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Kant, Leçons d'éthique

Publié le 27/02/2008

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L'éthique peut proposer des lois de moralité qui sont indulgentes et qui s'ordonnent aux faiblesses de la nature humaine, et ainsi elle s'accommode à cette nature en ne demandant rien de plus à l'homme que ce qu'il est en mesure d'accomplir. Mais l'éthique peut aussi être rigoureuse et réclamer la plus haute perfection morale. En fait, la loi morale doit elle-même être rigoureuse. Une telle loi, que l'homme soit en mesure ou non de l'accomplir, ne doit pas être indulgente et s'accommoder aux faiblesses humaines, car elle contient la norme de la perfection morale, laquelle doit être stricte et exacte. La géométrie donne par exemple des règles strictes, sans se demander si l'homme peut ou non les appliquer et les observer : le point qu'on dessine au centre d'un cercle a beau ne jamais être assez petit pour correspondre au point mathématique, la définition de ce dernier n'en conserve pas moins toute sa rigueur. De même, l'éthique présente des règles qui doivent être les règles de conduite de nos actions ; ces règles ne sont pas ordonnées au pouvoir de l'homme, mais indiquent ce qui est moralement nécessaire. L'éthique indulgente est la corruption de la mesure de perfection morale de l'humanité. La loi morale doit être pure. Kant, Leçons d'éthique

Les Leçons d'éthique de Kant sont des cours qui furent prononcés notamment entre 1775 et 1780. Dès cette période, comme on le constate, sont mis en place les thèses et les thèmes qui, quelques années plus tard, figureront dans les Fondements de la métaphysique des moeurs (1785). Ce texte peut donc se comprendre comme une propédeutique. Mais plus essentiellement ce qui fait l’originalité de ce texte c’est bien la distinction qu’il établit entre une éthique indulgente, que Kant critique et réfute, et une éthique rigoureuse ou rigoriste, développant le propre point de vue kantien et nous fournissant une première approche de la loi morale. En effet, à travers cette distinction, Kant nous montre que la morale est a priori voire pure, qu’elle implique un devoir-être et qu’elle se fonde comme science morale.

Et c’est bien ce que l’on pourra percevoir à travers trois moments de ce texte : la distinction initiale entre les deux types d’éthique (1ère partie ; lignes 1 à 5 : « L’éthique peut proposer des lois de moralité… à … la loi morale doit elle-même être rigoureuse «), l’analogie mathématique avec la géométrie (2nd partie ; lignes 5 à 10 : « Une telle loi, que l’homme… à … la définition de ce dernier n’en conserve pas moins toute sa rigueur. « et enfin la nécessité du respect de la loi morale comme respect de la dignité de l’humanité en la personne devant nous conduire à notre perfection en tant qu’homme et en tant qu’espèce (3ème partie ; lignes 11 à la fin : « De même, l’éthique présente des règles « à la fin de l’extrait «

 

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« rigoriste est la recherche du principe qui se trouve à la base de tous les raisons, des normes et des actes moraux :elle détermine la « forme » du « moral ».

La question est bien celle de la forme et non directement du contenu.c) C'est bien en ce sens alors qu'en tant que l'éthique est une recherche rigoureuse qu'elle détermine « une » loimorale et non des lois morales.

La loi morale est donc une législation de la raison intérieure qui lui fixe son principe.

Ils'agit ici d'un principe de rationalité et d'économie de la raison suivant la définition d'une unité systématique.

Etc'est en ce sens que la morale sera l'expression d'un impératif catégorique qui ordonne : « Agis comme si la maximede ton action devait être érigée par ta volonté comme loi universelle ».

la référence à une loi morale envoie donc àla nécessité d'une représentation d'une diversité de situations subsumée sous une unité.

Tel est le tour de force del'éthique kantienne.

Transition : Ainsi y a-t-il une distinction fondamentale entre l'éthique indulgente et l'éthique rigoriste qui seule est légitime,déterminant une loi morale fondamentale visant et exigeant un degré de sainteté pour l'homme en tant queperfection morale sans faire référence à la nature défaillante de l'homme.

L'éthique est en ce sens une exigence dela raison, et d'une certaine manière un idéal.

Autrement dit, pour Kant, d'un usage régulateur.

L'éthique est doncune science et c'est en ce sens que l'on peut comprendre le rapport ou plutôt l'analogie avec la géométrie.

II – L'analogie mathématique : éthique comme science a priori a) La loi morale ne regarde donc pas la capacité humaine à atteindre ou non son but, elle lui fixe comme un devoirintrinsèque qui ne peut souffrir d'exception ou d'atténuation.

Pour qu'une action soit dite morale il faudra doncqu'elle satisfasse à l'énoncé de la loi morale.

