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Lecture Analytique Les deux Coqs La fontaine

Publié le 09/03/2011

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Lecture Analytique : Les deux Coqs

 

                La fable « Les deux Coqs » est une fable de Jean de La Fontaine (1621-1695) est un grand fabuliste français, qui s’est beaucoup inspiré d’Esope et de Phèdre, a écrit de nombreuses fables mettant en scène des animaux. Celle ci est extraite du livre VII des Fables de La Fontaine, recueil publié entre 1668 et 1693. Elle met en scène deux coqs qui se livrent un combat pour une poule. Le vainqueur crie sa victoire sur tous les toits et se fait attraper par un vautour. Le vaincu revient finalement près de la poule et gagne l’admiration de toutes les autres. Le combat qui oppose les deux coqs est cependant l’objet d’une narration parodique et burlesque dont le fabuliste nous invite à tirer une leçon sur l’humilité des hommes. Nous allons donc étudier deux parties qui sont :       I- Un récit burlesque      II- La portée de la fable

 

I-                    Un récit burlesque 1) Une transposition parodique

Dès les premiers vers du texte, La Fontaine fait référence à L'Iliade d'Homère en comparant le conflit des deux Coqs à la guerre de Troie : « Deux Coqs vivaient en paix ; une Poule survint, 
Et voilà la guerre allumée. 
Amour, tu perdis Troie ; et c’est de toi que vint 
Cette querelle envenimée, 
Où du sang des Dieux même on vit le Xanthe teint » (v.1 à v.5) ; les volatiles de la fable se livrent, en effet, un combat sans merci pour une Poule, comme jadis le roi grec Ménélas et le Troyen Pâris s'affrontèrent pour la belle Hélène ! Cette transposition d'un épisode de la mythologie grecque est évidemment parodique. La fable de La Fontaine ne s'apparente à l'épopée, genre poétique destiné à célébrer les exploits des héros et des dieux, que pour railler les vaines prétentions des gallinacés qu'elle met en scène. Le burlesque consiste ainsi à transformer l'épopée antique en une vulgaire querelle de poulailler.

2) Un style héroï-comique

La Fontaine recourt ironiquement au style élevé de la poésie épique pour ridiculiser les personnages qu'il met en scène. Le champ lexical de la lutte (« guerre » v. 2 ; « querelle envenimée » v. 4 ; « combats » v. 6 ; « victoires » v. 20), les allusions à la mythologie (v. 1 à 10) ou l'apostrophe au dieu Amour (« amour, tu perdis Troie », v. 3) confèrent au combat de deux Coqs une grandeur insolite et cocasse. Le fabuliste pousse l'ironie jusqu'au pastiche, (imitation de la manière d'écrire d'un auteur). En qualifiant la Poule de la fable d'Hélène au beau plumage (v. 9) le poète recourt, en effet, à l'épithète homérique, expression désignant un être par sa principale qualité (ex : « Ulysse le divin », « Achille aux pieds légers »). Ce faisant, il tourne en dérision le style héroïque de l'épopée et donne à son récit une tonalité burlesque.

 

3) Une esthétique de la gaieté

En mêlant, comme il le fait, un sujet des plus communs au registre élevé de la mythologie, La Fontaine pratique ce que l'on pourrait nommer une esthétique de la gaieté. Nulle gravité dans l'évocation du combat fratricide des deux Coqs ou dans l'intervention fatidique du Vautour (v. 23), mais une légèreté, une espièglerie, un goût certain de l'incongruité et de la moquerie joyeuse. Ce sont elles qui expliquent la vivacité avec laquelle l'histoire des deux Coqs est narrée ou le jeu de mots qui accompagne, au vers 26, l'évocation du second triomphateur venu « faire le coquet […] autour de la Poule ». Ce terme, issu du substantif « coq », déprécie la virilité du séducteur en suggérant par le jeu du diminutif \"et\", qu'il n'est qu'un petit coq. Selon La Fontaine, la gaieté n'est pas simplement « ce qui excite le rire ». Elle est davantage, on le voit, « l'air agréable » que l'on donne à un sujet sérieux lorsque l'on souhaite inviter le lecteur à la réflexion.

 

II-                 La portée de la fable

 

1) La dureté des rapports de domination

L'histoire narrée dans cette fable démontre que la discorde règne sur le monde. L'état de paix évoqué dans le premier hémistiche du vers 1(« Deux Coqs vivaient en paix ») est aussi fragile qu'éphémère, puisque la seule apparition d'une Poule suffit à allumer la guerre (v. 2). La soudaineté avec laquelle la bonne entente des deux Coqs est rompue, souligne combien la vie en société, que symbolise l'univers clos de la basse- cour, est sujette aux conflits et aux rapports de force. L'évocation d'une simple querelle de volatiles est, pour La Fontaine, l'occasion de dénoncer la « jalouse rage » (v.18) des hommes et leur humilité. De toutes les passions qui gouvernent le monde, la convoitise est celle qui génère le plus de troubles.

2) Le libre jeu de la Fortune

La moralité de la fable (v. 29 à 32) laisse entendre que les puissants de ce monde, représentés par le Coq victorieux, ne sont à l'abri d'aucun renversement de situation. La « Fortune », puissance qui préside à la destinée des hommes sans logique apparente, peut briser à tout moment les situations les mieux établies. Les multiples péripéties que comporte cette fable en témoignent : la soudaineté de ces revirements est d'emblée suggérée par la présence d'un verbe au passé simple (« une Poule survint » v. 1) et l'emploi du présentatif « Et voilà » (v. 2). Le coup de théâtre sur lequel se clôt le récit (« le Coq victorieux périt sous l'ongle du Vautour » v. 23) bouleverse la hiérarchie établie par le combat des Coqs en faisant, contre toute attente, du vaincu un second vainqueur. Cet ultime retournement de situation, né des caprices de la Fortune, peut être perçu comme une sorte d'ironie du sort. Cette dernière participe de l'esthétique de la gaieté à l'oeuvre dans les Fables.

3) L’inconstance généralisée

On ne peut lire ce texte sans avoir le sentiment que le sort (« Défions-nous du sort, et prenons garde à nous » v. 31) frappe d'une manière totalement aléatoire. En ce monde, semble dire La Fontaine, rien n'est jamais définitivement acquis, rien n'est immuable ; le gain fût-ce celui d'une bataille est toujours provisoire. « La Fortune » est inconstante, et c'est cette inconstance qui domine le monde. Les brusques changements d'attitudes qu'opèrent les personnages de la fable en témoignent : le petit Coq, vaincu et larmoyant (« Pleura sa gloire et ses amours » v. 12), s'enorgueillit lorsque son rival périt (« Tout cet orgueil périt sous l'ongle du Vautour » v. 23) passant ainsi sans transition, de la honte à la gloire. Plus d'une « Hélène au beau plumage » se montre, de même, volage en amour. Après s'être offerte au vainqueur du combat (« Fut le prix du vainqueur ; le vaincu disparut » v. 10), la Poule se tourne vers le vaincu venu « faire le coquet » : sa frivolité n'est qu'un reflet de l'inconstance universelle.

                Cette fable de façon burlesque, ironique et parodique dénonce donc les défauts des hommes de la société de l’époque de La Fontaine comme il le fait dans de nombreuses autres fables. Mais on peut aussi faire un lien entre les coqs (la basse-cour) avec la cour de la noblesse. Cette fable est originale malgré que La Fontaine se soit inspiré de d’autres auteurs pour l’écrire.

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