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Le langage : Un instrument de pouvoir ?

Publié le 07/02/2004

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..). Dès lors, si le pouvoir manifeste son emprise sur le langage, ce dernier à son tour influence le Pouvoir, à tel point que l'évolution des phénomènes langagiers a une signification historique et politique considérable: l'invasion du franglais traduit ainsi notre infériorité à l'égard de l'Amérique anglophone, lorsque la France était puissante, on parlait français à Saint-Pétersbourg. De même, à la limite, on obtient le phénomène de la langue de bois qui est une conséquence de la glaciation du langage et/ou de la glaciation du Pouvoir. Aussi, il faut bien qu'un jour, change ce langage jugé rétrograde. Et, la révolution se manifeste aussi par un acte de langage. La prise du pouvoir ne s'accompagne pas par hasard de déclarations solennelles, de thèses ou de profession de foi.             En bref, on peut dire que le rêve de puissance est un rêve de langage. Il fonde et manifeste le Pouvoir et celui-ci s'exerce par celui-la. Le langage contre le pouvoir* D'où l'importance politique du langage : on agit sur les hommes par des mots. Inversement, le langage permet une résistance au pouvoir, précisément parce qu'il n'est pas un simple signal à décoder, comme le serait le langage des abeilles.
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« quand il veut régenter le sens, comme si l'on pouvait décréter : « voilà comment est le monde » et laisser cettephrase sans réponse possible. • Dans l'univers du goulag, Anna Akhmatova raconte que les femmes chuchotaient en recourant à des tournuresimpersonnelles (« on les a pris ») ; elle-même tendait à une confidente un papier avec ses poèmes, tout enprononçant à voix haute une phrase de convention « voulez-vous du thé ? », pour ne pas éveiller les soupçons.L'écriture de la subjectivité, à travers la langue libre du poème, peut s'interpréter comme une résistance contrel'oppression, mais aussi contre le langage de la non-personne et du « on a dit que » auquel le totalitarisme voudraitréduire les hommes. Le langage apparaît à la fois comme le véhicule d'expression de la pensée, comme moyen de nommer les choses etde communiquer.

S'interroger sur le pouvoir du langage amène à s'interroger sur ces fonctions, qui donnent aulangage un pouvoir propre, qui n'est pas seulement hérité de la pensée qu'il véhicule ni de la réalité dont il serait unecopie sous forme de signes.

Dans quelle mesure dire les choses peut alors contribuer à nous donner une emprise surelles et sur les destinataires du discours ? Comment le langage, par sa nature même, peut-il permettre non passeulement un discours, mais une action sur le monde et les autres ? Nous verrons dans un premier temps que lelangage s'adresse aux passions de ses destinataires et a le pouvoir d'être détaché de la réalité, pour créer unevérité qui lui est propre, ce qui lui confère sa force de persuasion.

Nous nous demanderons alors si le langage n'estpas plutôt ce qui forme notre raison et notre pensée, en nous permettant d'agir ainsi ensemble sur un monde connu.Il sera alors possible d'affirmer que si le langage contribue à nous donner du pouvoir sur un plan pratique, sonambition ne doit pas être étendue à la connaissance de l'essence même des choses dégagées du projet d'agir surelles. 1° Le langage comme instrument de persuasion Pour les sophistes de l'Antiquité, contre lesquels s'élève la philosophie platonicienne, le langage tient son pouvoir desa force de persuasion.

L'art de la rhétorique est l'art de discourir sur toute chose, et de nombreux citoyensréclamaient, dans la démocratie athénienne, les services des orateurs, pour persuader les juges des tribunaux ouleurs concitoyens lors des assemblées.

Si le langage a le pouvoir, lorsqu'il est bien utilisé, d'obtenir l'assentiment deson destinataire, c'est parce qu'il ne se soucie pas d'atteindre une vérité qui existerait indépendamment de lui, maisqu'il crée lui-même la vérité que l'orateur veut démontrer.

S'il est donc possible de démontrer des vérités différentesselon les interlocuteurs, c'est parce que le langage s'adresse aux passions et non à la raison : par son pouvoird'évoquer ce qu'il dit, il crée chez son destinataire pitié, terreur ou émotions qui ont sur l'âme le même effet que lesdrogues sur le corps, comme le souligne Gorgias.

Le discours du rhéteur lui donne ainsi un pouvoir sur sessemblables, et également, en un sens, sur l'être des choses puisque le langage n'est pas obligé de se conformer àune réalité extérieure, mais peut créer par son pouvoir d'évocation la vérité que l'on veut démontrer.

Le langagecompris ainsi peut donc se révéler un dangereux outil de domination et de manipulation. 2° Le langage nous donne du pouvoir par sa fonction de nommer les choses On peut penser que le langage ne tient pas uniquement son pouvoir de la force de persuasion d'un discours bienconstruit et évocateur, mais de sa propriété même de nommer les choses.

Le langage contribue à nous donner dupouvoir parce qu'il n'est ni une copie de la réalité ni un simple véhicule de la pensée, mais qu'il nous permet deformer notre pensée et notre connaissance du monde en créant des catégories dans le réel.

Rousseau, dans l'Essai sur l'origine des langues , pense l'origine du langage à partir du besoin de l'homme d'exprimer ses sentiments et de demander de l'aide à ses congénères.

Le langage évolue ensuite dans le sens d'une généralité et d'une abstractionqui permettent de former des idées générales et des concepts, en regroupant les objets du réel en catégories selonleurs propriétés.

Le langage contribue ainsi au pouvoir de l'homme sur le monde et sur ses semblables.

Enpermettant la connaissance du réel, il permet d'agir sur les choses par la maîtrise de leurs propriétés, et, par safonction de communication, il forme la base des sociétés humaines fondées sur un système de règles, édictées parle langage : il permet ainsi de réglementer les rapports humains par l'accord sur des significations. 3° Le langage est orienté vers l'action sur le monde et sur nos semblables, mais n'épuise pas l'essence duréel Selon Bergson, le langage est une création de l'organisme social qu'est l'homme, et est directement orienté versl'action.

Par les concepts, nous découpons le réel selon des catégories qui ne correspondent pas tant à l'essencedes choses qu'à nos besoins en vue de cette action sur le réel.

Le langage correspond donc à la connaissancethéorique du réel en vue de l'action et à des habitudes sociales : il contribue ainsi à notre pouvoir sur le réel et surnos semblables, par des catégories partagées par tous qui permettent une action commune.

Mais ces catégories nenous donnent pas le pouvoir d'accéder aux articulations propres du réel, qui résistent à cette classification entermes de besoin.

Pour saisir ce qu'est réellement un sentiment vécu, par exemple, il faut pouvoir se dégager de nos. »

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