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LA JUSTICE PEUT-ELLE ÊTRE INÉGALITAIRE ?

Publié le 24/07/2004

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LES ÉCHANGES ET LE POTLATCH

* L'anthropologue Marcel Mauss a montré que les formes actuelles de l'échange marchand ne sont pas universelles. On trouve des sociétés où l'échange économique utile n'est qu'une petite partie d'un système beaucoup plus global où «ce sont avant tout des politesses, des festins, des rites, des services militaires, des femmes, des enfants, des danses, des fêtes...« qui sont échangés entre tribus, sous forme de dons et de contre-dons. Dans ce système du «potlatch «, le pouvoir se mesure par la capacité à détruire ses richesses et à les distribuer, et non par l'accumulation et l'utilisation technique.* Cela ne veut pas dire que le bonheur social serait dans le renoncement aux échanges. Sans doute la rationalisation de l'économie s'est-elle en partie bâtie à la faveur des conflits que provoquait l'économie du «potlatch«. Mais de telles études sur d'autres économies possibles nous mènent à réfléchir sur le caractère toujours symbolique de l'échange même quand il a l'air strictement utilitaire. "Dans les économies et dans les droits qui ont précédé les nôtres, on ne constate pour ainsi dire jamais de simples échanges de biens, de richesses et de produits au cours d'un marché passé entre les individus." Marcel Mauss, Essai sur le don, 1923.Marcel Mauss qualifie le potlatch de "prestation totale".

L’exigence d’égalité propre à la justice doit prendre en compte les différences qui existent factuellement entre les individus, mais d’un autre côté, la justice suppose la stricte égalité de tous, en dépit des différences de chacun. Ne devons-nous pas être tous égaux devant la loi ? 

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« Introduction Que la justice puisse devenir inégalitaire présuppose qu'en son concept la justice est égalitaire.

Or ce postulat n'arien d'évident.

Le plus souvent on assimile la justice à l'égalité, on la fige par cette définition.

Or ici la justices'entend en un sens dynamique, puisque l'on admet qu'elle engendre l'égalité entre les personnes. La question nous invite à aborder la justice sous un angle original.

L'interrogation ne porte pas sur l'essence de lajustice, sur ce qu'est la justice en tant que telle.

Elle suggère d'envisager la justice plutôt par les effets qu'elleproduit.

Rien ne sert donc de raisonner sur le concept abstrait de justice.

Il faut s'intéresser à la justice telle qu'elles'exerce.

En remontant de l'effet à la cause, nous pourrons obtenir peut-être de savoir ce qui la spécifie.

Faire de lajustice le sujet d'un processus égalitaire, revient à la situer d'emblée dans le cadre de la pensée politique.

En dehorsde la justice divine, qui ne vaut que pour les croyants, il reste la justice des hommes, qui s'exerce matériellementpar l'intermédiaire du pouvoir politique. Admettons - ce qu'il faudra discuter - que la justice vise l'égalité entre les hommes.

Comment deviendra-t-elleinégalitaire ? Comment comprendre que la justice puisse s'écarter d'elle-même, et se renverser en son contraire ? Dedeux choses l'une : - Si la justice crée des inégalités, elle produit donc des effets contraires à sa nature, ce qui n'a pas de sens, sauf àentendre qu'il y a usurpation et qu'en définitive l'injustice s'est parée indûment des vêtements de la justice.

Cela n'aplus alors aucune signification de se demander si la justice peut devenir inégalitaire.

Que la justice dégénère et setransforme en injustice, voilà les nouveaux termes de la question.

La justice peut-elle virer à l'injustice et secorrompre elle-même ? - On peut concevoir aussi bien que la justice génère des inégalités sans pour autant qu'elle ne devienne injuste.

Etc'est là au fond le problème principal.

Nous sommes habitués à croire que toute inégalité traduit une formed'injustice.

Nous n'imaginons pas qu'il puisse exister des inégalités justes.

C'est que nous tirons nos conclusionsavec trop de hâte.

Car de quelles inégalités parlons-nous ? Des inégalités de droit, ou des inégalités sociales etéconomiques ? Toute la difficulté naît de l'interférence de ces deux concepts radicalement distincts. Ainsi notre problème initial en dissimule un autre plus profond, celui de la justice sociale.

La justice politique (l'égalitédes droits) est-elle compatible avec la justice sociale ? (l'égalité dite réelle ou économique) ? Nous nous réclamonstous, peu ou prou, de l'article 1 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui nous rappelle que« tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit».

Mais quel prix devons-nous payer aujourd'hui, sitout en même temps nous faisons profession de vouloir réduire les inégalités sociales et économiques qui creusent lefossé entre les riches et les pauvres ? I / Justice et loi 1.

Avant de savoir si la justice institue l'égalité, ou au contraire introduit des inégalités entre les hommes, il fauts'interroger sur la condition naturelle de l'homme.

Or il est de fait que chacun naît avec des aptitudes variablesquant au physique et à l'intelligence.

Nous ne décidons pas par exemple de notre constitution corporelle.

Il y a doncsans nul doute une inégalité naturelle entre les hommes, car chaque individu est un être à part entière qui diffèredes autres.

La nature répartit les qualités entre les hommes sans discernement.

Le hasard règne en maître absolu. Cela dit, cette façon de voir est bien rapide.

On peut estimer que les inégalités naturelles sont minimes, qu'il y a unecertaine uniformité entre les hommes tels qu'ils sortent des mains de la nature.

Il n'existe à la naissance que desvirtualités sur lesquelles on ne peut établir que de vagues conjectures.

C'est la vie en société, la culture, quisollicitent les facultés qui sommeillent en l'homme.

Voilà pourquoi selon Rousseau « la différence d'homme à hommedoit être moindre dans l'état de nature, que dans l'état de société » ( Discours sur l'origine et les fondements del'inégalité parmi les hommes ).

La société accroît par l'éducation les différences qu'il peut y avoir initialement entreles hommes.

Et ces différences créent des inégalités. L'erreur en la matière, dénoncée par Rousseau, vient de ce que « plusieurs différences passent pour naturelles quisont uniquement l'ouvrage de l'habitude et des divers genres de vie que les hommes adoptent en société ».

Et ladifficulté n'est pas mince, en effet, de démêler en l'homme ce qui revient à la nature et à la société.. »

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