Devoir de Philosophie

Kant et la perte du sens commun

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

kant
Le seul caractère général de l'aliénation est la perte du sens commun et l'apparition d'une singularité logique; par exemple, un homme voit en plein jour sur sa table une lumière qui brûle, alors qu'un autre à côté de lui ne la voit pas ; ou il entend une voix qu'aucun autre ne perçoit. Pour l'exactitude de nos jugements en général et par conséquent pour l'état de santé de notre entendement, c'est une pierre de touche subjectivement nécessaire que d'appuyer notre entendement sur celui d'autrui sans nous isoler avec le nôtre ; et de ne pas faire servir nos représentations privées à un jugement en quelque sorte public. C'est pourquoi l'interdiction des livres qui ne visent que des opinions théoriques (surtout s'ils n'ont pas d'influence sur les formes légales de l'action et de la permission) fait tort à l'humanité. Car on nous enlève par là sinon le seul moyen, du moins le plus important et le plus utilisable qui puisse justifier nos propres pensées ; c'est ce que nous faisons en les exposant publiquement pour voir si elles s'accordent avec l'entendement d'autrui ; autrement, on prendrait facilement pour objectif ce qui n'est que subjectif (par exemple, une habitude ou une inclination)... Celui qui, sans avoir recours à ce critère, s'entête à faire valoir son opinion personnelle en dehors ou même en dépit du sens commun s'abandonne à un jeu de la pensée, où il voit, se conduit et juge non pas dans un monde éprouvé en commun avec les autres mais dans un monde qui lui est propre (comme dans le rêve). Emmanuel KANT.

 « Le seul caractère général de l'aliénation est la perte du sens commun et l'apparition d'une singularité logique; par exemple, un homme voit en plein jour sur sa table une lumière qui brûle, alors qu'un autre à côté de lui ne la voit pas ; ou il entend une voix qu'aucun autre ne perçoit. Pour l'exactitude de nos jugements en général et par conséquent pour l'état de santé de notre entendement, c'est une pierre de touche subjectivement nécessaire que d'appuyer notre entendement sur celui d'autrui sans nous isoler avec le nôtre ; et de ne pas faire servir nos représentations privées à un jugement en quelque sorte public. C'est pourquoi l'interdiction des livres qui ne visent que des opinions théoriques (surtout s'ils n'ont pas d'influence sur les formes légales de l'action et de la permission) fait tort à l'humanité. Car on nous enlève par là sinon le seul moyen, du moins le plus important et le plus utilisable qui puisse justifier nos propres pensées ; c'est ce que nous faisons en les exposant publiquement pour voir si elles s'accordent avec l'entendement d'autrui ; autrement, on prendrait facilement pour objectif ce qui n'est que subjectif (par exemple, une habitude ou une inclination)... Celui qui, sans avoir recours à ce critère, s'entête à faire valoir son opinion personnelle en dehors ou même en dépit du sens commun s'abandonne à un jeu de la pensée, où il voit, se conduit et juge non pas dans un monde éprouvé en commun avec les autres mais dans un monde qui lui est propre (comme dans le rêve). «

kant

« III.

Pourquoi l'interdiction des livres qui ne visent que des opinions théoriques fait- elle tort à l'humanité ? Kant justifie ensuite son choix du livre théorique comme meilleur moyen de se confronter à autrui.

Publier se type de livre signifie le confronter à un grand nombre de lecteurs, et donc signifie se rapprocher d'une plus grande objectivité dans laréception.

Les amis pourraient être subjectifs en étant plus favorables à une idée que ce qu'ellemérite réellement, il en est de même pour la famille.

Le quidam est donc plus objectif.

De plus,les critiques récurrentes des lecteurs anonymes seraient plus objectives que des critiquesisolées.

Le sens commun perce mieux à travers le grand nombre.

C'est pourquoi la publication delivres théoriques est, sinon le seul moyen, tout du moins le meilleur moyen de confronter nosidées à cette pierre de touche qu'est autrui.

Il ne faut donc pas interdire ces publications :« Car on nous enlève par là sinon le seul moyen, du moins le plus important et le plus utilisablequi puisse justifier nos propres pensées ; c'est ce que nous faisons en les exposant publiquementpour voir si elles s'accordent avec l'entendement d'autrui […] » En effet, sans pierre de toucheexterne, n'importe quel sujet peut tomber aisément dans la confusion entre objectivité etsubjectivité lorsqu'il juge ses propres idées.

Par exemple, une idée qui flatte les goûts propres dusujet ou qui s'accorde avec l'une de ses inclinations peut le séduire facilement et son jugementla concernant sera faussé.

Il croira cette idée objective tandis qu'elle sera subjective :« autrement, on prendrait facilement pour objectif ce qui n'est que subjectif (par exemple, unehabitude ou une inclination)...

» IV. L'auteur termine en soulignant les risques encourus par celui qui refuse de soumettre ses idées à autrui. Celui-ci expose des idées valables uniquement dans le système de croyances qu'il s'est constitué, c'est à dire dans un monde subjectif qui lui est propre, maisqui est incompatible avec le monde objectif dans lequel tout les autres individus vivent.

Sapensée, devenue folle, s'entête à nier le monde réel en exécutant des mouvements decontorsion, en réinterprétant les éléments de la réalité objective pour les adapter à son systèmede pensée subjectif.

Il joue à une sorte de jeu dans lequel son monde, subjectif comme l'est unrêve, affronte, dans un combat sans espoir, le monde objectif et ses membres sans, en réalité,ne jamais laisser de chance aux autres ; dans la mesure où il n'apporte jamais créance qu'à sespropres idées, faute de quoi son propres système serait remis en question : « Celui qui, sansavoir recours à ce critère, s'entête à faire valoir son opinion personnelle en dehors ou même endépit du sens commun s'abandonne à un jeu de la pensée, où il voit, se conduit et juge non pasdans un monde éprouvé en commun avec les autres mais dans un monde qui lui est propre(comme dans le rêve).

» KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.

La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science commeun fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.

La lecture de Rousseau lui fait aussiconsidérer la moralité comme un fait.

Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, lescroyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.

Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoirpar la foi.

» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, lesdonnées de la sensation.

Le monde intelligible est une« illusion théorique».

Le pouvoir de la raison pure est illusoire.Les principes de l'entendement pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'estla dialectique transcendante.

La raison doit reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser sonobjectivité.

— La connaissance se ramène à deux éléments : le monde sensible, ou phénomènes liés à l'espace et autemps et le monde intelligible, ou chose en soi, noumènes, pur objet de pensée.

L'intuition et le concept sont lessources de la connaissance.

— Mais, intellectuellement, il nous est impossible de parvenir à la connaissance du. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles