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Karl Heinrich MARX: Le fondement de la critique irreligieuse...

Publié le 06/04/2005

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marx
Le fondement de la critique irréligieuse est: c'est l'homme qui fait la religion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme. Certes, la religion est la conscience de soi et le sentiment de soi qu'a l'homme qui ne s'est pas encore trouvé lui-même, ou bien s'est déjà reperdu. Mais l'homme, ce n'est pas un être abstrait blotti quelque part hors du monde. L'homme, c'est le monde de l'homme, l'État, la société. Cet État, cette société produisent la religion, conscience inversée du monde, parce qu'ils sont eux-mêmes un monde à l'envers. La religion est la théorie générale de ce monde, sa somme encyclopédique, sa logique sous forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa consolation et sa justification universelles. Elle est la réalisation fantastique de l'être humain, parce que l'être humain ne possède pas de vraie réalité. Lutter contre la religion c'est donc indirectement lutter contre ce monde-là , dont la religion est l'arôme spirituel. La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l'à¢me d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple. L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel. Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation c'est exiger qu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions. La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l'auréole. Karl Heinrich MARX (1818-1883)
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« religion.

Dès lors, compte tenu de l'identité de l'homme avec l'Etat et la société, la thèse peut, à l'identique seformuler : « l'Etat, la société produisent font] la religion ».

A compléter avec la formulation selon laquelle « la religionest la conscience de soi et de sa valeur de l'homme ».

Dès lors, l'enchaînement des idées est le suivant : puisque lareligion est la conscience de soi de l'homme, on peut aussi bien dire que la religion (comme produit) est laconscience (de soi) du monde.Mais , dit Marx, une conscience inversée (une conscience du monde à l'envers).

Une conscience qui n'est pasinversée par elle-même, car la religion n'est rien par elle-même.

Une conscience qui n'est inversée que de dire (àl'endroit) que le monde est « à l'envers ».

Et bien que le terme ne soit pas expressément employé, on a envie dedire que la religion est un reflet, elle est comme un miroir qui reflète.

Image impossible cependant, car l'essentieln'est pas que la religion soit à l'envers, mais c'est que la société (et l'Etat) le soient : sens dessus dessous.

Unreflet d'un monde à l'envers, ne serait-il pas à l'endroit ?A partir de là, Marx, dans une expression toute romantique, et avec une accumulation presque baroque des termes,entreprend de particulariser les mille et un aspects de la religion.

Toujours par rapport au monde, en marquant sonaspect théorique (au sens d'abstrait) : « La religion c'est la théorie générale de ce monde » (à l'envers).

Cettethéorie n'est pas quelque chose de concret, une simple manière de voir (théorie veut dire aussi contempler,observer…), sans le plein du réel, seulement un vide : le vide de la conscience, définie déjà comme écart.Et Marx de dévaloriser la religion : non pas une encyclopédie, mais seulement un abrégé (« compendium ») ; non pasune logique sous une forme noble, mais seulement sous une forme populaire ; un point d'honneur chevaleresque,mais seulement spiritualiste (et sans doute déjà démodé).Les termes employés pour définir la religion (enthousiasme, sanction morale) expriment a contrario (à l'envers) lemonde qu'elle reflète : sans enthousiasme, sans morale, sans honneur.

Monde pénible, dont il faut se consoler,monde injustifiable, qu'il faut pourtant justifier.

D'où l'énoncé, non seulement de la définition de la religion, mais desa fonction sociale,, tout entière tournée vers la réhabilitation d'un monde catastrophique.De même qu'il faut aller au fond des choses pour mener la critique irréligieuse, il faut aller au fond des choses, pourcomprendre la fonction de la religion.

« Au fond », parce que la religion elle-même est le fondement, le sol, le pointd'appui à partir duquel il est possible d'une part de consoler l'homme et de justifier le monde.Vide, sans contenu, la religion est pourtant une réalisation, une manière pour le réel de s'effectuer, mais sans réalitévraie, puisque Marx le dénonce, cette réalisation est de l'ordre du fantastique, on dirait aujourd'hui fantasmatique ouplus simplement de l'ordre de l'imaginaire, le caractère dérisoire de l'accolement impensable des deux termescontraires : « réalisation fantastique ».

Mais la dimension imaginaire de la religion n'est que la reprise de l'êtrehumain lui aussi en partie imaginaire.

L'homme, autrement dit la société, l'Etat, s'échappe à lui-même, il ne se «possède pas ».

La réalité qui est la sienne n'est pas complète, n'est pas achevée, n'a pas encore atteint sa vérité :« l'être humain ne possède pas de réalité vraie ».Lutter contre la religion en tant que telle ne saurait suffire.

Dès maintenant (« immédiatement », autrement dit sansattendre, sans détour, sans se donner d'autres adversaires) la lutte contre la religion se doit d'être la lutte contre lemonde, dont la religion est, mais n'est que l'expression.

A proprement parler il n'y a pas de lutte particulière à menercontre la religion.

Mais, dans un déplacement jusqu'alors jamais revendiqué, il faut porter la lutte contre un mondequi n'a pas atteint sa vérité.

Quel que soit le pittoresque de l'expression, la religion est considérée comme un parfumtout intellectuel, presque immatériel (« l'arôme ») du monde, sans doute selon l'image de l'encens qui, avec lamyrrhe et la cinnamome, sont brûlés devant les autels des divinités. 3) La religion est protestation contre la misère réelle de l'homme.

Mais la critique ne vise pas seulement à dévaloriserla religion , en la mettant à la place (la seconde), en décrivant sa double fonction à la fois théorie '‘abstraite) etréalisation (fantastique) de l'homme et de son monde.

Elle vise à passer au crible et à dégager tout ce qui est del'ordre de la religion.

Le thème du témoignage est repris (« expression de la misère ») mais pourtant la religion estdavantage : elle est aussi protestation.

Dans l'absence de réalité de l'être humain, dans sa réalité imaginaire se logela misère, et cette misère, Marx, par deux fois, la dénonce comme réelle (« expression de la misère réelle et laprotestation contre la misère réelle »).

L'homme est comme une créature tourmentée sur terre --ais l'on ne peutmanquer de songer aussi aux tourments de l'enfer : malgré ce qu'en dit la religion, l'enfer n'est pas pour l'au-delà, ilest déjà dans ce monde. Le monde est comme un être vivant, mais si bouleversé qu'il a une âme, mais qu'il n'a plus de cœur, ou plutôt c'estparce qu'en réalité le monde d'ici-bas n'a pas de cœur, que la religion est amenée à lui inventer une âme, pour l'au-delà.

Rencontre de l'homme (comme créature) et du monde qui s'actualisent en des situations concrètes, toutesmatérielles, et comme telles « dépourvues d'esprit ».

Là encore la religion propose son ersatz : « Elle est l'esprit desituations dépourvues d'esprit.

»Mais cette misère réelle est-elle supportable ? Ne faut-il pas lui substituer un bonheur illusoire.

Expression,protestation de la misère, la religion est plus encore assoupissement de cette misère.

Endormir la souffrance,endormir la protestation, telle est la fonction narcotique suprême de la religion, résumée dans la célèbre formule : «La religion est l'opium du peuple.

». »

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