents pays.

Or, un simple regard, nous montre le contraire.

Ce qui est autorisé ici et défendu là-bas.

Lerelativisme juridique est une évident.

Pascal dira: "Sur quoi [le souverain] la fondera-t-il, l'économie du monde qu'il veut gouverner ? Sera-ce sur le caprice de chaque particulier ? Quelle confusion ! Sera-ce sur la justice? Il l'ignore.Certainement, s'il la connaissait, il n'aurait pas établi cette maxime, la plus générale de toutes celles qui sontparmi les hommes, que chacun suive les moeurs de son pays ; l'éclat de la véritable équité qui auraitassujetti tous les peuples, et les législateurs n'auraient pas pris pour modèle, au lieu de cette justiceconstante, les fantaisies et les caprices des Perses et Allemands.

On la verrait plantée par tous les États dumonde et dans tous les temps, au lieu qu'on ne voit rien de juste ou d'injuste qui ne change de qualité enchangeant de climat [...].Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà.De cette confusion arrive que l'un dit que l'essence de la justice est l'autorité du législateur, l'autre lacommodité du souverain, l'autre la coutume présente ; et c'est le plus sûr : rien, suivant la seule raison,n'est juste de soi ; tout branle avec le temps.

La coutume fait toute l'équité, par cette seule raison qu'elleest reçue ; c'est le fondement mystique de son autorité.

Qui la ramène à son principe, l'anéantit." Ce texte de Pascal s'ouvre sur une question qui s'adresse à tout gouvernant d'un État : sur quel principecelui-ci doit-il fonder l'organisation (« l'économie ») de la société qu'il veut gouverner ?S'agit-il de fonder le droit sur « le caprice de chaque particulier» ? Pascal rejette cette solution qui ne peutaboutir qu'à une confusion, celle qui résulte des désirs changeants et contradictoires de chacun, où nulgouvernement ne peut trouver sa cohérence.S'agit-il de le fonder sur l'idée de la justice et de régler les lois sur ses exigences ? Or, pour Pascal, les princesignorent ce qu'est la justice universelle, et c'est cette thèse qu'il va tenter de démontrer dans ce texte.S'ils connaissaient une telle justice, en effet, ils n'auraient pas établi cette règle, « la plus générale de toutescelles qui sont parmi les hommes », qui consiste à affirmer que « chacun suive les moeurs de son pays » et laconception de la justice que les traditions développent chacune en particulier.

Descartes lui-même, dans leDiscours de la méthode, reprendra à son compte une telle règle, lorsqu'il adoptera une « morale provisoire »pour accompagner l'épreuve du doute : suivre les moeurs de son pays et les valeurs qu'elles établissent.Une telle règle, si communément admise, prouve que nul n'a pu déterminer la justice universelle, celle qui seserait imposée à tous les peuples avec l'évidence de la vérité.

Si une telle vérité existait, elle aurait soumistous les peuples, non par la contrainte qu'imposent les guerres, mais par la seule force de la reconnaissance «de la véritable équité ».

Celle-ci se serait imposée d'elle-même, enracinée (« plantée ») dans le coeur deshommes et dans leurs États, en tout lieu et en tout temps.Or, l'histoire nous montre une « relativité » des conceptions du juste et de l'injuste qui parle d'elle-même.

Cequi est juste ici est considéré comme blâmable là et réciproquement.

Ce qui est le bien en France (au-deçàdes Pyrénées) est une erreur ou un vice en Espagne (au-delà des Pyrénées).

Nous ne pouvons que nousmoquer alors d'une justice qui « change de qualité en changeant de climat », justice qui doit être davantageobjet de plaisanterie (« plaisante justice ») que de respect.

Pascal ne se contente pas ici de dénoncer l'incapacité de la raison à déterminer les principes de la justiceauthentique et universelle.

Sur cette impuissance, nous dit-il, les hommes tirent des conclusions sur la naturede la justice, contre lesquelles il s'oppose.

Les philosophes, en effet, au lieu de remettre en cause la relativitédes conceptions du juste et de l'injuste, ne trouvent rien de mieux que d'essayer de la légitimer, ajoutantencore plus à la confusion.L'un, confondant la justice de Dieu et le pouvoir du souverain, affirmera que « l'essence de la justice estl'autorité du législateur » et que c'est lui, qui du haut de l'arbitraire de son bon-vouloir, décide de ce qui doitêtre considéré comme juste ou injuste.

Tel autre affirmera que cette autorité repose sur « la commodité dusouverain », sur ce qui lui agrée et constitue son intérêt propre.

D'autres enfin soutiennent que la seuleautorité de la justice provient de la force de la coutume, le temps et l'usage ayant ainsi force de loi.

Cetteforme de scepticisme moral repose sur l'idée que la raison ne nous découvre aucune justice absolue.Or, ici, les philosophes établissent, selon Pascal, un faux lien causal et concluent abusivement, del'impuissance de la raison à déterminer les critères de la justice universelle à sa relativité fondamentale.

C'estsurtout la coutume qui pousse les hommes à croire de telles choses : « la coutume fait toute l'équité », croit-on, et pour cette seule raison qu'elle a été reçue par les Anciens.

Justification de fait et non de droit, et c'estlà tout le fondement de son autorité, à savoir l'usage, que Pascal appelle ironiquement « mystique » car il nese laisse pas argumenter par des discours.De même que le mystique religieux ne peut discourir sur les expériences du divin qu'il éprouve, ceux qui fontde la coutume le principe de la justice ne peuvent discourir sur le fondement de cette conception car, enréalité, elle n'en possède pas.

Le véritable fondement mystique de la justice est, pour Pascal, celui que nousrévèlent les Saintes Écritures de la Bible et, pour les élus, les lumières de la foi.

Or la raison humaine estincapable d'atteindre cette vérité qui concerne le coeur, non la raison ni la coutume.

La relativité des règles de droit contredit l'idée de justice universelleA.

L'impossible universalitéLes règles de droit sont relatives au temps et au lieu.

Cela signifie qu'elles ne s'appliquent effectivement quedans un temps et dans un lieu déterminé : leur validité ne s'étend pas au-delà.Dans les faits, il semble décidément en être ainsi : les codes de droit changent au cours de l'histoire.

Ils n'ontpas le même contenu d'un pays et d'une époque à l'autre.

Ainsi Pascal affirme-t-il : « Le larcin, l'inceste, le. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles