Devoir de Philosophie

Lautréamont: le génie doit-il servir le mal, à des fins de jouissance et de salut ?

Publié le 05/02/2011

Extrait du document

L’homme a toujours été fasciné par le mal. Il aime voir des films ou lire des livres où le mal est présent, où la cruauté de certains de ses pairs est mise en lumière. Il ne cède pas que rarement à la violence ou au crime et c’est dans ses expériences cinématographiques et littéraires qu’il nourrit son besoin du mal. Et c’est pourquoi Lautréamont écrit ses Chants de Maldoror, ouvrage qui peut choquer de part sa cruauté, par sa franchise et par les idées du narrateur. L’auteur écrit notamment « [qu’]il y en a qui écrivent pour rechercher les applaudissements humains, au moyen de nobles qualités du cœur que l’imagination invente ou qu’ils peuvent avoir. Moi, je fais servir mon génie à peindre les délices de la cruauté ! 

« telles que Faites entrer l'accusé qui concilie l'exhibitionnisme des victimes, des tueurs et des crimes, qui rencontreun réel succès.

On peut parfois rencontrer des dizaines de badauds autour d'une scène de crime qui sont là pour« voir ».

L'homme nourrit son besoin de faire du mal en regardant le mal que font ses pairs.

On retrouve aussi cetteidée de la fascination par le mal chez Giono : les habitants de Châtillon passent tous voir les conditions danslesquelles vit Thérèse alors qu'elle s'apprête à accoucher.

Les gens veulent voir sa souffrance.

Enfin, l'Histoire nousrappelle le plaisir que prend l'homme à la cruauté.

Faire souffrir ou, à défaut, voir souffrir est une véritable fête.Pendant une longue période de l'humanité toutes les noces princières et les fêtes populaires étaient accompagnéesde quelques grandes exécutions, notamment les grands jeux du Colisée à Rome.

Tortures et supplices étaient uningrédient des festivités.

D'ailleurs toute maison quelque peu noble entretenait en son sein des individus sur lesquelsles maîtres pouvaient passer leur cruauté.

Enfin, le génie sert très souvent le mal dans le sens où il l'esthétise.

Chacune des trois œuvres auprogramme esthétise le mal ; en particulier Macbeth.

On y trouve un bestiaire très présent et inquiétant.

Lesanimaux y grouillent.

La nuit du meurtre est déchirée par le croassement de mauvais augure du « corbeau enroué »,du hurlement du loup, du hululement de la chouette.

Les sorcières sont entourées d'une faune démoniaque : elleségorgent des porcs, mettent des organes de crapauds, serpents, salamandres et babouin dans leur préparation.

Cesimages d'animaux que l'on retrouvent tout au long de la pièce donnent un visage concret, matériel et sensible à labrutalité qui traverse Macbeth ; sans elles il serait plus difficile pour le lecteur de s'en rendre compte.

En outre, lethéâtre, notamment la tragédie avait pour but de susciter l'horreur et la compassion chez le spectateur.

C'est leprocessus de catharsis, qui signifie épuration, purification.

En voyant le mal sur scène, le spectateur doit purger sesmauvaises passions.

Comme le rêve, la catharsis peut est une sorte d'accomplissement indirect des désirs ou unexorcisme des craintes.

On traite alors le mal par le mal, grâce au génie littéraire et théâtral.

Le génie peut donc tout à fait s'allier avec le mal car il est naturel et fascine l'homme ; il sert alors l'esthétisation dela cruauté, de la souffrance et de la violence.

Mais d'autre part, le vrai génie ne devrait pas s'allier avec afin de lecombattre.Il convient d'abord de voir que l'homme est en lutte face au mal.

L'homme doit se défendre face au monde, et ce,par tous les moyens possibles.

Dans Les Âmes fortes l'existence de maris jaloux et violents, comme MonsieurCharmasson, de spéculateurs sans scrupules, comme « le gros blond », ou même de rivaux à la succession,qu'évoquent les histoires d'héritage du début du roman, oblige, pour protéger son intérêt propre, à faire valoir sonpoint de vue sur celui des autres, sans considération de bien et de mal.

Le mal est donc difficile à éviter.

