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Langage et signification sont-ils forcément liés ?

Publié le 21/10/2005

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Le langage est un instrument de communication qui peut se spécifier au langage parlé, mais ne s'y réduit pas, avec les systèmes des langue et de la parole qui est un usage particulier du langage. Or dire que le langage est un instrument de communication n'est-ce pas dire qu'il est un instrument de signification. En effet, signifier : c'est exprimer un jugement, une parole, un état c'est participer avec l'autre à un échange, à une dialogue. Or le langage n'est-il pas l'outil de cet échange. Signifier semble bien être un synonyme de communiquer dans ce cas, à travers tous les types de langage comme le corps (la danse), l'art etc. il semblerait que je signifie toujours quelque chose. Pourtant, peut-on réduire le langage à la signification et inversement ? Y a-t-il un lien nécessaire, c'est-à-dire tel que cela ne puisse pas ne pas être ou être autrement, entre ces deux concept ? C'est bien la question du lien entre langage et signification qu'il nous faut étudier ici comme l'indique l'intitulé même du sujet : « Langage et signification sont-ils forcément liés ? » Or si la question se pose légitimement c'est aussi parce que nous pouvons faire l'expérience semble-t-il de leur dissociation. En effet, lorsque nous parlons pour ne rien dire, n'est-ce pas justement parce que nous ne signifions rien. Signifier ce n'est donc pas seulement exprimer c'est aussi produire du sens. Or dans le bavardage aussi peut-on dire que nous produisons un sens. Tout usage du langage ne semble pas toujours viser le sens c'est pourquoi il convient de s'interroger sur le rapport conceptuel entre langage et signification.             Si le langage semble donc être essentiellement un moyen de signification (1ère partie), il n'en demeure pas moins que ce lien ne paraît pas indéfectible (2nd partie) pourtant, dire que le langage ne serait pas signifiant ne serait-ce pas une contradiction dans la définition même de celui-ci voire une absurdité, une inconséquence logique ? Ne faut-il pas alors dépasser cette aporie ? (3ème partie).
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« gratuit que possible [...] de titres ou de fragments de titres découpés dans les journaux ».

Dès lors ce mélange nemanifeste-t-il pas l'absence de sens c'est-à-dire l'absence de raison qui sont pourtant nécessaire en tantqu'organisation afin de développer une signification.

En effet, si le langage a pour but de produire du sens, ce sensdoit-il être ordonné suivant des règles telles que la syntaxe, la sémantique et la sémiologie.

Faire fi de cescontraintes n'est-ce pas construire ce lien entre langage et signification ?b) Or ne faut-il pas aussi s'interroger sur la capacité qu'à l'homme par le langage de ne rien signifier ou plusexactement prendre en considération la possibilité que l'homme parle pour ne rien dire ? Et c'est bien ce que Leibniz met en exergue dans ses Nouveaux essais sur l'entendement humain (II, 29 et 30).

En effet, nous pouvons commettre des abus de langage et c'est cequi nous conduire à parler pour ne rien dire : « cet abus de mots consiste ouà n'y point attacher des idées du tout, ou à en attacher une imparfaite dontune partie est vide et demeure pour ainsi dire en blanc ; et en ces deux cas ily a quelque chose de vide et de sourd dans la pensée, qui n'est rempli que par le nom ».

De même, les idées complexes ou les mots auxquels on attachedifférentes significations contradictoires peuvent bien être la source de cetterupture entre le langage et sa signification en tant qu'ils ne rendent intelligibleà l'auditeur la pensée ainsi manifestée.

Ces idées sont alors chimériques :« celles-là sont chimériques qui sont composées de telles collections d'idéessimples qui n'ont jamais été réellement unies et qu'on a jamais trouvéesensemble dans aucune substance ».

Cependant, cet abus de langage peutêtre aussi volontaire comme il le note en III, 10 notamment à propos de dessophistes qui « prétendant parler de tout, couvraient leur ignorance sous levoile de l'obscurité des paroles ».

Or ces abus c'est bien ce contre quoiHobbes nous mettez en garde dans le Léviathan : « A ces usages, correspondent quatre abus.

