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KANT: Pouvoir et lois

Publié le 03/05/2005

Extrait du document

kant
L'homme est un animal qui, lorsqu'il vit parmi d'autres membres de son espèce, a besoin d'un maître. Car il abuse à coup sûr de sa liberté à l'égard de ses semblables ; et quoique en tant que créature raisonnable il souhaite une loi qui pose les limites de la liberté de tous, son inclination animale égoïste l'entraîne cependant à faire exception pour lui-même quand il le peut. Il lui faut donc un maître pour briser sa volonté particulière, et le forcer à obéir à une volonté universellement valable ; par là chacun peut être libre. Mais où prendra-t-il ce maître ? e part ailleurs que dans l'espèce humaine. Or ce sera aussi un animal qui a besoin d'un maître. De quelque façon qu'il s'y prenne, on ne voit pas comment, pour établir la justice publique, il pourrait se trouver un chef qui soit lui-même juste, et cela qu'il le cherche dans une personne unique ou dans un groupe composé d'un certain nombre de personnes choisies à cet effet. Car chacune d'entre elles abusera toujours de sa liberté si elle n'a personne, au-dessus d'elle, qui exerce un pouvoir d'après les lois. KANT

Comment réaliser un ordre politique juste ? Tel est le grand problème soulevé par ce texte. Kant nous montre ici que le problème de la justice politique est très difficile parce qu'un maître a besoin d'un maître pour le forcer à obéir à la volonté universelle. Définissez animal (être vivant organisé), maître (personne ou autorité exerçant une domination, de manière à élever l'être humain particulier à l'universel), mais aussi loi (règle impérative universelle, valable pour tous, régissant l'activité des hommes). N'oubliez pas la justice (obéissance au droit, de telle sorte que la dignité des personnes soit respectée). Vous pourrez ainsi mieux suivre les étapes de l'argumentation de Kant, très précises comme il en est toujours chez ce philosophe : une première phrase pose le principe qu'il va démontrer ; cette démonstration s'appuie sur les caractères de l'homme ; Kant tire ensuite les conséquences de son principe et l'applique au domaine de la justice politique.

 

Soulignez donc dès le départ les expressions et termes importants :

� animal qui... a besoin d'un maître;

� car il abuse à coup sûr de sa liberté ;

� créature raisonnable ;

� il souhaite une loi qui limite sa liberté ;

� penchant animal à l'égoïsme ;

� force à obéir.

kant

« passer, lui aussi, la sensibilité égoïste avant la raison, le désir particulier avant l'universel. 3) À partir de ce texte, montrez, dans un développement argumenté et progressif, ce à quoi l'homme doitrenoncer pour vivre en société. La vie en société désigne une intégration de chaque individu dans le milieu humain qui le structure et lui donne sens.Qu'est-ce qu'une existence en société ? Elle désigne une vie, au milieu d'un ensemble d'individus entre lesquelsexistent des rapports organisés et des échanges de services.

Cette communauté représente un milieu créateur denotre existence, qu'elle produit littéralement.Mais pour vivre en société, ne nous faut-il pas renoncer à une partie de nous-mêmes, nous défaire de certainsinstincts, de certaines tendances ? C'est ce que nous montre le texte de Kant soumis à notre réflexion.

C'est bien,d'ailleurs, ce que chacun de nous-mêmes soupçonne et appréhende.

La société ne se donne-t-elle pas comme unensemble brisant les penchants naturels pour accomplir l'oeuvre de justice ? En d'autres termes, le problème est lesuivant : la société ne doit-elle pas briser un aspect de la nature et du donné naturel pour édifier un homme deraison et de liberté ? Renoncer à une part de la nature pour vivre au sein de la communauté ? Telle est laproblématique.Pour vivre en société, l'homme doit, d'abord, renoncer à une partie de son animalité, comme nous le montre Kant.Car il y a en nous un côté animal, une dimension sensible, qui résiste à la raison.

Nous sommes aussi des animaux, etpas seulement des êtres rationnels et raisonnables.

Nous appartenons au règne de la nature.

Nous existons commeanimaux recherchant leur intérêt propre, particulier.

Pour vivre en société, l'homme doit renoncer à une partie deces besoins et désirs animaux, qui ne peuvent qu'entrer en conflit avec les désirs et besoins animaux des autreshommes.

D'où la lutte, d'où la guerre.

Or, il n'est pas de société dans l'antagonisme absolu.Dès lors, l'homme va renoncer, non seulement à son animalité, mais, comme nous l'indique Kant, à l'abus de saliberté à l'égard de ses semblables.

L'abus, c'est l'excès, l'usage mauvais et excessif.

Or, nous ne pouvons faire unusage excessif de notre faculté de choix à l'égard de nos semblables.

Ma liberté est limitée par celle de l'autre : telest bien le sens de la loi, qui m'interdit de me faire centre des choses et m'ordonne de me décentrer par rapport àautrui.

À quoi renoncerai-je pour vivre en société ? À mon droit d'abuser de ma liberté : il faut respecter les droitsd'autrui.

Tel est l'impératif de la justice.Ce qui signifie que je renoncerai à mon penchant à l'égoïsme, à l'attachement excessif à moi-même, qui fait que jerecherche exclusivement mon plaisir et mon intérêt personnel.

Ce développement exclusif de l'égoïsme, il me faut yrenoncer.

Je n'ai pas à faire régner ce qui est uniquement avantageux à mon moi.

Par exemple, la musique quej'écoute doit prendre en compte le silence de la communauté, cette exigence du bien-vivre dans la paix de l'esprit.Décidément, vivre en société nous fait renoncer à de multiples tendances égoïstes.

Mon transistor ne sauraitperturber la vie en société, l'ensemble des individus entre lesquels existent des rapports réglés et des échanges deservices.Ce qui signifie, ultime point, que pour vivre en société, l'homme doit renoncer à se réserver un régime d'exceptionpour lui-même.

Il n'est pas le centre des choses.

Il ne peut faire exception aux lois, l'individu ne sera pas cet êtreexceptionnel au-dessus des lois.

Il nous faut renoncer à nous situer en dehors des lois de droit et de justice.En résumé, l'homme doit renoncer à être un exemplaire d'une espèce animale, renoncer à se comporter comme unanimal soumis à ses instincts.

Pour vivre en société, il faut répudier en soi une certaine nature instinctuelle pouraccomplir l'humanité comme raison et comme liberté.

Beau programme, bien difficile à réaliser ! Qu'est-ce quel'homme ? Pour vivre en société, il doit se faire liberté et universalité, il doit maîtriser ses penchants, fût-ce sousune contrainte sociale et juridique.

Il doit s'élever au-dessus de la grossièreté de l'homme naturel, accéder àl'univers de la loi, de la politesse, de la morale.

Que de choses à répudier !La société ne doit-elle pas briser un aspect de la nature humaine ? À coup sûr ! C'est la seule façon d'accéder à lacommunauté humaine. KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.

La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science commeun fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.

La lecture de Rousseau lui fait aussiconsidérer la moralité comme un fait.

Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, les. »

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