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La justice: une institution et une valeur ?

Publié le 09/02/2004

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justice
Juger ou judicare, c'est « dire le droit », jus dicare. D'une façon générale, la justice désigne alors l'institution dont la fonction est d'appliquer les lois, c'est-à-dire le pouvoir judiciaire. Mais la justice désigne aussi la valeur qu'on attache au jugement rendu et aux lois au nom desquelles ce jugement est rendu. En ce sens, on parlera, par exemple, de lois justes ou injustes, de la justice ou de l'injustice de la décision du juge.Cette ambiguïté de la notion de justice explique sans doute l'ambivalence dont elle semble affectée. Contrairement aux autres valeurs, comme la vérité, ou encore la liberté, la justice est tout autant réclamée que décriée. Il peut sembler facile de lever l'ambiguïté, si l'on tient compte des deux sens du mot. On dira alors que c'est au nom de la justice comme valeur qu'est critiquée la justice comme institution.Pourtant, les choses ne sont pas aussi simples. Certes, protester contre l'injustice d'une loi, c'est protester contre un ordre établi au nom d'une idée de la justice qui lui est supérieure.
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« justice qu'on peut considérer comme « naturelle » s'oppose à la justice « conventionnelle », aux lois de la cité. Face à l'interdiction juridique d'enterrer son frère, Antigone préfère agir selon ce qui est juste en soi : elle ne laissepas la dépouille de son frère sans sépulture. Antigone a outrepassé les lois de la cité au nom d'un sens de la justice. Voici un extrait : « Créon.

– Connaissais-tu la défense que j'avais fait proclamer ? Antigone.

– Oui je la connaissais : pouvais-je l'ignorer ? Elle était des plus claires. Créon.

– Ainsi tu as osé outrepassé ma loi ? Antigone.

Oui, car ce n'est pas Zeus qui l'avait proclamé ! » Dans la tragédie de Sophocle, la valeur immuable de la justice est représentée comme étant la justice des Dieux.Sans conserver l'idée qu'il y a une justice divine, il faut toutefois envisager la possibilité d'une « idée » de la justice,marquant ce qui est juste en soi. Par opposition à cela, la justice conventionnelle et le droit ne sont peut-être que des illusions de justice. On peut donc soupçonner un sens absolu, et un sens relatif de la justice. L'action d'Antigone a-t-elle alors été vertueuse parce qu'elle s'est conformée à ce qui est juste ? Dans cette première partie, on a distingué deux formes de justice.

A partir de là, il semble qu'on n'agissevertueusement que lorsqu'on agit conformément à ce qui est juste en soi, et non pas conformément à ce qui estjuste aux yeux de la cité. A partir de là, on peut développer la thèse selon laquelle c'est une illusion de croire qu'on agit vertueusementlorsqu'on se conforme simplement aux lois.

On agit simplement « légalement ».

Sans doute la vertu concerne-t-ellece qui est juste en soi.

Sentiment de la justice et nature humaine Les animaux ne pensent pas l'ordre auquel ils sont nécessairement soumis, leur instinct y supplée.

En revanche, il n'y a pas de société humaine sans que lesindividus qui la constituent aient pensé un ordre qu'ils estiment juste.

N'est-ce donc pas dans un sentiment de lajustice que s'exprime la nature humaine ? Encore faut-il être à son écoute, et le sage semble être le mieux à mêmede laisser parler la voix de cette nature en lui.La loi universelle qui préside à l'ordre du cosmos, à laquelle sontsoumis tous les êtres, n'est-elle pas alors le principe premier auquel il faut recourir, comme l'ont pensé les stoïciens? Lorsque l'on se réfère à la nature comme modèle d'équilibre et d'harmonie, ne recherche-t-on pas ce critèrepermettant d'établir un ordre équivalent au sein du microcosme qu'est la Cité ? Poussée à son terme, cela conduit àune vision métaphysique du fondement de la justice en l'homme, dans un principe universel transcendant.

Leshommes, en s'éloignant de cet ordre, s'aliènent et vivent dans un monde d'injustice et de désordre.

Ainsi, la tâchede chaque homme serait de trouver une harmonie entre sa nature individuelle, la nature humaine et la natureuniverselle.Cette idée, visée par l'esprit, a la force et la faiblesse de l'idéal.

Un idéal peut pousser les hommes àprogresser, se rendre meilleurs qu'ils ne sont.

Cependant, l'exigence d'ordre n'attend pas. Justice et réalisme politique Il faut mettre en place des textes, rendre la justice, garantir le respect de la légalité et de l'égalité, hic et nunc.

Et comme il n'y a de justice que dans le respect de la légalité, il est nécessaire que lescitoyens soient égaux dans et devant la loi : dans son contenu et face au juge qui a la charge de l'appliquer.L'égalité est de deux types et renvoie à deux formes de justice.

La justice commutative, entre personnes privées,dans les contrats par exemple.

L'égalité y est arithmétique, stricte, quelles que soient les personnes.

Par ailleurs, lajustice est distributive, entre l'État et les citoyens, dans la répartition par l'État, des fonctions, des honneurs, etc.Ici, l'égalité est proportionnelle aux différences entre les individus.

Par exemple, si l'on donne la même rationalimentaire à un nourrisson et à un travailleur de force, on crée une injustice.

Les rations doivent donc être inégalesmais proportionnées aux besoins de chacun.

Il faut donc traiter inégalement les inégaux.

Les critères varient selonles situations, mais aussi selon les contextes politiques : besoin, mérite, savoir, honneurs, avoir, etc.

Dès lors, lajustice apparaît liée au respect de conventions passées entre les hommes, et, donc, aux moyens assurant cerespect.

La justice ne peut être pensée sans le pouvoir civil qui garantit l'obéissance aux lois.

Cependant leurapplication tient à ceux chargés de « rendre la justice » et de « dire le droit ».

Justice et équité L'application de la loi nous fait retrouver la vertu de justice.

En particulier, l'équité d'un juge montre sa capacité à corriger lesinsuffisances de la loi dans certains cas (jurisprudence).

Mais, outre le judiciaire, l'exercice des deux autrespouvoirs, législatif et exécutif, exige, de ceux qui en ont la responsabilité, justice et équité.

Ainsi, s'interroger sur lajustice conduit nécessairement à réfléchir sur la capacité de tout individu à agir selon une règle juste, et sur la Citéoù la justice répond à une exigence de paix toujours menacée par le désordre ou la violence.. »

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