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KANT: Egoïste logique

Publié le 02/05/2005

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L'égoïste logique ne tient pas pour nécessaire de vérifier son jugement d'après l'entendement d'autrui, comme s'il n'avait aucun besoin de cette pierre de touche. Il est cependant si certain que ce moyen nous est si indispensable pour nous assurer de la vérité de notre jugement que c'est là, peut-être, la raison majeure de l'insistance à réclamer, dans le public cultivé, la liberté de la presse ; si cette liberté nous est refusée, on nous retire en même temps un moyen important d'éprouver l'exactitude de nos propres jugements, et nous sommes à la merci de l'erreur. Qu'on ne dise pas que la mathématique du moins a le privilège de se prononcer à partir de sa propre souveraineté : si dans le jugement de l'arpenteur, il n'y avait pas eu au préalable perception d'une coïncidence générale avec le jugement de ceux qui se consacraient à cette tâche avec talent et application, la mathématique n'aurait pas échappé à la crainte de tomber, ici ou là, dans l'erreur. Il y a également des cas où nous ne faisons pas même confiance au jugement de nos propres sens : par exemple, un tintement s'est-il produit dans nos seules oreilles, ou avons nous entendu une cloche qu'on a réellement tirée ? Nous trouvons nécessaire d'interroger les autres pour savoir s'ils ne sont pas du même avis. KANT

POUR DÉMARRER    L'accord du jugement d'autrui avec le nôtre est indispensable à l'établissement de la vérité et à l'élimination des erreurs : Kant démontre dans ce texte qu'il existe une méthode de travail absolument nécessaire si nous voulons parvenir à la certitude. La vérité se présente ainsi comme un phénomène collectif.    CONSEILS PRATIQUES    Notez que, dans ce texte, Kant s'appuie essentiellement sur des exemples pour étayer sa démonstration, qui parcourt successivement les champs de l'opinion politique (les journaux), de la pensée scientifique abstraite (les mathématiques), enfin de la sensibilité (les sens). Prenez soin de bien expliquer quelques expressions importantes (égoïste logique, jugement, vérité).    BIBLIOGRAPHIE    HABERMAS, Théorie de l'agir communicationnel, Fayard.  KANT, Anthropologie du point de vue pragmatique, Vrin. Logique, Vrin.

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« règles logiques de la déduction.

En ce sens cette science semble jouir d'un privilège : la rigueur logique suffirait àgarantir sa vérité, ce que traduit Kant par le mot "souveraineté", et par suite l'accord d'autrui ne serait pasnécessaire.

Pourtant, Kant dit que le jugement de l'arpenteur doit reposer sur "une coïncidence générale" préalableavec le jugement des arpenteurs expérimentés, sinon la mathématique risque de tomber dans l'erreur.

Commentcomprendre ? Il faut remarquer d'abord que la science de l'arpenteur est une science appliquée plus proche d'unetechnique de mesure que de la connaissance purement abstraite d'un système mathématique.

Par ailleurs on peutcomprendre qu'il faille un accord entre spécialistes pour adopter tel ou tel axiome.

Est-ce ce que veut dire Kant ? Cepassage reste obscur.Le troisième exemple est plus simple puisqu'il s'agit de la sensibilité.

Les sens peuvent égarer notre jugement dans lamesure où ce que l'on ressent ne correspond pas toujours à une réalité du monde extérieur, bien qu'on ait l'habitudede le croire.

Ainsi on comprend dans ce cas la nécessité de vérifier la vérité de notre jugement par l'accord desautres.Montrer l'originalité de la thèse, la reprendre pour la développer.On peut situer l'idée de Kant par rapport à une tradition issue de Descartes dans laquelle la recherche de la véritéest présentée comme une démarche solitaire.

Toute la démarche du doute et la certitude du cogito sont l'oeuvred'un sujet isolé dans sa méditation, et ce qui garantit la vérité qu'il atteint, c'est la clarté et la distinction de sesidées.

Ici au contraire c'est le rôle nécessaire d'autrui dans la mise à l'épreuve de nos jugements qui est affirmé.Quel est ce rôle ? On peut distinguer plusieurs aspects.

D'abord quelle valeur aurait notre connaissance si autrui nela confirmait pas ? Sans autrui le risque serait grand que chacun isolément soit enfermé dans le monde de sesreprésentations sans moyen d'en éprouver la vérité.

Parce qu'autrui est autre que moi, il m'oblige à sortir de mapropre croyance et à la mettre à l'épreuve par son jugement.

Ce décentrement, nécessaire à toute objectivité,autrui en est le moyen.Par ailleurs autrui, parce qu'il est un centre de perspective différent de moi, me propose sur le monde des points devue nouveaux.

Ainsi il enrichit ma connaissance, me permet de situer mon jugement et aussi de le corriger.On peut rapprocher cette thèse du thème de l"'intersubjectivité" développé par la phénoménologie. KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.

La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science commeun fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.

La lecture de Rousseau lui fait aussiconsidérer la moralité comme un fait.

Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, lescroyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.

Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoirpar la foi.

» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, lesdonnées de la sensation.

Le monde intelligible est une« illusion théorique».

Le pouvoir de la raison pure est illusoire.Les principes de l'entendement pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'estla dialectique transcendante.

La raison doit reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser sonobjectivité.

— La connaissance se ramène à deux éléments : le monde sensible, ou phénomènes liés à l'espace et autemps et le monde intelligible, ou chose en soi, noumènes, pur objet de pensée.

L'intuition et le concept sont lessources de la connaissance.

— Mais, intellectuellement, il nous est impossible de parvenir à la connaissance dumonde intelligible.

— L'espace et le temps sont les conditions de toute connaissance ; pour qu'un objet possède uneréalité objective, il faut qu'il soit placé dans l'espace et le temps.

L'espace et le temps sont les formes a priori detoutes les données empiriques.

C'est ce qu'analyse Kant dans son esthétique transcendantale ou analyse de lasensibilité.

Les représentations données par ces deux éléments sont liées entre elles par la raison finie, à l'aide descatégories, ou principes de l'entendement pur.

Les catégories (analytique transcendantale) qui dessinent les limitesde la vérité, sont les produits d'une force et non pas l'attribut d'une substance.

Elles sont posées à l'occasion del'expérience, mais la dépassent.

La quantité, la qualité, la relation et la modalité sont les classes de jugement ;chaque classe renferme trois catégories (concepts fondamentaux a priori de l'entendement pur).

Quantité : unité,totalité, pluralité.

Qualité : réalité, négation, limitation.

Relation : substance, causalité, réciprocité.

Modalité :possibilité, existence, nécessité.

— L'analytique et la dialectique constituent la logique transcendantale.

La raison aune destinée pratique, une faculté d'agir.

Si la raison pure théorique est illusoire, la raison pure pratique est infaillibleElle est liberté, elle se donne à elle-même ses propres règles morales, qui définissent son autonomie.

— Il y a enl'homme une tendance naturelle au désordre et au péché : cette tendance est servitude.

La liberté devient donc un. »

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