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KANT et les prescriptions de la raison

Publié le 27/02/2008

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L'homme doit de bonne heure être habitué à se soumettre aux prescriptions de la raison. Si en sa jeunesse on laisse l'homme n'en faire qu'à sa volonté et que rien ne lui est opposé, il conserve durant sa vie entière une certaine sauvagerie. Et il ne sert en rien à certains d'être en leur jeunesse protégés par une excessive tendresse maternelle, car plus tard ils n'en rencontreront que plus de résistances et ils subiront des échecs dès qu'ils s'engageront dans les affaires du monde. C'est une faute habituelle dans l'éducation des princes que de ne jamais leur opposer dans leur jeunesse une véritable résistance, parce qu'ils sont destinés à régner. Chez l'homme, en raison de son penchant pour la liberté, il est nécessaire de punir sa rudesse : en revanche chez l'animal cela n'est pas nécessaire en raison de l'instinct. KANT

• se soumettre aux prescriptions de la raison : la raison désigne chez Kant la faculté des principes dictant à l'homme ce qui est vrai et, surtout, ce qui est bien. Elle est universelle, donc commune à tous les hommes. Ses commandements (« prescriptions «) sont impératifs, car ils ne tolèrent aucune exception. Il faut donc entendre à la lettre le terme de « soumission « : être « soumis « à la raison, c'est à la fois être dompté et être subjugué par elle.  • une excessive tendresse maternelle : Kant ne condamne pas la tendresse maternelle en tant que telle, mais son excès. Il est ici défini négativement comme un refus de contrarier la volonté de l'enfant. Donner une tendresse maternelle excessive, c'est donc refuser de s'opposer ou de résister aux souhaits de l'enfant. C'est démissionner de son rôle d'éducatrice, primordial pour Kant.  • penchant pour la liberté : le terme de « penchant « insiste sur le caractère naturel de la liberté humaine, par opposition à l'instinct animal. Mais le penchant ou l'inclination doivent être éduqués pour se développer. Faute de quoi ils restent en friche. C'est le sens de la question 3.  

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« la conscience pour une définition du sujet rationnel pensant, la vérité et la liberté pour une désignation desbuts de ce sujet rationnel.

Mais à chaque fois, on veillera à bien spécifier le domaine et l'enjeu : est-onéduqué au vrai comme on peut l'être au bien ? A-t-on affaire à une simple contrainte extérieure ou à unevéritable obligation intérieure ? Se situe-t-on sur le plan du fait (ce qui est) ou du droit (ce qui doit être) ?etc.• « Le concept de devoir est déjà en lui-même le concept d'une contrainte du libre arbitre par la loi ; orcette contrainte peut être une contrainte extérieure ou une contrainte par soi-même » (Kant, Métaphysiquedes moeurs).

Dans le second cas, elle devient une « obligation », au sens défini par Rousseau dans leContrat social : « L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté ».

L'enjeu d'une éducation véritablepourrait bien résider dans ce passage de la simple contrainte extérieure et subie à l'obligation intérieure etchoisie, à l'« autonomie ».• « La violence est cette impatience dans le rapport avec autrui, qui désespère d'avoir raison et choisit lemoyen court pour forcer l'adhésion » (G.

Gusdorf, La Vertu de force).

Le recours à la contrainte comprisecomme coercition et violence masque souvent l'impuissance à communiquer et à légitimer rationnellementses pensées et ses actes. > QUESTION 1 La première phrase du texte en donne la thèse : « « L'homme doit de bonne heure être habitué à sesoumettre aux prescriptions de la raison » (cf.

l'« Analyse du texte »).

Les trois phrases qui suiventconstituent le développement ou l'argumentation de cette thèse, et répondent à trois objections possibles :1/ si l'enfant n'est pas soumis de bonne heure aux préceptes de la raison, il reste d'une certaine manièresauvage ; 2/ l'argument de la tendresse maternelle n'en est pas un, car une tendresse excessive affaiblitl'enfant par rapport aux difficultés qu'il sera par la suite amené à rencontrer ; 3/ les princes eux-mêmes (casparticulier d'enfants, mais qui n'échappe pas à la règle énoncée dans la thèse) doivent être soumis auxpréceptes de la raison.

Ce n'est pas parce qu'ils sont destinés à régner, donc à gouverner les autres, qu'ilsne doivent pas d'abord être gouvernés, pour s'autogouverner.

La dernière phrase du texte reprend la thèseen la développant à l'aide du paradoxe mis au jour par l'exemple des princes : c'est précisément parce quel'homme a un « penchant » pour la liberté qu'il doit être contraint. > QUESTION 2 a.

« ...il conserve durant sa vie entière une certaine sauvagerie » Si l'humanité commence, voire finit, parune « soumission aux prescriptions de la raison », et si l'homme qui n'y est pas soumis dans son enfance estvoué à rester dans « une certaine sauvagerie », alors la « sauvagerie » doit désigner l'indépendance del'homme par rapport à toute forme de prescription ou de loi.

C'est une sorte d'anarchie ou d'état de naturede l'humanité, où l'homme « n'en fait qu'à sa volonté et [où] rien ne lui est opposé ».

C'est l'homme en tantqu'animal, qui accomplit sa destination sans la penser et sans la connaître, aveuglément.

C'est la bestialitéqui l'emporte sur l'humanité.

Mais pourquoi cela risque-t-il de durer « la vie entière » ? Parce que l'éducationest une tâche infinie, qui commence dès le plus jeune âge.

Une plante bien mise en terre et correctementarrosée, pousse mieux qu'une graine jetée n'importe où et sans soins.

Il en va de même pour l'homme.b.

Pourquoi est-ce une faute, dans l'éducation des princes, « de ne jamais leur opposer dans leur jeunesseune certaine résistance » ? C'est une faute morale, et non une simple erreur, pour deux raisons.

D'une part,le prince n'en est pas moins un homme.

Il est donc soumis à la même loi générale que tous les autres : s'iln'est pas « de bonne heure habitué à se soumettre aux prescriptions de la raison », il restera toute sa viedans « une certaine sauvagerie ».

D'autre part, le prince est amené à gouverner les autres hommes.

Or s'iln'a jamais eu d'autre modèle que celui de sa propre sauvagerie, il sera incapable de gouverner ses sujetsautrement que « sauvagement ».

Il sera donc à la fois injuste ou illégitime, et dangereux.

Car il donnera unemauvaise image à ceux qu'il gouverne et les incitera soit à l'imiter, soit à enfreindre la loi.

Il formera soitd'autres petits tyrans, soit des hors-la-loi qui, pour des raisons différentes certes, sont égalementinacceptables pour Kant. > QUESTION 3 [Introduction]La pédagogie, moderne en particulier, associe la liberté de l'individu (l'enfant, l'élève, tout homme) àl'absence de contrainte.

Le parent ou le maître doivent laisser s'exprimer les tendances spontanées du petithomme à éduquer, afin qu'il trouve par lui-même son chemin et sa place parmi les autres individus libres etrationnels.Mais de même qu'on ne peut penser sans contenu, on ne peut être éduqué ni s'éduquer soi-même sanscontrainte, qu'on la comprenne comme coercition minimale (le régime de l'athlète), ou comme obligationimpérieuse (la loi morale kantienne prohibant le mensonge).

Jusqu'à quand et pour quelles raisons le recoursà la contrainte reste-t-il alors légitime ? Où passe la frontière qui sépare la pensée et la conduite sous laférule d'autrui, d'un comportement et d'un raisonnement pleinement autonomes et responsables ? [I.

II n'y a pas d'éducation digne de ce nom sans contrainte]. »

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