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Lecture analytique : Le Mariage de Figaro (Acte V, scène 3)

Publié le 29/09/2010

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Introduction : Le texte suivant est extrait de l'Acte V, scène 3, du Mariage de Figaro, publié par Beaumarchais en 1784. Ce long monologue permet d'octroyer au spectateur une pause dans cette  folle journée, et précède la scène finale. On peut à partir de celui-ci, dégager la problématique suivante : Comment Beaumarchais parvient-il à faire de Figaro, un porte parole efficace contre la société de l'Ancien Régime ? La réponse à cette problématique s'articulera en deux axes. Tout d'abord, le bilan pessimiste de Figaro face à sa situation, puis la critique virulente de la société par le personnage. 

 

I) Un bilan pessimiste

Ce monologue, construit en composition circulaire, débute par le constat amer que réalise Figaro face à sa propre situation, son amour qu'il pense trahit. Persuadé d'avoir été trompé par Suzanne, il laisse libre court à son chagrin, nous dévoilant une nouvelle facette de sa personnalité, inconnu jusqu'à alors. Dépassé par l'intrigue de la pièce, il a perdu son ton enjoué habituel pour laisser place au « ton le plus sombre «, ligne 1. Employant des mots qui appartiennent au registre lyrique, Figaro se dit désabusé d'avoir été trompé par le comte, qu'il qualifie de « perfide «, ligne 5, se considérant lui-même comme un « benêt «. Tentant de faire un bilan de sa situation, il résume en quelques lignes seulement les VI premiers actes de la pièce, employant la troisième personne du singulier pour désigner le Comte et Suzanne, comme si lui-même ne faisait pas parti de l'histoire. La ponctuation (beaucoup de points d'exclamations), montre le trouble dans lequel se trouve le personnage. C'est à la fin du texte, grâce à la composition circulaire du monologue (à partir de la ligne 71),  que Figaro revient à ses amours « Oh Suzon ! Suzon ! «, pour finalement dresser de lui même, une description tout à fait lucide. Il apparaît comme désinvolte, sans scrupule, amoureux de la vie (ligne 80). => ligne 83 Graduation ternaire avant la fin du monologue => La folle journée reprend.

 

II) Une critique virulente de la société

Ligne 15, les didascalies montrent le passage à la deuxième partie du monologue, dans laquelle Figaro revient sur son passé, dressant un portait de lui-même tout à fait typique des personnages de roman picaresque. À chaque échec de la vie du personnage va correspondre une critique de la société de l'Ancien Régime, à travers laquelle transparaît les revendications du Tiers-Etat. Il s'attaque tout d'abord aux études, ligne 18, « J'apprends la chimie, la pharmacie, la chirurgie «, pour finalement devenir simple vétérinaire. Il souligne l'incohérence entre la multiplicité des études, qui ne permettent d'accéder qu'a un poste médiocre n'ayant pas grand rapport avec sa qualification. Puis, on voit qu'il devient dramaturge, sans grand succès pourtant, puisqu'il est aussitôt censuré. On voit ici se dessiner très explicitement, une critique de la censure, qui sévit très souvent à l'époque. Ligne 23, énumération comique de ce qui lui est reproché par  la critique (On y voit ici le « successeur de Rabelais «). Ligne, 29 à 53, dénonciation de la pauvreté, caricature de l'huissier ligne 31 qui est réduit à sa perruque et à sa plume. Enfin , il est emprisonné => critique de l'emprisonnement arbitraire et isolé. Toutes ces étapes de la vie du personnage peuvent être rapproché à la vie de Beaumarchais, qui a lui même subit nombre de ses situations.

 

Conclusion : Beaumarchais met au service de son grand réquisitoire, des procédés stylistiques très variés, qui donne à ce texte une résonance encore plus vraie. Il fait de Figaro, un porte parole convaincant qui met en scène une satire à la fois politique, morale et social.

 

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