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KANT: Moraliser la politique ou politiser la morale ?

Publié le 02/05/2005

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La vraie politique [... ] ne peut faire aucun pas sans rendre d'abord hommage à la morale ; et bien qu'en soi la politique soit un art difficile, ce n'en est pas un cependant de la réunir à la morale, car celle-ci tranche le noeud que la politique ne peut trancher dès qu'elles sont en conflit. Le droit de l'homme doit être tenu pour sacré, dût-il en coûter de gros sacrifices à la puissance souveraine. On ne peut ici user d'une cote mal taillée et inventer le moyen terme d'un droit pragmatiquement conditionné (qui tiendrait le milieu entre le droit et l'intérêt) ; bien au contraire, la politique doit plier le genou devant le droit ; mais elle peut espérer en revanche parvenir, lentement il est vrai. à un degré ni, elle brillera avec éclat d'une manière constante. KANT

POUR DÉMARRER    La vraie politique est liée à la morale et elle lui rend hommage. C'est le droit qui est sacré Tel est le ton moderne de ce texte, dont on saisit l'intérêt philosophique. Si morale et politique semblent s'opposer en tous points (l'Idéal, l'action concrète), ces deux dimensions doivent être réunifiées.    Conseils pratiques    Explicitez les termes et expressions (vraie politique, morale, droit de l'homme, sacré, puissance souveraine). Mettez clairement en évidence l'unité de la morale et de la politique, bien que le thème « morale et politique « s'écrive souvent dans la séparation.

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« morale sans ruiner cependant la nation, ni aller à la catastrophe.

C'est ce que veut signifier Kant dans ce début detexte, justement pour contrer les idées courantes. La politique doit faire des droits de l'homme sa priorité absolue - Dans un second temps, Kant affirme que la politique doit plier devant la morale pour le bien de l'humanité et nonplus de manière pragmatique.

Il faut ici rappeler que Kant distingue la morale en tant que vertu individuelle quis'occupe des intentions pures et désintéressées et le droit.

En effet, la vertu morale s'occupe des mobiles desactes et se pose en terme de devoir pour le sujet, devoir rationnel et intérieur.( La loi morale kantienne n'estsoumise à aucune condition extérieure et se tire de la raison pure : elle se formule ainsi : "agis de telle manière quela maxime de ton action soit universalisable" On trouve aussi une autre formulation qui fait intervenir le respect del'humanité : « Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre,toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen.

» Au contraire, la doctrine du droit nerégit, elle, que l'aspect extérieur de nos actes et ne s'occupe pas des intentions.

Le problème n'est pas de savoir sil'homme politique doit agir avec une intention pure, désintéressée, mais seulement de savoir s'il doit ou nonconstamment respecter le droit.

Ce qui est important ici, ce sont bien les actes et les respects des êtres humains.Il ne faut cependant pas oublier que le droit est basée sur la morale et sur ces principes.

Ainsi les droits de l'hommesont basés sur les principes d'égalité et de respect de chaque être humain. - Kant écrit en effet que les droits de l'homme doivent être toujours respectés même si le prix et les conséquencespolitiques sont très lourdes.

"Le droit de l'homme doit être tenu pour sacré, dût-il en coûter de gros sacrifices à lapuissance souveraine.

" L'auteur s'oppose ainsi par exemple à Machiavel pour qui parfois la fin justifie les moyens.Ainsi, pour cet auteur, le crime qu'effectue Romulus pour fonder Rome n'est pas de grande importance.

Romulus serajugé selon les conséquences de son acte qui sont bonnes et non sur les moyens d'y arriver. Kant ici affirme évidemment le contraire : la politique n'est pas une simple stratégie qui fait fi des moyens et desdroits pour arriver à son but même si celui-ci est bon.

Elle doit oeuvrer à un seul but, celui de la conservation et del'extension des droits de l'homme.

Les intérêts personnels et les intérêts de l'État doivent passer en second plan parrapport au droit. La politique, vassal du droit - Kant prévient cependant qu'aucun compromis n'est possible.

Il ne s'agit pas de créer un pseudo droit quiaccommoderait le droit avec les intérêts personnels et étatiques.

Dans ce contexte, le droit continuerait d'êtrebafoué et le but ne serait que donner l'illusion d'un respect du droit et faire croire à une transparence de l'État.

Ledroit ne peut pas être conditionné, il se doit d'être absolu sinon il perd toute sa valeur et sa crédibilité.

Kant affirmeici que le droit ne peut être "pragmatique", c'est-à-dire soumis à la pratique et à l'efficacité. La politique doit donc totalement s'abaisser devant le droit, la morale.

L'expression "plier le genou" renvoie en effetau geste que faisait les subordonnés d'un seigneur, en signe d'asservissement.

La politique ne peut vouloir régnerseul, elle doit se faire humble et accepter une puissance supérieure. - Kant sait que cette soumission, cette subordination de la politique est compliquée, c'est pour cela qu'il rajoutequ'en échange de celles-ci, la politique peut espérer une récompense.

La politique, si elle s'astreint à cette règle,fera en effet évoluer le droit, lui permettra de s'étendre et donc de contribuer à la paix universelle et perpétuelledésirée par Kant.

Elle pourra alors briller et être véritablement un art noble. - Si les analyses kantiennes sont évidemment belles en ce qu'elle vise un bonheur universel, on peut se demanderpourtant si sa conception du droit et de la morale n'est pas un peu idéalisée.

En effet, Kant pense le droit commeensemble de principes absolus.

Or, la plupart du temps le droit ne repose que sur des habitudes et des mœurs.

Doit-on alors renoncer au but fixé par Kant à l'État? Kant répondrait sûrement comme pour l'idée de progrès de l'histoire.Il est peut-être difficile d'atteindre le but ou pour l'histoire de réaliser un véritable progrès, mais pourtant c'est enposant cet idéal, ce but élevé que l'homme avancera, mettra en oeuvre les moyens pour y arriver.

Et donner à lapolitique une morale et la mettre au service de la paix est déjà un gain pour l'humanité. AInsi, Kant dans ce texte, subordonne irrémédiablement la politique comme art de gouverner et d'exercer un pouvoirà la morale, entendue comme respect du droit et de l'humanité.

Il entend dans un premier temps, montrer contre lespenseurs tels MAchiavel que la morale ne ruine pas l'art politique mais au contraire l'aide.

Puis il astreint les États àrespecter le droit, à subordonner la pratique du pouvoir aux droits de l'homme même si cela à des conséquencesfâcheuses sur leur pouvoir et leur nation.

En faisant cela, Kant tente de mettre en place les conditions nécessairesà la réalisation d'une paix universelle ou tout du moins d'un respect de l'homme universel.

La tâche est noble mais nesemble pas avoir été beaucoup entendue.. »

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