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Y a-t-il un juste principe de rétribution du travail ?

Publié le 15/02/2004

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travail
La seconde est la justice distributive : elle s'applique à la répartition des biens et des honneurs au sein de la cité (cette répartition est fondée sur les mérites, on parle ici d'égalité géométrique). Enfin, la justice corrective proportionne les sanctions à la gravité de la faute. Elle est fondée sur un jugement établissant une proportion entre l'intention de l'accusé et la réalité de son acte. Nous essaierons donc de nous inspirer de la triple définition Aristotélicienne de la justice pour définir un juste principe de rétribution du travail.   I.                    Rétribution du travail et justice commutative   a.      Le fondement de la justice commutative est l'égalité arithmétique Nous commencerons par étudier la justice commutative. Celle-ci, comme nous l'avons posé en introduction, repose sur l'égalité arithmétique. Il ne s'agit pas d'établir une équivalence arbitraire entre un bien et un paiement, un service et une rétribution, qui jaugerait l'une par rapport à l'autre en fonction d'une norme. Mais il s'agit d'une rigoureuse égalité entre le bien offert et le paiement donné en échange.

Le terme « travail « désigne toute activité exercée en vue d’obtenir un résultat utile, c'est-à-dire servant valablement de moyen à la réalisation d’une fin. Plus spécifiquement, il est l’ensemble des activités accomplies par l’homme pour produire des biens et des services en contrepartie desquels il est rémunéré. La rétribution du travail est la valeur monétaire reçue par le travailleur en échange de sa force et de son temps de travail. Si nous cherchons à établir un juste principe de rétribution du travail, nous cherchons à trouver un critère par rapport auquel la force et le temps de travail de l’individu sont proportionnées à la rétribution qu’il reçoit. Ce critère dépend donc d’une définition précise de la justice, qui, nous allons le voir peut en recevoir plusieurs. En effet, dans l’Ethique à Nicomaque, Aristote distingue (livre V) trois espèces de justice. La première est la justice commutative : elle repose sur l’égalité arithmétique (un échange est juste lorsque les services ou les biens échangés ont strictement la même valeur). La seconde est la justice distributive : elle s’applique à la répartition des biens et des honneurs au sein de la cité (cette répartition est fondée sur les mérites, on parle ici d’égalité géométrique). Enfin, la justice corrective proportionne les sanctions à la gravité de la faute. Elle est fondée sur un jugement établissant une proportion entre l’intention de l’accusé et la réalité de son acte. Nous essaierons donc de nous inspirer de la triple définition Aristotélicienne de la justice pour définir un juste principe de rétribution du travail.

travail

« Nous critiquerons ici le critère de justice commutative comme principe derétribution du travail en nous servant de l'analyse de Marx dans Le Capital .

En effet, Marx montre bien que la rétribution du travail en fonction des heures detravail ne peut être dite réellement juste, dans la mesure où le critère derétribution du travail est plutôt à chercher dans le travailleur que dans unenorme extérieure.

Il se peut qu'un individu ait plus de besoins qu'un autre, etqu'à travail égal, en terme de qualité et de quantité, la rétribution ne le soitpas, puisque l'un pourra être pleinement satisfait de la valeur monétaire qu'ilrecevra en échange, alors qu'un autre individu la trouvera insuffisante.

Nousne pouvons dire que la juste rétribution du travail se fait en fonction ducritère de justice commutative. II.

Rétribution du travail et justice distributive a.

Le fondement de la justice distributive est l'égalité géométrique Au contraire de la justice commutative, le fondement de la justice distributiveest l'égalité géométrique.

Il ne s'agit pas de donner à tous la même chose,mais de donner à chacun en fonction de son mérite.

Celui qui aura plustravaillé recevra plus, l'élève qui aura fourni le plus d'efforts sera mieuxconsidéré (mieux rétribué socialement par ses professeurs, en quelque sorte) que celui qui sera parvenu aux mêmes résultats sans difficultés. b.

Critique de la justice distributive comme principe de juste rétribution du travail La difficulté à laquelle nous nous heurtons, lorsque nous faisons de la justice distributive le principe de rétribution dutravail, est que la rétribution en fonction du mérite individuel paraît une norme difficile à mettre en place dans denombreuses situations concrètes.

Notre critique sera donc d'ordre pragmatique dans ce cas précis : si nous faisonsdu mérite le principe de juste rétribution du travail, comment évaluer le mérite d'un travailleur sur une chaîne demontage, d'une caissière dans un supermarché ? Le problème de ce critère se pose en effet à chaque fois que nousavons affaire à des activités professionnelles qui demandent un faible niveau de qualification, qui ne permettentprécisément pas à l'individu de faire preuve d'un quelconque mérite.

Ce n'est donc pas avec le critère de la justicedistributive que nous rencontrons un principe de juste rétribution du travail. III. Rétribution du travail et production de valeur par les individus a.

Les différentes théories de la valeur travail Nous tiendrons dans cette partie qu'il y a bien un juste critère de rétribution du travail, qui est la celui de la valeurdes biens produits par le travailleur.

En effet, une juste rétribution du travail sera celle qui proportionnera le montantde la rétribution en raison directe de la valeur des produits générés par l'activité du travailleur.

L'inconvénient decette définition est la difficulté à rendre raison du concept de valeur.

Pour le philosophe du XIXème siècle Ricardo,et son successeur, Marx, le travail est créateur de valeur, c'est-à-dire qu'il est la source de la valeur desmarchandises.

Plus un objet a demandé du travail, plus il a de la valeur.

Ainsi, pour reprendre l'expression de Marxdans Le Capital la valeur d'une marchandise équivaut à « la quantité du temps de travails social incorporé dans cet objet », c'est-à-dire du temps de travail permettant d'acquérir les valeurs d'usage nécessaires à la reproduction des forces du travailleur. b.

Le principe de juste rétribution du travail : la proportionnalité entre la rétribution et la production d'une « utilité marginale » La théorie de Ricardo et de son épigone Marx a été remise en question dans la suite de l'histoire de l'économie.

Onlui préfère aujourd'hui la théorie de l'utilité marginale : la valeur d'un objet décroit en fonction de sa disponibilité pourl'usager.

Le désir pour un produit diminue donc à chaque incrément (c'est-à-dire à chaque nouvelle augmentation dela disponibilité du produit).

C'est donc le rapport entre l'utilité et la disponibilité d'un projet qui est créateur de lavaleur, plutôt que le temps de travail nécessaire à la production des biens.

Cette définition de la valeur nous permetdonc de proposer une réponse à la question : il y a bien un juste principe de rétribution du travail, qui consiste àrémunérer un individu en fonction de la valeur des biens qu'il produit, valeur définie par le concept d'utilité marginale. Conclusion : A première vue, le juste principe de rétribution du travail est tout simplement le temps de travail : plus un individutravaille, plus il est juste qu'il soit rémunéré.

Mais cette définition égalise les besoins des individus, comme s'il étaitjuste que des individus aux besoins distincts reçoivent une rétribution égale.

Le critère du mérite n'est pas plussatisfaisant, car il ne peut être appliqué dans toutes les situations concrètes du travail dans le mondecontemporain.

C'est finalement la valeur des produits du travailleur, valeur définie à partir du concept d' «utilitémarginale », qui fournit le principe de juste rétribution du travail.. »

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