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KANT: théologie et morale

Publié le 02/05/2005

Extrait du document

kant
La religion, qui est fondée simplement sur la théologie, ne saurait contenir quelque chose de moral. On n'y aura d'autres sentiments que celui de la crainte, d'une part, et l'espoir de la récompense de l'autre, ce qui ne produira qu'un culte superstitieux. Il faut donc que la moralité précède et que la théologie la suive, et c'est là ce qui s'appelle la religion. La loi considérée en nous s'appelle la conscience. La conscience est proprement l'application de nos actions à cette loi. Les reproches de la conscience resteront sans effet, si on ne les considère pas comme les représentants de Dieu, dont le siège sublime est bien élevé au-dessus de nous, mais qui a aussi établi en nous un tribunal. Mais d'un autre côté, quand la religion ne se joint pas à la conscience morale, elle est aussi sans effet. Comme on l'a déjà dit, la religion, sans la conscience morale, est un culte superstitieux. On pense servir Dieu en le louant, par exemple, en célébrant sa puissance, sa sagesse, sans songer à remplir les lois divines, sans même connaître cette sagesse et cette puissance et sans les étudier. On cherche dans ces louanges comme un narcotique pour sa conscience, ou comme un oreiller sur lequel on espère reposer tranquillement. KANT

• La loi morale est la condition de possibilité du « vrai culte «, d’une religion authentique. Dans le « faux culte «, c’est la théologie (interprétation des écrits bibliques) qui est le fondement, la condition de possibilité de la morale. L’homme perd son autonomie rationnelle et devient le jouet des exégèses théologiques, des prêtres devenus « fonctionnaires « (hétéronomie de la volonté). On voit ici le danger que la religion ne sécrète son poison mortel : le fanatisme et l’impossibilité d’une amélioration de l’homme, assujettis au rang d’éternel « mineur «.  • Les sentiments de « crainte « (« Respecte la loi divine, si tu ne veux pas être damné «) , d’« espoir « (« Respecte la loi morale, . si tu veux être sauvé«) ne peuvent fonder que des « impératifs hypothétiques «, cad des maximes conditionnées par l’égoïsme, l’intérêt ou que des moyens en vue d’une fin plus ou moins louable.

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« Le faux culte intervient dès que la foi statutaire n'est plus subordonnée à la foi naturelle, à la loi morale, dès qu'ellen'est plus un simple véhicule de celle-ci, mais qu'elle devient une fin en soi.

La lettre supplante alors l'esprit, lespratiques extérieures se substituent à la vrai foi.

Le prêtre cesse d'être un serviteur, un ministre de l'Eglise, pourdevenir un fonctionnaire.

On tombe alors dans la superstition religieuse : « la folie de croire que, par les religieux duculte, on peut faire quelque chose pour sa justification devant Dieu, c'est la superstition religieuse.

»A cette corruption de la vraie foi, le remède est de prendre la conscience pour « guide en matière de foi ».

Ce n'estpas la prière qui sauvera l'homme ; elle n'est qu'un moyen de ranimer en nous l'intention morale, et nullement unmoyen de grâce.

Ce n'est pas non plus la fréquentation de l'église, simple moyen d'édification pour chacun enparticulier, et devoir des fidèles en tant que membres d'une Eglise visible.

Ce n'est pas davantage la consécrationpar le baptême ou la communion.

Encore une fois, l'homme ne doit pas compter sur un secours extérieur, parce que: « ce qui doit nous être imputé à titre de bonne conduite morale ne devrait pas s'effectuer grâce à une influenceétrangère, mais uniquement par l'usage le meilleur possible de nos propres forces ».Ainsi apparaît à nouveau le primat de la raison pratique, législatrice souveraine, à laquelle la religion même estsubordonnée.

L'homme est seul avec sa conscience et il n'y a pas de favoris du ciel.

Nous avons tous les mêmesarmes pour un même combat, et chacun fait son propre salut.Kant était fortement attaché aux principes religieux qu'il avait reçus de sa mère, et c'est pour tenter d'accorder cesprincipes aux thèses de son rationalisme moral qu'il écrivit la « Religion dans les limites de la simple raison ».Le christianisme n'est raisonnable que dans la mesure où il est moral et le principe moral qu'il contient n'est pasthéologique.

A la question : à quelles conditions une religion est-elle possible, le philosophe critique répond enarguant du fait rationnel du devoir.

En ce point, il n'y a aucune ambiguïté : inféoder la conduite éthique à descommandements divins serait restaurer une hétéronomie qui ruine la liberté.

L'éthique est autosuffisante.

C'estl'éthique qui exige qu'on postule l'existence d'un Dieu susceptible de rendre possible la réalisation du Souverain Bien.La morale conduit à la religion qui ne la fonde pas La religion n'est, en ce qu'elle est raisonnable, que l'Idée d'unlégislateur moral suprême supposé.

La religion représente tous les devoirs comme des ordres divins.

Mais nos devoirsne sont précisément pas des ordres divins.

La religion relève de l'ordre régulateur du « Comme si ». Ce texte vient contredire ou réduire la portée des cinq caractéristiques du « Dieu chrétien ». KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.

La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science commeun fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.

La lecture de Rousseau lui fait aussiconsidérer la moralité comme un fait.

Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, lescroyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.

Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoirpar la foi.

» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, lesdonnées de la sensation.

Le monde intelligible est une« illusion théorique».

Le pouvoir de la raison pure est illusoire.Les principes de l'entendement pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'estla dialectique transcendante.

La raison doit reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser sonobjectivité.

— La connaissance se ramène à deux éléments : le monde sensible, ou phénomènes liés à l'espace et autemps et le monde intelligible, ou chose en soi, noumènes, pur objet de pensée.

L'intuition et le concept sont lessources de la connaissance.

— Mais, intellectuellement, il nous est impossible de parvenir à la connaissance dumonde intelligible.

— L'espace et le temps sont les conditions de toute connaissance ; pour qu'un objet possède uneréalité objective, il faut qu'il soit placé dans l'espace et le temps.

L'espace et le temps sont les formes a priori detoutes les données empiriques.

C'est ce qu'analyse Kant dans son esthétique transcendantale ou analyse de lasensibilité.

Les représentations données par ces deux éléments sont liées entre elles par la raison finie, à l'aide descatégories, ou principes de l'entendement pur.

Les catégories (analytique transcendantale) qui dessinent les limitesde la vérité, sont les produits d'une force et non pas l'attribut d'une substance.

Elles sont posées à l'occasion del'expérience, mais la dépassent.

La quantité, la qualité, la relation et la modalité sont les classes de jugement ;chaque classe renferme trois catégories (concepts fondamentaux a priori de l'entendement pur).

Quantité : unité,totalité, pluralité.

Qualité : réalité, négation, limitation.

Relation : substance, causalité, réciprocité.

Modalité :. »

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