Premièrement, quand les hommes enregistrentincorrectement leurs pensées, par des mots dont le sens est variable, motspar lesquels ils enregistrent comme leurs des idées qu'ils n'ont jamaiscomprises, et ils se trompent.

Deuxièmement, quand ils utilisent les motsmétaphoriquement, c'est-à-dire dans un sens autre que celui auquel ils étaient destinés, et, par là, induisent les autres en erreur.

Troisièmement, quand, par des mots, ils déclarent unevolonté qui n'est pas la leur.

Quatrièmement, quand ils utilisent des mots pour se blesser les uns les autres.

Etantdonné que la nature a armé les créatures vivantes, certaines avec des dents, d'autres avec des cornes, et d'autres[encore] avec des mains, ce n'est qu'un abus de parole de blesser quelqu'un avec la langue, à moins que ce ne soitquelqu'un que nous sommes obligés de gouverner, et alors, ce n'est pas le blesser, mais le corriger et l'amender.

[…]De sorte que c'est dans la définition correcte des dénominations que repose le premier usage de la parole, qui estl'acquisition de la science, et c'est sur les définitions inexactes, ou sur l'absence de définitions que repose lepremier abus, dont procèdent toutes les opinions fausses et insensées qui font que ces hommes qui reçoivent leurinstruction de l'autorité des livres, et non de leur propre méditation, se trouvent autant au-dessous de la conditionsdes hommes ignorants, que les hommes qui possèdent la vraie science se trouvent au-dessus.

»c) Mais plus radicalement c'est peut-être le langage lui-même qui n'est pas apte à rendre compte de l'idée c'est-à-dire à véritablement signifier.

en effet, Bergson en nous disant que le langage est soumis à des impératifs de socialisation voit dans ce dernier l'instrument de l'intelligence.

Or l'intelligence ne veille qu'à faire du langage uninstrument social et non un instrument permettant le développement de la pensée dans sa pureté que seule connaîtl'intuition.

Le langage, soumis au besoin pratique de l'Intelligence ne peut traduire qu'imparfaitement la vraie vie del'âme.

Le langage, adapté à la pratique ne peut exprimer la vie intérieure, pensée pure, réalité concrète et fluide.

Ilexiste donc un au-delà du langage, un ineffable objet d'intuition.

Et c'est bien ce que l'on peut voir dans la Pensée et le Mouvant .

Le langage n'est qu'un outil, qu'une traduction.

Et c'est pour que le langage n'a rien à voir avec le domaine de la connaissance pure, science ou philosophie.

Il n'est que d'un usage pratique, il n'est pas apte à rendrecorrectement les spécificités de la vie psychique.

En d'autres termes c'est dire qu'il y a irrémédiablement un sautentre la pensée et le langage dans lequel il s'incarne.

Il y a nécessairement une perte.

Et cette bien peuteffectivement se caractériser par une perte de signification.

Il n'y a dès lors pas forcément ni nécessairement delien entre langage et signification.

Transition : Ainsi langage et signification ne sont-ils pas toujours liés et c'est bien ce que les abus de langage nous montre ou lapossibilité de parler pour ne rien dire.

On pourrait même parler d'une incapacité radicale du langage à être pleinementsignifiant.

N'est-ce pas alors une aporie du langage ? III – Puissance du langage et signification a) Dire qu'il y a une séparation entre le langage et la signification n'est-ce pas réduire en effet le langage à néant ?Or comme le précise Hegel dans sa Phénoménologie de l'esprit §463 si le langage ne signifie pas c'est dire qu'il y a de l'ineffable or qu'est-ce que l'ineffable ? L'ineffable c'est l'indétermination, le flou, l'imprécis, l'obscur : « Ce qu'onnomme l'ineffable n'est autre chose que le non-vrai, l'irrationnel, ce que simplement on s'imagine.

» Il n'y a alors quedu mal conçu, que des sources d'erreur et non pas à cause du langage lui-même mais bien en raison de l'usage quel'on peut en faire.

Il n'y a pas de rupture alors entre le langage et la signification ni d'ineffable.

En effet, le langageest toujours signifiant.

Cela s'explique par le fait qu'il est toujours symbolique ou signe vers autre chose que lui :« Le symbole est d'abord un signe.

Mais, dans le signe proprement dit, le rapport qui unit le signe à la chose signifiée. »

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