En ce sens, la loi morale énonce un idéal type d'action qu'il convient desuivre, c'est-à-dire que notre action doit tendre le plus possible vers celle-ci.

La loi morale fonctionne comme unereprésentation régulatrice pour notre action.

Autrement dit, la loi morale peut se comprendre aussi comme unthéorème dont la validité et la vérité est sûre et certaine.

La loi morale est l'épreuve de l'éthicité de l'action.

En cesens, nul n'est besoin de savoir les circonstances ou les causes particulières d'une action, c'est pourquoi le rigorismekantien est pure forme c'est-à-dire qu'il ne tient pas compte de l'action une fois produite, il est un cadre à touteaction morale.

Ne faisant pas appel à l'action on peut dire alors que la loi morale est définie a priori.b) L'a priori chez Kant est ce qui ne dérive pas de l'expérience par opposition aux propositions a posteriori qui sont empiriques.

Or si la loi morale est a priori c'est bien parce qu'elle est donnée par la raison pratique indépendammentdes conditions de la sensibilité.

Sont a priori aussi les concepts de l'entendement comme les règles permettant depenser un objet.

Et c'est en ce que l'analogie avec la géométrie que Kant classe parmi les sciences mathématiquesayant le plus haut degré de scientificité peut se comprendre et nous renseigne sur le projet de fondation del'éthique kantienne.

En effet, derrière la géométrie se cache le nom d'Euclide et notamment ses Principes qui sontautant de règles a priori pour l'esprit.

L'éthique doit s'établir ainsi comme une science avec un degré de scientificitéle plus haut possible et c'est en ce sens que ce comprend ce rapport à l'analogie avec la géométrie notamment entant qu'elle est aussi « stricte et exacte ».c) La perfection humaine n'est effectivement pas prise en compte dans le dessin d'un cercle qui ne sera jamais aussiparfait que l'idée du cercle, c'est-à-dire le concept de cercle.

Pourtant, cette imperfection humaine ne ruine en rienla géométrie est l'usage que l'on peut en faire.

Il en va de même pour l'éthique.

Kant s'attaque ainsi à un argumentde raison paresseuse qui voudrait que puisque cela est impossible il ne servirait à rien de chercher à y tendre.

C'esten ce sens que le dessin du point a beau être trop gros et trop imparfait, la définition du point mathématique n'estpas moins valide.

Dire donc que la loi morale est au dessus des capacités humaines n'invalide en rien l'existence dela loi morale.

Ni l'exigence au non du concept d'humanité de mettre tout en œuvre afin d'agir morale ; puisque laquestion qui dirige l'éthique est bien : que dois-je faire ? Transition : Ainsi la loi morale se comprend-elle proprement dans le champ d'une science pratique, c'est-à-dire déterminer apriori par la raison.

La loi morale est une exigence de perfectionnement, de sainteté ; et cela sans référence aucuneà la sensibilité.

Mais reste à savoir pourquoi nous devons suivre la loi morale donc agir moralement.

III – Pureté, nécessité, devoir & loi morale : vers une perfection morale de l'humanité a) L'éthique rigoriste est donc bien cette réponse à la question que dois-je faire ? et non pas à la question qu'est-ce que je peux faire ? La différence est de taille car elle pose justement toute la distance entre l'éthique que fondeKant et l'éthique indulgente.

Le sollen du devoir en effet implique un devoir-être, c'est-à-dire détermine un type de conduites et des règles à suivre relativement à la loi morale.

Tandis que le « pouvoir » s'interroge sur la possibilitéd'effectuer le devoir ou d'agir.

Nous sommes alors dans deux domaines pratiques différents.

Mais l'essentiel est biende voir que la loi morale nous indique ce que nous devons faire de manière « nécessaire ».

Or le nécessaire ici etbien ce devoir à agir d'une certaine manière.

L'éthique kantienne n'est donc pas dans la contingence.

Cependant, cequ'il faut noter c'est que le nécessaire, ou la nécessité appartient aux catégories de la modalité, mais surtout, quela nécessité se trouve dans le champ intelligible c'est-à-dire dans au sein de la nouménalité du sujet moral.

Eteffectivement, la nécessité stricte est un critérium des jugements a priori.

Et c'est bien cette nécessité qui impliqueun « devoir-être ».

En ce sens, la loi morale peut elle-même se reformuler et se décliner en devoirs qui peuvent êtreparfaits ou imparfaits nous indiquant de manière plus précise comment agir moralement.

C'est sans doute en ce sensque l'on peut comprendre ce rapport normatifs aux « règles ».b) Dès lors l'éthique indulgente est une corruption de la portée morale de l'humanité.

La corruption est un mal, ou. »

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