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Justice et force

Publié le 13/01/2004

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justice
CITATIONS: Calliclès : « La justice consiste en ce que le meilleur ait plus que le moins bon et le plus fort plus que le moins fort. Partout il en est ainsi, c'est ce que la nature enseigne, chez toutes les espèces animales, chez toutes les races humaines et dans toutes les cités ! » Platon, Gorgias, Ive s. av. J.-C.La loi dont le sophiste Calliclès fait ici l'apologie est la loi du plus fort, qui s'oppose à la justice conventionnelle des hommes en ce qu'elle légitime la domination du puissant sur le faible. « Ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. » Pascal, Pensées, 1670 (posth.) « La force elle-même, en tant qu'elle est vraiment force, ne se conserve que par l'effet de la loi et du droit. » Jamblique, Protreptique, IIIe-IVe s.
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« Justice, force.Il est juste que ce qui est juste soit suivi ; il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi.La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique.La justice sans force est contredite, parce qu'il y a toujours des méchants.

La force sans la justice estaccusée.

Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fortou que ce qui est fort soit juste.La justice est sujette à dispute.

La force est très reconnaissable et sans dispute.

Aussi on n'a pu donner laforce à la justice, parce que la force a contredit la justice et a dit qu'elle était injuste, et a dit que c'étaitelle qui était juste.Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fut juste. La justice et la force sont-elles irrémédiablement séparées ou peuvent-elles s'accorder en se prêtant un appuimutuel? Voilà la question à laquelle répond ce texte, en montrant la confusion profonde que la force introduitdélibérément et à son seul profit entre les deux notions. 1.

Les principes : justice et force sont radicalement dissemblables (lignes 1 à 6, jusqu'à « ...

ce qui est fortsoit juste »). A.

Justice et force ne sont pas respectées de la même façon : dans les faits, il est possible de ne pas se conformerà la justice.

Mais cela est injuste, cela contrevient à des normes éthiques.

Au contraire, il est impossible de résisterà la force, la soumission est « nécessaire » (ligne 1), car la force est précisément une capacité de contrainte.Respecter la première résulte d'un choix, d'une décision libre.

Se soumettre à la seconde est inévitable. B.

Pas de justice sans force et pas de force sans justice : sans l'appui de la force, la justice est incapable de seréaliser.

Elle reste à l'état de principe, de « voeu pieu » et n'existe pas véritablement.

En effet, elle est toujours enbutte à ses adversaires, les « méchants », qui usent, eux, de la force (ligne 3) et ont le dessus, étant donnée lafaiblesse de la justice.

Réciproquement, la force sans justice est « tyrannique » (ligne 2).

On conteste alors salégitimité.

La justice sans force est inexistante, et la force sans justice n'est plus qu'une insupportable violence. C.

Séparées l'une de l'autre, ces deux notions sont incomplètes et imparfaites.

La conséquence de ce constat est,en principe, évidente : « Il faut donc mettre ensemble la justice et la force » (lignes 4 et 5).

Autrement dit, ilconvient, d'un même mouvement, de pallier la faiblesse de la justice sans force et de rectifier la force dépourvue dejustice.Toutefois, est-il possible d'unifier ces deux termes sans que l'un fasse disparaître l'autre ? 2.

Les faits : la justice et la force sont réunies sous la bannière de la force. A.

Une justice sans visibilité : Pascal présente ici une différence entre force et justice qui prépare leur réunionultime.

La justice peut être « contredite » (ligne 3), parce qu'elle n'est pas identifiable en elle-même.

Pour se fairereconnaître et triompher, elle aurait besoin de la force, qui est, elle, « reconnaissable » (ligne 7), puisqu'elle est, pardéfinition, capable de s'imposer. B.

La supériorité de la force : face à une justice incapable de se faire reconnaître comme telle, la force peutrevendiquer pour elle-même le nom de justice et le dénier à la justice véritable.

La force a non seulement lacapacité de contraindre physiquement, mais aussi de discréditer son opposé.

Elle peut éviter d'être « accusée »(ligne 4), parce qu'elle peut appeler « tyrannique » la justice réelle.

Ce qui n'était qu'une simple différence dans lesprincipes devient une opposition radicale dans les faits : force et justice ne sont pas seulement distinctes, ellessont antagonistes. C.

En conséquence, force et justice sont apparemment réunies : la force se proclame elle-même juste, et qualifie lajustice réelle d'injuste.

On assiste en réalité à la confiscation du terme de « justice » par la force et à la disparitioncorrélative de la justice véritable.

Il n'y a plus de norme extérieure à ce qu'impose la force dans les faits : les textesde lois et le droit ne sont que le reflet de ce qu'impose la violence et non pas l'expression de la justice ou del'équité.

Le droit se réduit au fait, car, entre force et justice, le combat est trop inégal. Discussion. Le but de ce texte est avant tout apologétique : il montre l'inanité des tentatives purement humaines pour atteindrela justice, car c'est l'impuissance de l'homme à reconnaître la justice et à l'imposer que souligne Pascal.

Seul Dieuparaît en mesure d'imposer la justice, car lui seul unit la clairvoyance à la puissance.On peut toutefois opposer au constat désabusé de Pascal les protestations de Rousseau : la justice est, selon lui,aisément reconnaissable grâce à la voix toute puissante de la conscience.

De plus, il est impossible de réduire ledroit au fait sans aboutir à d'insurmontables contradictions (Du Contrat Social, livre I, chapitre III).. »

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