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Une langue humaine sert-elle, essentiellement et uniquement, à communiquer ?

Publié le 17/03/2004

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Le vocatif, dans les langues à déclinaisons comme le latin, est le cas employé pour s'adresser directement à quelqu'un, ou à quelque chose. En français, il est indiqué parfois par le «ô« : «ô jeunes gens ! quelle leçon ! Marchons avec candeur dans le sentier de la vertu ! « (Beaumarchais, La Mère coupable, V, 7). La fonction référentielle prédomine lorsque la situation ou la réalité désignée par le message est l'élément essentiel de l'acte de communication. Ainsi, lorsque je dis : « le train est en retard «, je me contente de transmettre une information sur une situation. C'est cette information qui est au coeur de mon message. Le reste passe au second plan. La fonction phatique consiste à mettre l'accent sur le canal de la communication, sur l'établissement matériel du contact de la communication.

Communiquer, c'est d'un côté échanger des informations mais c'est aussi partager.

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« immédiate au monde actuel définie par les signaux sensoriels et se retirer du monde, le mettre à distance pour lepenser.• Ainsi, pour reprendre la formule de Benveniste : «la forme linguistique est non seulement la condition detransmissibilité, mais d'abord la condition de réalisation de la pensée» (Problèmes de linguistique générale, I, p.

64).«C'est dans les mots, écrit Hegel, que nous pensons.

Nous n'avons conscience de nos pensées déterminées etréelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notre intériorité, et par suitenous les marquons d'une forme externe, mais d'une forme qui contient aussi le caractère de l'activité interne la plushaute.

C'est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l'externe et l'interne sont si intimementunis.

Par conséquent, vouloir penser sans les mots, c'est une tentative insensée.

Et il est également absurde deconsidérer comme un désavantage et comme un défaut de la pensée cette nécessité qui lie celle-ci au mot.

Oncroit ordinairement, il est vrai, que ce qu'il y a de plus haut, c'est l'ineffable.

Mais c'est là une opinion superficielle etsans fondement; car, en réalité, l'ineffable, c'est la pensée obscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui nedevient claire que lorsqu'elle trouve le mot.

Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plusvraie.» (Philosophie de l'esprit) Le langage structure et organise le monde• La médiation du langageMais si penser, c'est «manier les signes de la langue », celle-ci est «une structure informée designification»(Benveniste, id., p.

74).

C'est pourquoi en tant que condition de la pensée, le langage jouera donc unrôle fondamental dans la constitution même de ce réel que la pensée prend pour objet.

Comme le fait observerCassirer, «le langage n'entre pas dans un monde de perceptions objectives achevées, pour adjoindre seulement àdes objets individuels donnés et clairement délimités les uns par rapport aux autres des noms qui seraient des signespurement extérieurs et arbitraires, mais il est lui-même un médiateur dans la formation des objets» (Essais sur lelangage).

La dénomination apparaît comme un facteur de discrimination perceptive et «l'unité du nom sert decristallisation pour la multiplicité des représentations» (id.).C'est pourquoi R.

Ruyer peut écrire que «par un paradoxe purement apparent, le monde de la consciencesymbolisante devient plus objectif que le monde que le monde de la pure perception.

«Les premiers mots dontl'enfant fait un usage conscient peuvent être comparés au bâton à l'aide duquel un aveugle tâte son chemin»(Cassirer).

L'instrument interne fait exister d'une manière vraiment objective l'objet qu'il touche.

Toute l'expérience,qui n'était qu'un tissu de signaux expressifs, est transformée progressivement en un monde réel d'objets-concepts»(L'animal, l'homme, la fonction symbolique, p.

100). • Le monde que l'homme perçoit est donc dans une certaine mesure celui de la langue qu'il parle, et l'on peut dire enun sens que l'on habite sa propre langue.

On conçoit donc que dans ces conditions des hommes parlant des languesdifférentes évoluent dans des univers dissemblables, puisque «à chaque langue correspond une organisationparticulière des données de l'expérience»(A.

Martinet).

Ainsi le nombre des couleurs varie d'une langueune autre ; les Esquimaux ont une dizaine de mots pour dénommer et distinguer la neige, alors que nous n'enpossédons qu'un ; les indiens navaho divisent les corps inanimés en «objets ronds» et «objets longs», ce qui necorrespond pas à nos catégories ; les Hopis possèdent comme catégories temporelles «l'objectif» et le «subjectif»au lieu de nos passé, présent, futur; etc.De façon générale, on peut dire avec B.L.

Whorf que «la formulation des idées n'est pas un processus indépendant,strictement rationnel dans l'ancienne acception du terme, mais elle est liée à une structure grammaticale déterminéeet diffère de façon très variable d'une grammaire à l'autre.

Nous découpons la nature suivant les voies tracées parnotre langue maternelle.

Les catégories et les types que nous isolons du monde des phénomènes ne s'y trouventpas tels quels, s'offrant d'emblée à la perception de l'observateur.

Au contraire, le monde se présente à nous commeun flux kaléidoscopique d'impressions que notre esprit doit d'abord organiser, et cela en grande partie grâce ausystème linguistique que nous avons assimilé.

Nous procédons à une sorte de découpage méthodique de la nature,nous l'organisons en concepts, et nous lui attribuons telles significations en vertu d'une convention qui déterminenotre vision du monde - convention reconnue parla communauté linguistique à laquelle nous appartenons et codifiéedans les modèles de notre langue.

[...] Ce fait est d'une importance considérable pour la science moderne, car ilsignifie qu'aucun individu n'est libre de décrire la nature avec une impartialité absolue, mais qu'il est contraint detenir compte de certains modes d'interprétation même quand il élabore les concepts les plus originaux.» (Linguistiqueet anthropologie,1956, Denoël, p.125-126).. »

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