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KANT: géométrie et science synthétique

Publié le 03/05/2005

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kant
La géométrie est une science qui détermine synthétiquement, et pourtant a priori, les propriétés de l'espace. Que doit donc être la représentation de l'espace pour qu'une telle connaissance en soit possible? Il faut qu'il soit originairement une intuition ; car d'un simple concept, on ne peut tirer des propositions qui dépassent le concept, comme cela arrive pourtant en géométrie. Mais, cette intuition doit se trouver en nous a priori, c'est-à-dire antérieurement à toute perception d'un objet, et, par conséquent, être intuition pure et non empirique. En effet, les propositions géométriques, par exemple : l'espace n'a que trois dimensions, sont toutes apodictiques, c'est-à-dire qu'elles impliquent la conscience de leur nécessité; elles ne peuvent donc être des jugements empiriques ou d'expérience, ni en être conclues. Mais comment peut-il y avoir dans l'esprit une intuition externe qui précède les objets mêmes, et dans laquelle leur concept peut être déterminé a priori? Cela ne peut évidemment arriver qu'autant qu'elle a son siège dans le sujet comme la propriété formelle qu'il a d'être affecté par des objets et d'en recevoir par là une représentation immédiate, c'est-à-dire une intuition, par conséquent seulement comme forme du sens externe en général. KANT
kant

« l'espace doit être tel qu'une connaissance synthétique a priori en soit possible.

Dans le deuxième mouvement, Kantexamine un premier caractère de l'espace : l'espace doit être une intuition.

Tout d'abord, qu'est-ce qu'une intuition? La notion d'intuition s'oppose à celle de concept : l'un et l'autre sont certes des représentations, c'est-à-dire desmanières de se rapporter à un objet.

Mais par un concept, les objets sont seulement pensés et non donnés,autrement dit nous n'y accédons pas directement.

En outre, un concept ne se rapporte pas à un objet singulier,mais à un ensemble d'objets.

Avoir le concept d'arbre, c'est penser aux arbres en général.

En revanche, par uneintuition, nous accédons directement à quelque chose de singulier : avoir l'intuition d'un arbre, c'est être en contactavec tel arbre singulier.

Pourquoi l'espace ne peut-il être qu'une intuition ? Si l'espace était un concept, alors touteproposition portant sur l'espace, c'est-à-dire toute proposition de la géométrie, serait analytique : autrement dit, ilne serait possible que de connaître les propriétés déjà contenues dans le concept d'espace.

En conséquence, on nepourrait avoir des « propositions qui dépassent le concept », alors même que la géométrie est synthétique.Le troisième mouvement analyse le deuxième caractère de l'espace, impliqué par la nature de la géométrie : l'espacedoit être a priori.

Autrement dit, non seulement je dois avoir une intuition de l'espace, c'est-à-dire unereprésentation singulière, « mais cette intuition doit se trouver en nous a priori ».

Cette intuition, Kant l'appelle «pure », par opposition à « empirique » : une représentation est pure si absolument rien en elle ne dérive del'expérience.

Avant d'examiner la nature même d'une telle intuition, ce qui sera l'objet du dernier mouvement, il fautcomprendre la raison qui pousse Kant à attribuer à l'espace cette propriété.

Kant rappelle le caractère apodictiquedes propositions géométriques et définit lui-même cette notion : une proposition est apodictique si elle « implique laconscience de [sa] nécessité », autrement dit s'il est impossible de donner son assentiment à une telle propositionsans poser en même temps, consciemment, la nécessité de sa vérité.

Et une proposition est nécessairement vraie,par opposition à vraie de manière contingente, si elle ne peut jamais être fausse.

Or un jugement empirique oud'existence, ce qui est la même chose, ne peut jamais être nécessaire : un jugement empirique est une propositionissue de l'expérience, par exemple « le coq est le symbole de la France ».

La vérité d'une telle proposition dépend dusymbole actuel de la France, qui peut changer.

S'il change, la proposition précédente cesse d'être vraie : sa véritéest contingente.

Plus généralement, si un jugement synthétique repose par définition sur l'expérience, sa véritédépend de l'expérience actuelle, si bien que l'expérience future peut transformer sa vérité en fausseté.

Enconséquence, l'intuition de l'espace ne peut être a posteriori, sinon tous les jugements de la géométrie seraientcontingents, ce qu'ils ne sont pas. Le dernier mouvement examine la nature apparemment paradoxale de l'espace : comment l'espace peut-il être à lafois une intuition externe et être a priori? L'espace est une intuition externe, puisque les objets étendus sont horsde nous.

Et étant a priori, il est donné avant toute expérience, c'est-à-dire avant les objets étendus eux-mêmes.La solution à cette apparente contradiction consiste à distinguer la matière de la forme de l'intuition : la matière del'intuition est son contenu, ce dont l'intuition est l'intuition, par exemple cet arbre, pour l'intuition de cet arbresingulier.

La forme est la manière dont le contenu d'une intuition est perçu, par exemple la manière de percevoir cetarbre en conséquence de laquelle cet arbre est perçu comme extérieur à moi-même et comme étendu.

La formed'une intuition externe est en conséquence la manière dont le sujet perçoit les objets différents de lui-même, c'est-à-dire la manière dont les objets agissent sur lui, l'affectent, dans la perception, afin d'avoir des représentationssingulières, des intuitions de ces objets.

Dès lors, si le contenu de l'intuition externe ne peut être a priori, maisprovient des objets différents de nous, en revanche, la forme peut être en nous, « dans le sujet » de telle sortequ'elle soit a priori.

La nature de la géométrie permet donc d'établir la nature particulière de l'espace, forme du sensexterne.Kant démontre que l'espace est la forme de notre intuition externe, c'est-à-dire la manière dont nous percevons lesobjets différents de nous-mêmes lorsque ceux-ci.

KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.

La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science commeun fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.

La lecture de Rousseau lui fait aussiconsidérer la moralité comme un fait.

Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, lescroyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.

Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoir. »

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