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La justice est-elle une vertu ou une illusion ?

Publié le 11/02/2004

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justice
- Connaissais-tu la défense que j'avais fait proclamer ? Antigone. - Oui je la connaissais : pouvais-je l'ignorer ? Elle était des plus claires. Créon. - Ainsi tu as osé outrepassé ma loi ? Antigone. Oui, car ce n'est pas Zeus qui l'avait proclamé ! »   Dans la tragédie de Sophocle, la valeur immuable de la justice est représentée comme étant la justice des Dieux. Sans conserver l'idée qu'il y a une justice divine, il faut toutefois envisager la possibilité d'une « idée » de la justice, marquant ce qui est juste en soi. Par opposition à cela, la justice conventionnelle et le droit ne sont peut-être que des illusions de justice.

Platon soutient que la justice, si elle est l'idéal de la communauté politique, doit aussi être une vertu morale en chaque individu. Contre ceux qui soutiennent que « nul n'est juste volontairement « et que la justice comme vertu n'existe pas, Platon montre que c'est le rôle de l'éducation d'élever chacun à cette vertu suprême, qui implique à la fois sagesse, courage et tempérance. L'homme n'a-t-il pas en effet tendance à vouloir s'attribuer plus que les autres au mépris de tout mérite, à désirer ce à quoi il n'a justement pas droit ? Si comme Gygès le Lydien, nous trouvions un anneau nous rendant invisibles, ne commettrions-nous pas les pires injustices ? Mais Gygès* était un berger privé d'éducation, et qui vivait hors de la cité : l'enjeu de la politique, c'est alors précisément de rendre les citoyens meilleurs, en leur faisant acquérir cette vertu cardinale qu'est la justice, contre leurs penchants égoïstes.

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« Et concernant ce qu'on a appelé « le sentiment » de justice ou d'injustice, ne peut-on pas estimer que sa sourceprovient en fait des valeurs sociales qui nous ont été transmises ? Le fondement moral de ce qui rend une action,une personne, une idée « juste » n'est peut-être lui-même qu'une illusion. On se demandera donc en quel sens la justice est vertueuse, tout en la soupçonnant de n'être peut-être qu'uneillusion. Première partie.

La justice : une vertu. La justice est une vertu cardinale, comme le courage, la tempérance et la prudence, selon Platon.

Elle est mêmel'harmonie des trois autres.

En cela elle s'en distingue et leur est supérieure.

De plus, elle n'a trait qu'aux rapportsavec autrui, alors que les trois autres vertus s'exercent aussi pour soi seul.En tant que vertu éthique (ethos = manière d'être), la justice est une disposition du sujet, c'est-à-dire un étathabituel, stable, qui le fait agir, par choix délibéré, selon la droite règle.

Accomplir une action juste involontairementlui ôte en effet de sa valeur.

Au contraire, l'homme juste obéit à la règle avec une intention droite et de manièreinfaillible.Cette règle est la loi.

Or celle-ci, pour être juste, doit être édictée par la droite raison, c'est-à-dire la faculté qui,dans la nature de l'homme, lui permet de connaître le principe qui préside à un ordre juste.

L'homme seul est en effetcapable d'accéder à l'idée d'ordre.

Mais comment décider que c'est la bonne et la seule ? a) L'action juste et vertueuse. Dans ce texte d'Aristote, vous trouverez un appui pour défendre la thèse selon laquelle la justice est une vertu : Aristote, Ethique à Nicomaque , livre V. « Comprenons donc en combien de sens se dit l'homme injuste.

On considèregénéralement comme étant injuste à la fois celui qui viole la loi, celui quiprend plus que son du et enfin celui qui manque à l'égalité, de sorte que detoute évidence l'homme juste sera à la fois celui qui observe la loi et celui quirespecte l'égalité (...).

Puisque, disions-nous, celui qui viole la loi est unhomme injuste, et celui qui l'observe un homme juste, il est évident quetoutes les actions prescrites par la loi sont, en un sens, justes : en effet, lesactions définies par la loi positive sont légales, et chacune d'elles est juste,disons-nous.

Or les lois prononcent sur toutes sortes de choses, et elles onten vue l'utilité commune (...).

Mais la loi nous commande aussi d'accomplir lesactes de l'homme courageux (par exemple, ne pas abandonner son poste, nepas prendre la fuite, ne pas jeter ses armes), ceux de l'homme tempérant (parexemple, ne pas commettre d'adultère, ne pas être insolent), et ceux del'homme de caractère agréable (comme de ne pas porter des coups et de nepas médire des autres), et ainsi de suite pour les autres formes de vertus oude vices, prescrivant les unes et interdisant les autres, tout celacorrectement si la loi a été elle-même correctement établie, ou d'une façoncritiquable, si elle a été faite à la hâte.

Cette forme de justice, alors, est unevertu complète, non pas cependant au sens absolu, mais dans nos rapports avec autrui.

Et c'est pourquoi souvent on considère la justice comme la plus parfaite des vertus, et ni l'étoile dusoir, ni l'étoile du matin ne sont ainsi admirables.

» Si on comprend bien ce texte, on comprend qu'est juste celui qui agit conformément à la loi.

Mais ce qu'il est décisifde comprendre, c'est qu'il y a une condition qui rend « justes » les actions conformes à la loi : il faut que la loi elle-même soit juste.

Si les lois nous poussent à agir vertueusement (nous engageant par exemple à des actionscourageuses), alors agir conformément à la loi c'est agir vertueusement. Toutefois, peut-on valider l'idée selon laquelle les lois sont intrinsèquement nécessairement juste ? b) Deux formes de justice. La tragédie de Sophocle Antigone pointe d'une façon formidable l'opposition entre deux formes de justice : une justice qu'on peut considérer comme « naturelle » s'oppose à la justice « conventionnelle », aux lois de la cité. Face à l'interdiction juridique d'enterrer son frère, Antigone préfère agir selon ce qui est juste en soi : elle ne laissepas la dépouille de son frère sans sépulture. Antigone a outrepassé les lois de la cité au nom d'un sens de la justice. Voici un extrait : « Créon.

– Connaissais-tu la défense que j'avais fait proclamer ? Antigone.

– Oui je la connaissais : pouvais-je l'ignorer ? Elle était des plus claires.. »

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