De lamême façon, chacun doit, au début de Macbeth, se protéger des trahisons qui le menacent.

Les exploits guerriersde Macbeth ne sont pas des conquêtes, mais la répression de révoltes contre l'autorité royale.

L'omniprésence durapport de force qui existe dans la pièce de Shakespeare conduit à la remise en cause de l'homme face au mal.

Doit-il y succomber afin de trouver le bien ? On voit d'ailleurs avec un homme comme Gandhi, que ce n'est pas toujoursnécessaire.

Ce dernier a toujours mené des protestations pacifiques, fondé sur l'ahimsa, la totale non-violence.

Il amis tout son génie au service du bien, pour obtenir l'indépendance de l'Inde, sans jamais cédé à la force, alors mêmequ'il y été confronté.

Enfin, toutes les religions offrent le pardon à leur fidèle ; une manière de montrer que l'hommedoit être aidé, guidé, afin de ne pas succomber au mal et de servir le bien.

D'autre part, le génie doit avant tout servir à prendre conscience du mal.

En effet, Confucius a dit : « Laconscience est la lumière de l'intelligence pour distinguer le bien du mal.

» Il n'y a donc une seule manière dereconnaitre le mal, c'est la conscience, l'intelligence.

On retrouve d'ailleurs cette idée chez Platon qui pensait que« nul n'est méchant volontairement », car on ne peut pas vouloir son propre mal.

Pour le philosophe, tous leshommes cherchent le bien, mais ce qui peut faire qu'ils trouvent le mal est que la notion de bien et de mal dépenddu degré de connaissance.

Ainsi, c'est l'intelligence, qui permet d'apprendre, qui peut permettre la reconnaissancedu mal.

Enfin, le génie peut s'exprimer par l'intérêt à l'Histoire qui peut permettre de ne pas réitérer le mal quel'humanité a pu faire avant nous.

Qui peut, avec intelligence, renouveler les atrocités perpétrés contre les juifs parles nazis durant la seconde guerre mondiale ? Pour finir, le génie ne doit pas servir le mal car le mal engendre le mal.

Macbeth dit que le « sang veut dusang ».

En effet, la logique du meurtre, véritable machine infernale du mal, est très présente: après avoir assassinéle roi légitime et bon, pour forcer le destin et assouvir sa volonté de puissance, l'usurpateur feint de faire deBanquo, l'invité d'honneur d'un banquet, pour mieux le faire assassiner .

Mais Fléance, le fils de Banquo, échappant àla mort, l'inquiétude de Macbeth renaît.

Quand Macduff, qui avait découvert le corps de Duncan assassiné, sedérobe à son tour aux invitations du tyran et fuit en Angleterre pour aider Malcolm à purger l'Ecosse du tyransanguinaire, Macbeth se venge en faisant assassiner la femme, les enfants et tous les domestiques de ce dernier.Irrationnel, ce massacre des innocents témoigne du cercle vicieux du mal.

Il serait donc malvenu d'encourager le malen le sublimant d'une part, et en mettant son génie à son service d'autre part.

Ainsi, le génie ne devrait pas être mis au service du mal puisque l'homme est tiraillé entre le bien et le mal, et quel'intelligence doit servir à la reconnaissance du mal et son combat et car le mal pousse au mal.

Néanmoins le mal estinévitable.En effet, le mal est d'abord omniprésent.

Outre la succession des crimes, les personnages de Macbeth sont toutessortes d'incarnation du mal : le couple Macbeth qui représente un degré de monstruosité et d'horreur quen'atteignent pas les autres acteurs ; Banquo, concerné par les prédictions des sorcières, qui avoue dès l'acte IIavoir de mauvaises pensées ; Macduff qui fuit en Angleterre pour organiser la résistance mais qui condamne safamille en la laissant seule ; et Malcolm qui peut être ment à l'acte IV ce qui laisse planer le doute sur son intégritéet sur la prospérité du règne à venir.

En outre Giono nous montre dans son roman que le mal est apparemment leseul principe dominant dès le début où les deux femmes dressent des portraits humains bien pessimistes.

Plus tarddans le roman, la bonté deviendra bêtise et sujet à moquerie.

Enfin il suffit de lire la presse pour se rendre compteque le mal nous entoure.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles