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KANT ET LE PENCHANT AU PLAISIR

Publié le 27/02/2008

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kant
Supposons que quelqu'un affirme, en parlant de son penchant au plaisir, qu'il lui est tout à fait impossible d'y résister quand se présente l'objet aimé et l'occasion : si, devant la maison où il rencontre cette occasion, une potence était dressée pour l'y attacher aussitôt qu'il aurait satisfait sa passion, ne triompherait-il pas alors de son penchant ? On ne doit pas chercher longtemps ce qu'il répondrait. Mais demandez-lui si, dans le cas où son prince lui ordonnerait, en le menaçant d'une mort immédiate, de porter un faux témoignage contre un honnête homme qu'il voudrait perdre sous un prétexte plausible, il tiendrait comme possible de vaincre son amour pour la vie, si grand qu'il puisse être. Il n'osera peut-être assurer qu'il le ferait ou qu'il ne le ferait pas, mais il accordera sans hésiter que cela lui est possible. Il juge donc qu'il peut faire une chose, parce qu'il a conscience qu'il doit la faire et il reconnaît ainsi en lui la liberté qui, sans la loi morale, lui serait restée inconnue. KANT

À travers l'exposé de deux situations, Kant entend montrer le pouvoir de la liberté, par laquelle je reconnais qu'il m'est possible de préférer le devoir à ma propre vie. Dans le premier cas, un homme, sommé de choisir, préfère la vie à la satisfaction d'un désir, même pressant. Il y a là le résultat simple d'une comparaison entre deux penchants, la force de l'un étant capable de vaincre l'autre. Dans le deuxième cas, la situation est inverse. Placé face au devoir, l'homme affirme qu'il doit préférer mettre en jeu sa vie, même s'il ne peut assurer qu'il en sera capable. Le devoir s'oppose au penchant, mais n'en triomphe pas forcément. Mais que j'obéisse ou non à mon devoir, l'action m'est imputable : au moment d'agir, il m'était possible d'agir conformément au devoir.  Le devoir est la forme à travers laquelle s'impose à nous la loi morale, précisément parce que nous ne sommes pas seulement des êtres rationnels, mais aussi soumis aux penchants de la sensibilité.  Mais, inversement, si nous reconnaissons la loi morale comme un devoir, c'est que nous ne sommes pas seulement soumis aux penchants de la sensibilité, mais encore des êtres rationnels. La loi, en général, est ce qui régit sans exception les objets ou les êtres auxquels elle s'applique. Elle revêt donc la forme de l'universalité. La loi morale est ce qui me permet de généraliser la maxime de mon action.

kant

« puissance interne qui est celle du devoir. [III.

Loi morale et liberté] a.

C'est ainsi la conscience de ce que l'on doit faire qui me permet d'affirmer une liberté.

Celle-ci n'est passeulement capacité de résister à la pression de l'extérieur, elle est, plus radicalement, ouverture d'une possibilitéautre que celle déterminée par ce pouvoir extérieur.

La liberté oppose à l'obéissance mécanique, suscitée par la peurde mourir, un autre choix : elle échappe à la stricte contrainte en formulant ce qui lui est supérieur — l'obligationrelative à la loi.b.

Le paradoxe apparent est donc que la liberté se fait connaître en passant par la formulation de lois.

Kant retrouveen morale une formulation qui était celle, plus politique, de Rousseau : la véritable liberté est l'obéissance à la loiqu'on s'est prescrite.

Il ne s'agit donc pas de reconnaître la liberté dans des lois venant de l'extérieur de ma raison(celles de mes satisfactions sensibles : le plaisir, ou celle d'un pouvoir en place qui me menace).

C'est au contraireparce que la loi morale est inscrite dans ma conscience qu'elle me permet de comprendre sa relation avec maliberté.c.

On doit dès lors admettre que tout homme ayant la conscience de ce qu'il doit faire bénéficie en lui de la liberté,et, s'il est vrai que la conscience du devoir peut être universelle, la liberté est un bien pour l'humanité dans sonensemble. [Conclusion] La situation morale, selon Kant, fait affleurer notre liberté ; mais celle-ci n'en reste pas moins de nature proprementmétaphysique.

On la saisit dans la conscience du devoir, mais on ne peut, au sens strict, démontrer son existence.C'est précisément parce que les arguments logiques que l'on peut énoncer en sa faveur sont aisément équilibrés pardes contre-arguments qu'il reste à la saisir lorsqu'elle émerge en nous, incontestable, à l'occasion de ce qui nouspermet de résoudre tout conflit moral. KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.

La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science commeun fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.

La lecture de Rousseau lui fait aussiconsidérer la moralité comme un fait.

Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, lescroyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.

Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoirpar la foi.

» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, lesdonnées de la sensation.

Le monde intelligible est une« illusion théorique».

Le pouvoir de la raison pure est illusoire.Les principes de l'entendement pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'estla dialectique transcendante.

La raison doit reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser sonobjectivité.

— La connaissance se ramène à deux éléments : le monde sensible, ou phénomènes liés à l'espace et autemps et le monde intelligible, ou chose en soi, noumènes, pur objet de pensée.

L'intuition et le concept sont lessources de la connaissance.

— Mais, intellectuellement, il nous est impossible de parvenir à la connaissance dumonde intelligible.

— L'espace et le temps sont les conditions de toute connaissance ; pour qu'un objet possède uneréalité objective, il faut qu'il soit placé dans l'espace et le temps.

L'espace et le temps sont les formes a priori detoutes les données empiriques.

C'est ce qu'analyse Kant dans son esthétique transcendantale ou analyse de lasensibilité.

Les représentations données par ces deux éléments sont liées entre elles par la raison finie, à l'aide descatégories, ou principes de l'entendement pur.

Les catégories (analytique transcendantale) qui dessinent les limitesde la vérité, sont les produits d'une force et non pas l'attribut d'une substance.

Elles sont posées à l'occasion del'expérience, mais la dépassent.

La quantité, la qualité, la relation et la modalité sont les classes de jugement ;chaque classe renferme trois catégories (concepts fondamentaux a priori de l'entendement pur).

Quantité : unité,totalité, pluralité.

Qualité : réalité, négation, limitation.

Relation : substance, causalité, réciprocité.

Modalité :possibilité, existence, nécessité.

— L'analytique et la dialectique constituent la logique transcendantale.

La raison aune destinée pratique, une faculté d'agir.

Si la raison pure théorique est illusoire, la raison pure pratique est infaillibleElle est liberté, elle se donne à elle-même ses propres règles morales, qui définissent son autonomie.

— Il y a en. »

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